Des militants de la cause palestinienne, des défenseurs des droits humains, des écrivains et des chercheurs universitaires ont adressé, dernièrement, une lettre au chef du gouvernement marocain Saâdeddine El Othmani dans laquelle ils considèrent comme «inadmissible» la normalisation des relations entre le régime marocain et l'entité sioniste tout en demandant son annulation. «L'instant est particulièrement grave. Jusque-là, le Maroc officiel avait pratiqué avec l'occupant une normalisation rampante et semi-clandestine sur les plans commercial, maritime, touristique, culturel, militaire et du renseignement. Mais depuis le 10 décembre, c'est à visage découvert, sans honte, que le Maroc officiel a décidé de pactiser avec l'occupant, ajoutant du poids et une autre dynamique au tsunami de la normalisation», déplorent les auteurs de la lettre. «Nous, signataires, savons que le peuple marocain, qui n'a cessé de sceller son destin à celui du peuple palestinien, sortira de la confusion dans laquelle on voudrait le piéger et exprimera massivement sa solidarité, selon la tradition maintenant parfaitement établie. Parce que les projets que prépare le gouvernement criminel de l'occupation contre le peuple palestinien ne seront pas stoppés, mais encouragés par la normalisation», soutiennent-ils. Les auteurs avertissent, dans leur missive, que de «nouvelles agressions encore plus meurtrières se préparent : elles ouvriront les yeux de ceux qui n'ont pas encore compris. Et déjà, Awalou al Ghayti Qatarat/l'orage commence par quelques gouttes : à Fès, Tanger, Rabat, Taza, Guercif, Casablanca, Tiznit, les protestations publiques dans la rue ont commencé». «Cette normalisation que vous avez signée avec les criminels qui font la guerre contre le peuple de Palestine» est «inadmissible», martèlent les signataires de la lettre à l'adresse d'El-Othmani. Joignant à leur lettre le slogan «Pas en mon nom !», ils promettent de continuer à «résister à la normalisation et à demander l'annulation des accords de la honte qui viennent d'être signés». Ils constatent que «la dernière mode est de chercher à justifier l'ignominie de la normalisation par les liens historiques du Maroc avec les colons sionistes d'origine marocaine», notant que c'«est une erreur grave, parce qu'elle encourage le racisme par la confusion qu'elle entretient entre judaïsme et sionisme et fait l'impasse sur l'implication de cette composante de l'occupation dans les crimes commis contre le peuple palestinien». «L'ignominie de la normalisation, quels que soient les discours qui l'accompagnent, constitue un abandon du peuple palestinien sur le champ de bataille. Pire, tendre la main à l'occupant, dans ces circonstances, c'est lui prêter main-forte. Et au-delà de la normalisation économique, touristique, culturelle, médiatique, ce qui s'est mis en place, c'est un axe militaire avec les normalisés du Golfe, autour de l'armée de l'occupation et sous le parapluie américain», notent les rédacteurs de la missive. «Au cours des 100 dernières années, le peuple palestinien a payé un tribut très lourd dans la guerre que poursuit contre lui l'entreprise sioniste et dont l'objectif est de le priver de son droit de vivre sur sa terre. Et il traverse aujourd'hui une période qui est une des plus difficiles de son histoire», indiquent-ils. «Jamais la guerre d'usure multiforme menée par l'occupant contre le peuple palestinien n'a été aussi intense qu'aujourd'hui. Jamais l'occupant, qui ne connaît que la force des armes et de la torture, ne s'est senti aussi libre de peser sur le peuple palestinien. Le tsunami actuel des normalisations, qui s'est déclenché sur fond de mort cérébrale de la solidarité des Etats arabes et maghrébins, n'a fait que l'y encourager», ajoutent-ils. «Face aux crimes de guerre que sont les opérations de colonisation galopante avec vol des terres et de l'eau, arrachage des arbres et destruction des maisons, en plus de l'enfer de la circulation à travers les check-points, face au crime contre l'humanité de l'épuration ethnique pratiquée à Al Qods, face à la mort lente programmée des habitants de Ghaza et aux autres crimes de guerre que l'armée d'occupation y perpètre, face à la nouvelle loi fondamentale de 2018 qui officialise le régime d'apartheid de discrimination raciste contre les Palestiniens, la résilience du peuple sur sa terre ne faiblit pas. Il ne cesse d'inventer des nouvelles formes de résistance contre l'occupant», concluent les signataires de la lettre.