En cette période pandémique marquée par la remontée du nombre de contaminations au coronavirus en Algérie, «LSA Direct» a choisi de se pencher sur l'un des secteurs stratégiques les plus touchés par la pandémie de Covid-19. Les préoccupations sociale et économique ont été soulevées par l'animateur Hakim Laâlam, dans un franc-parler, invitant le ministre des Transports Lazhar Hani à faire la lumière sur les moyens de transport suspendus, sur la qualité des services, ainsi que sur le dossier d'Air Algérie. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Prenant la défense des usagers et des transporteurs, Hakim Laâlam a d'emblée invité le ministre à se prononcer sur les problèmes que vivent le transport terrestre interurbain et le Métro d'Alger suite à la décision d'une suspension qui remonte au mois de mars 2020. « Qu'en est-il des préoccupations des associations des transporteurs et de la reprise du transport entre les wilayas par taxi, par autobus et par le train ? » Le ministre se montre catégorique à ce sujet, déclarant que la poursuite de la suspension « se poursuivra tant que le virus est toujours là ». « Ce sont des transports qui exigent le strict respect des mesures barrières, qu'il est impossible de contrôler », rappelant également le facteur de la longueur des trajets de ces moyens de transport en commun de voyageurs, poursuit le ministre des Transports. Des moyens qu'il considère comme « lieu d'installation de la pandémie par excellence ». Hakim Laâlam, enchaînant dans le même sillage, relève qu'un relâchement est observé dans les mesures sanitaires, notamment au niveau des autobus de la capitale. « Les mesures ne vont plus dans le bon sens dans la mesure où l'on observe des bus bondés où les mesures barrières ne sont plus observées », fait-il remarquer au ministre. C'est ce qu'approuve son invité et qu'il considère d'ailleurs une « évidence ». Toutefois, il insiste sur la responsabilité des citoyens à ce sujet. « De par les bousculades et leur indiscipline, les citoyens n'adhèrent pas au processus du protocole sanitaire », relève-t-il. Mais Hakim Laâlam ne l'entend pas de cette oreille répliquant que « le passager ne demande qu'à être transporté dans les meilleures conditions et de ce fait, la solution réside dans l'élévation du rythme des rotations », à titre d'exemple. Et c'est dans le même cadre qu'il soulève le problème de la qualité du transport de voyageurs par la vétusté des autocars et de la nécessité de renouveler le parc roulant. Le ministre des Transports reconnaît que la pandémie a « pris de vitesse » pas mal de secteurs dont le transport. « Nous n'avions pas été préparés à la situation pandémique », admet-il. Hakim Laâlam expose les problèmes de l'absence de production et de l'importation des véhicules. « Il y a effectivement vieillissement du parc roulant », enchaîne Lazhar Hani, ajoutant que son département est en attente de nouvelles lois sur l'importation de véhicules. « Il ne s'agit pas de véhicules de moins de 3 ans mais de véhicules neufs », tient-il à préciser. Une question du journaliste du Soir d'Algérie conduit le ministre à répondre au problème récurrent des accidents et des drames routiers. Sans nier le facteur humain lié au comportement des conducteurs et à l'état des routes, l'invité de «LSA Direct» pointe du doigt néanmoins la passivité des voyageurs face aux dépassements des conducteurs. Mais, « les services de sécurité doivent participer à la limitation de ces drames en immobilisant les véhicules non conformes aux normes de la circulation », relève-t-il. À cet effet, il fait savoir que son département élabore des instructions « fermes » en direction des services de sécurité pour la sanction de ces véhicules. Ce que considère Hakim Laâlam de « gros dossier » d'Air Algérie, le ministre des Transports réfute de le qualifier ainsi. « En tant que pavillon national, la compagnie est nettement suivie par l'opinion publique, mais en fin de compte, elle connaît les mêmes problèmes que toute autre compagnie de transport aérien dans le monde », réplique le ministre dans une formule qui s'apparente à une prise de position en faveur d'Air Algérie longtemps décriée par les usagers. « Elle est aussi impactée que les autres compagnies, mais, contrairement aux autres, Air Algérie a fait preuve de largesses au profit de ses passagers en offrant la gratuité des billets au profit des rapatriés algériens », ce qui mérite d'être noté à son profit, fait-il remarquer. En matière de gestion économique, à laquelle Hakim Laâlam tient, Lazhar Hani renvoie le dossier à la responsabilité de l'Etat. « Des charges estimées à 70 milliards pour le rapatriement de 32 000 personnes ont été enregistrées », note le ministre des Transports. « Ne soyons pas ingrats vis-à-vis de cette compagnie », ajoute-t-il, une expression qui traduit bien la volonté du ministre de défendre l'image de la compagnie nationale. Toutefois, il admet qu'Air Algérie connaît « des problèmes de gestion et d'organisation », un dossier qu'il s'engage à prendre en charge. Mais du côté de Hakim Laâlam, la pression est maintenue notamment sur les services offerts par la compagnie nationale de transport aérien, en se projetant sur l'après-Covid. « Comment faire pour que les voyages de la compagnie nationale ne soient plus un cauchemar pour les voyageurs ? » assène-t-il. « Il y a 73% de taux de respect des horaires, ce qui équivaut à 1 seul point inférieur à la norme mondiale », réplique le ministre. Mais il déclare que la seule tare constatée réside dans la culture d'entreprise qui fait défaut à l'entreprise, ce qu'il considère comme un chantier à régler au plus vite par son département. « Nous constatons un manque de solidarité des employés de l'entreprise », dit-il explicitement. Avant de poursuivre que le dossier du « porte-flambeau » de l'économie nationale est passé dernièrement en Conseil des ministres et est appelé à être réglé par l'Etat. Créer en interne une compagnie domestique « dont les prix seront à la portée des citoyens » est l'un des moyens de régler les causes des retards dont souffre Air Algérie. Enfin, en réponse à une question relative au désengorgement des grandes villes par le biais des navettes maritimes de transport de voyageurs, le ministre saisit l'occasion pour lancer un appel en direction de l'investisseur privé afin d'investir dans le secteur et d'alléger les charges du service public qui pèsent sur l'Etat. « Toutes les portes sont ouvertes dans ce domaine », conclut Lazhar Hani. A. B.