En Algérie comme ailleurs dans le monde, les abonnés de Netflix sont très nombreux à sacrer la mini-série Le jeu de la dame comme l'une des meilleures de la célèbre plateforme. Entre passion des échecs et personnages hauts en couleur sur fond de guerre froide subtilement traitée, The Queen's Gambit ne laisse personne indifférent. Le pitch : une petite fille de neuf ans échappe miraculeusement à un accident de voiture suicidaire où sa mère trouve la mort, se retrouve dans un orphelinat bigot où elle aura la chance d'apprendre à jouer aux échecs grâce au gardien de l'institution. Au fil des années et des tournois, elle s'impose comme l'une des meilleures joueuses au monde malgré une enfance abîmée et une psyché borderline. Quel est donc le secret de ce succès planétaire dont les chiffres donnent le tournis : plus de 70 millions de spectateurs, sans parler des effets «secondaires» significatifs à l'instar d'une hausse de 250% des ventes de jeux d'échecs sur eBuy ; la ruée sur le roman éponyme dont la série est adaptée, qui devient ainsi un best-seller 37 ans après sa parution ; multiplication par cinq des joueurs inscrits sur le site d'échecs en ligne «Chess.com»... Il faut dire que le personnage principal, campé par la charismatique et mercurielle Anya Taylor-Joy, est le premier attrait de cette série. Bien que son écriture collectionne quelques stéréotypes du genre (génie torturé ; addictions ; débuts difficiles...), ces derniers s'estompent très vite devant la rigueur et la subtilité du scénario qui nous plonge dans un univers narratif complexe et nuancé. La cinématographie y est également pour beaucoup dans l'accueil enthousiaste du public et de la critique. La photo soigneusement étudiée et la scénographie élaborée avec poésie et précision rajoutent du sublime à cette production américaine qui, par ailleurs, réussit à s'émanciper allègrement des poncifs liés à la guerre froide. Il y a certes cette vieille rivalité échiquéenne entre les deux ennemis historiques, mais la manière dont la société soviétique est dépeinte surprend et force l'admiration tant on y échappe au fatras idéologique et propagandiste bêtement antirusse auquel l'industrie US nous a habitués. Une écriture raffinée donc qui célèbre l'intelligence et l'érotisme cérébral et une mise en scène tout en nuances et jeux d'ombres et de lumières, sans oublier un casting convaincant et élégant, expliquent l'engouement que connaît The Queen's Gambit à travers le monde. Sarah H.