Adapté du roman The Queen's Gambit (1983) de Walter Davis, "Le Jeu de la dame" est une minisérie qui se regarde comme un long-métrage sur le fabuleux destin d'Elisabeth Harmon, championne des échecs ayant détrôné les plus grands maîtres dans les années 1950-60. Depuis le 23 octobre dernier, la plateforme Netflix diffuse une minisérie, ou plutôt une pépite, qui sort de l'ordinaire (productions proposées habituellement). Adapté du roman The Queen's Gambit (1983) de Walter Davis, Le Jeu de la dame, minisérie réalisée par Scott Frank et Allan Scott est composée de sept épisodes d'une heure, forts en rebondissements. D'ailleurs, quand nous la commençons, c'est plutôt difficile de lâcher prise. L'histoire se déroule dans les années 1950-60 au Kentucky (Etats-Unis). La petite Elisabeth Harmon surnommée Beth (Isla Johnston) se retrouve à l'âge de 8 ans dans un orphelinat de jeunes filles. Rousse, coupe au carré, d'un air intrigant et froid, elle trouve du mal à s'adapter à sa nouvelle vie. Un jour, alors qu'elle descend dans le sous-sol pour nettoyer des brosses, elle tombe sur le concierge M. Shaibel (Bill Camp) qui joue à un jeu "mystérieux". Ce jeu n'est autre qu'un échiquier auquel le gardien s'adonne toute la journée. Cette rencontre entre la fillette et le vieil homme fera naître un prodige des échecs. Les pions, les cases et les coups deviennent une obsession pour Beth ; elle dévore les livres sur les techniques et biographies de grands maîtres et analyse ainsi chaque partie dans le moindre détail. Mais les stratégies et les équations sont réalisées à la nuit tombée, dans le dortoir. En fait, les petites de l'orphelinat étaient dopées aux pilules vertes (des tranquillisants) qui étaient administrées comme des "bonbons magiques". Devenue accro, Beth s'imaginait alors, le soir, un échiquier géant suspendu au-dessus de sa tête qui lui permettait de s'entraîner. Les nuits défilent, nous suivons l'évolution de l'enfant jusqu'à son adolescence et maturité. Campée par l'excellente Anya Taylor Joy qui crève l'écran, elle affronte de grands joueurs et remporte les parties haut la main. Les maîtres de renom tombent comme leurs rois et elle arrive même à détrôner les Russes sur leur propre terrain. Histoire racontée, cette minisérie originale Netflix ne paraît pas si exceptionnelle ou alors seulement destinée aux amoureux des échecs. Mais cela n'est nullement le cas ! Amateurs ou curieux trouveront leur compte, car elle nous plonge dans un monde surprenant ; nous apprenons les différentes ouvertures, notamment la sicilienne (préférée de Beth), les parties simultanées (un contre plusieurs joueurs) ou les fameux blitz (parties rapides de cinq minutes). Aussi, Le Jeu de la dame n'est pas seulement concentré sur les championnats, concours ou entraînements, mais permet une immersion dans les "abysses" de cette femme introvertie qui pense "réussir" grâce aux drogues et l'alcool. Loin de la superhéroïne, c'est un anti-héros qui arrive à surprendre, à se surpasser dans un univers typiquement masculin. Pour rappel, la trame se déroule dans une époque où la femme est réduite à être une bonne épouse, tandis que Beth, féministe malgré elle, s'affirme et devient adulée par ses compères. Dialogues, images, décors, costumes... tout est parfait et étudié minutieusement. D'ailleurs, la critique qu'elle soit professionnelle ou novice (celle qu'on retrouve sur les réseaux sociaux) est unanime sur la qualité magistrale de cette production. À ce propos, plusieurs internautes ont comparé ces parties d'échec à un combat de boxe qui "hérisse les poils, lorsque l'on voit les protagonistes combattre sur les rings. Pour cette série, j'ai ressenti la même sensation, et les échecs c'est bien plus compliqué à mettre en scène qu'un homme à terre". Rapportés par des médias étrangers, de nombreux maîtres ont salué le réalisme et la beauté de cette œuvre, qui se regarde comme un long métrage. Le Jeu de la dame est disponible sur la plateforme, il suffit d'un clic pour apprécier le "fabuleux destin d'Elisabeth Harmon" ! Hana M.