Le Président Abdelmadjid Tebboune semble bien décidé à prendre, lui-même, à bras le corps, le dossier économie auquel il accorde une importance particulière depuis quelques jours en lui consacrant trois grandes réunions de suite. Après un Conseil des ministres dimanche, une réunion du Haut Conseil de sécurité le lendemain, lundi, c'est une autre réunion « spécial économie » qu'il présidait, hier mardi, avec les responsables des principales organisations patronales du pays. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - « Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, mardi, en audience, des représentants de confédérations du patronat pour l'examen de questions relatives à la relance de l'économie nationale », annonçait un communiqué de la présidence, hier. Les représentants du patronat algérien ont saisi cette occasion, une première du genre d'ailleurs, pour exposer leurs principales préoccupations, notamment toutes les contraintes qui plombent l'entreprise et l'économie nationale en général. En face, le chef suprême de l'Exécutif émettra une série d'instructions, destinées au gouvernement, aux walis et à l'ensemble des centres de la décision politique, économique, bancaire, administrative, etc., leur enjoignant de prendre, sans tarder, toutes les mesures nécessaires à une rapide relance de l'économie nationale. Le communiqué de la présidence en précise certaines. « Le président de la République, y lit-on, en effet, a donné les orientations suivantes : «Œuvrer davantage à l'augmentation de la production nationale dans les secteurs public et privé et préserver les postes d'emploi dans les différents secteurs économiques et industriels, à la lumière de l'amélioration notable de la situation sanitaire, qui est à même d'impulser la dynamique économique, notamment dans les domaines en lien avec le quotidien du citoyen .» Mais aussi « poursuivre l'amélioration, le développement et la diversification de la production agricole afin d'englober les produits actuellement importés, comme la poudre de lait, les viandes, l'huile et les aliments de bétail ». Des filières stratégiques où, effectivement, le secteur de l'agriculture en Algérie enregistre encore beaucoup de retard. Tebboune mettra également l'accent sur la nécessité de « lancer l'exportation des produits fabriqués localement afin d'atteindre l'objectif fixé pour l'année 2021 d'une hausse de 2 à 3 milliards USD et de 4 milliards USD d'exportations hors hydrocarbures, en accordant un intérêt particulier à l'exportation vers les pays africains et à la création de succursales de banques algériennes ». Les banques sont également invitées à « jouer un rôle plus efficace dans le soutien de la production nationale et de faciliter la tâche aux investisseurs nationaux ». Sur sa lancée, le chef de l'Etat ordonne « d'éradiquer toutes les formes de bureaucratie et les lentes procédures qui entravent l'économie nationale ». Il insistera, ensuite, comme c'est devenu une habitude chez lui, sur l'impérieuse nécessité d'accélérer la numérisation des secteurs clés comme les douanes, les impôts et les Domaines. « Concernant le foncier, ajoutera le communiqué de la présidence, le président de la République a donné des instructions pour la prise de toutes les mesures indispensables, au niveau central et local, afin de faciliter l'accès au foncier nécessaire à la domiciliation des investissements et la création de nouveaux postes d'emploi, à travers l'ensemble du territoire national .» Globalement, le conclave d'hier mardi que Tebboune a consacré aux chefs d'entreprises a débouché sur des décisions prises au plus haut niveau de la hiérarchie institutionnelle et que l'économie et les investisseurs nationaux ne cessent de réclamer depuis des années. Des décisions que la conjoncture impose en plus, avec cette crise économique persistante depuis juin 2014 et la chute libre des prix du pétrole, aggravée en cours de route par la succession d'événements intra et extra- muros dont les répercussions sont lourdes sur l'économie nationale. Mais cette sorte de « plan Marshall » que Tebboune prévoit pour le pays en 2021, sera-t-il confié au même Exécutif que l'actuel locataire d'El-Mouradia a lui-même critiqué dimanche dernier ? K. A.