La Confédération entame sa mue. En initiant plusieurs projets «innovants» en direction des acteurs du football africain. Après les licences de joueurs, d'entraîneurs et de clubs, c'est le corps arbitral qui bénéficie de son projet de développement. La notion de professionnel, jadis consacrée aux seuls footballeurs, puis aux entraîneurs, vient d'être élargie aux arbitres. La Confédération africaine par le truchement de son département dédié à l'arbitrage que dirige Eddy Maillet, l'ancien sifflet seychellois désormais responsable de la structure arbitrale de l'instance continentale. «Les footballeurs et les entraîneurs sont désormais des professionnels et seuls les arbitres sont encore amateurs. Il était nécessaire de mettre à niveau nos arbitres et de les mettre également dans la catégorie professionnelle», dira le «penseur-concepteur» de cette initiative. Maillet et la CAF partent du postulat d'une situation générale qui fait que «le football continue de croître et d'adopter de nouvelles techniques et technologies sur et hors du terrain, les exigences pour que tous les aspects du jeu se développent sont devenues une nécessité cruciale», d'où l'impératif de mettre tous les atouts pour permettre l'émergence d'une élite arbitrale africaine capable de concurrencer les referees d'autres continents, ceux d'Europe en particulier «dominateurs», lors des grandes manifestations internationales de football. Avec comme «références» l'Egyptien Ali Kandil, qui fut lors du Mondial-1966, le plus africain à diriger une rencontre de Coupe du monde (Chili-Corée du Nord) et surtout le regretté Marocain Saïd Belqoola qui eut, en 1998, l'honneur de diriger la finale France-Brésil. Des sommités qui n'ont pas fait beaucoup d'émules même si l'Algérien Djamel Haïmoudi a été désigné pour la «petite finale» du Mondial-2014 (Brésil-Pays-Bas, 0-3), lui que des informations concordantes annonçaient comme quasi-choisi pour la finale entre l'Allemagne et l'Argentine, finalement confiée à l'arbitre italien, un Européen donc, Nicolla Rizzoli. Une «injustice» que la CAF veut réparer en lançant son groupe d'élite formé de 20 arbitres (18 messieurs et 2 dames) représentant 19 pays dont l'Algérie qui sera défendue par Mustapha Ghorbal, celui-là même que la CAF a choisi pour la grande finale 100% égyptienne entre le Zamalek et le National SC du Caire. Seule l'Ethiopie est représentée par deux «sifflets», un homme (Bamlak Tessema) et une femme (Lydia Tafesse). Le reste des arbitres retenus parmi ce groupe émanent des pays connus pour compter en leur sein de traditionnels chevaliers de sifflet que la CAF a souvent sélectionnés pour les matchs de ces épreuves (sélections et clubs) officielles à l'exemple du Camerounais Alioum Néant, dans le Sud-Africain Victor Miguel Gomez, du Gambien Papa Bakary Gassama ou du Sénégalais Maguette Ndiaye. Les experts de la Confédération, qui ont privilégié l'équilibre entre les six zones, ont fait leur tri suivant l'âge des arbitres, leurs compétences (technique et physique), leurs performances lors des dernières désignations et leur compatibilité à officier grâce à la VAR. La CAF a prévu une formation améliorée en mesure d'assurer aux hommes en noir d'atteindre les standards Fifa réalisés lors du Mondial-2014 (11.2 km parcourus par match). Le groupe professionnel bénéficiera d'une rétribution financière en sus d'une promotion dans leur cursus. «Ils auront des allocations mensuelles et nous affecterons deux instructeurs dans chacune des six zones des FAC pour travailler avec eux physiquement et techniquement. Nous leur fournirons du matériel, ils seront suivis et auront des sessions sur Zoom avec des évaluations mensuelles», révèle Maillet lequel fait état d'un programme consistant à performer sur le plan physique notamment. Pour ce faire, une exigence est fixée : chaque arbitre sélectionné doit s'entraîner un minimum de trois séances par semaine. «Nous examinerons comment le programme fonctionne et quel en sera le résultat. Nous voulons les voir performer car il s'agit d'un programme basé sur les performances. Dans mon esprit, nous pouvons inclure les arbitres assistants dans les deux prochaines années après avoir évalué le programme. Nous devons aussi vraiment convaincre les gens que ce programme fonctionne et que nous obtenons des résultats», conclut-il fièrement. M. B.