Le nombre toujours croissant des cas de décès dus au Covid-19 a ouvert la brèche à un nouveau business florissant en temps de crise sanitaire. L'alerte lancée instantanément après la saturation des hôpitaux a engendré une forte hausse de la demande en ligne sur cet élément chimique devenu si précieux : « l'oxygène ». En forme de concentrateur ou de bouteille, l'oxygène destiné aux personnes présentant des difficultés respiratoires constitue aujourd'hui le fonds d'un commerce en plein essor. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Sur les réseaux sociaux ou sur les plates-formes de vente en ligne, les appareils d'oxygénothérapie se vendent et se louent comme n'importe quel autre produit, à des prix dépassant parfois l'entendement. Le nombre d'hospitalisations qui ne cesse d'accroître a fait naître chez la population un sentiment de peur. Faute de place dans les hôpitaux, tous les moyens sont bons pour acquérir une bouteille d'oxygène pour sauver la vie d'un proche ou d'un ami, quitte à y mettre le prix. La ruée des citoyens sur l'oxygène se traduit actuellement par le foisonnement des annonces proposant des bouteilles d'oxygène à la vente ou à la location, sur les réseaux sociaux notamment. Pourtant, à moins de faire partie des biens nantis, les prix affichés sont loin d'être à la portée de tous. Par exemple pour se procurer une bouteille de 3 litres qui correspond à 8 heures d'inhalation, il faudra payer en contrepartie la somme de 105 000 dinars. L'appareil de condensateur d'oxygène est encore plus inaccessible. Il est cédé sur Marketplace à 25 000 DA. De nombreux vendeurs d'équipement médical confirment que ces appareils font l'objet d'une importante demande, depuis des semaines. « Leurs prix varient d'une marque à une autre », révèle l'un d'eux. Celui-ci explique les raisons de la hausse des prix de ces appareils par les coûts de transport. « Les importateurs déboursent au moins 3 millions de DA car ces appareils sont acheminés par avion sans compter d'autres frais .» Par ailleurs, sur leur commercialisation en ligne, ce vendeur soutient qu'à en juger par les prix exorbitants affichés sur les annonces, « il est évident que la spéculation constitue le socle de ce business fructueux ». D'autant plus que beaucoup de citoyens achètent de l'oxygène à titre préventif. Ce dernier estime qu'il y aura toujours des individus pour tirer profit de pareille situation. Chose qui peut s'avérer dangereuse, dit-il, quand il s'agit de personnes qui n'ont aucun lien avec le milieu médical. « Comment savoir que ces machines qu'on loue sont stérilisées dans les normes ? », s'interroge-t-il. Le même vendeur conviendra d'un, autre côté, que face au manque de place dans les hôpitaux et à la montée du nombre de décès causés par le Covid, il est tout à fait normal que les citoyens se rabattent sur l'achat ou la location de ce type d'appareils, peu importe le prix. Un autre vendeur installé à Belouizdad dénonce les prix de certains de ces appareils qu'il juge « outrageants ». « Notre marge de bénéfice est beaucoup moins importante pour nous qui n'importons que pour ces revendeurs », témoigne-t-il. Il reconnaît que cette situation émane de la forte explosion de la demande sur ce type de matériel. Il fera d'ailleurs état de la difficulté de certains vendeurs à se procurer ces appareils, du fait d'une rude concurrence. Il pointera également du doigt les spéculateurs qui stockent ces appareils afin de renchérir les prix. Du côté de l'opinion publique, d'aucuns voient ces annonces comme une bénédiction. Au vu des conditions « pas très rassurantes » qui prévalent dans les unités de soins intensifs, une partie de la population préfère se procurer en un seul clic de l'oxygène afin de prendre en charge son parent à domicile. Beaucoup de vies ont été sauvées grâce à cela. Car, dans tout ça, il faut aussi savoir que des associations ou tout simplement des citoyens philanthropes font des annonces qui offrent gratuitement des bouteilles d'oxygène aux personnes qui ne peuvent s'en procurer avec de l'argent. M. Z.