Le chef de l'Etat donne l'impression de porter le gouvernement, du moins certains de ses membres, comme un lourd fardeau, tant il est profondément insatisfait de leur action au bout de seulement une année d'exercice. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Preuve tangible de cette exaspération, Abdelmadjid Tebboune renouvelle son insatisfaction quant à l'action de certains membres de l'exécutif, allant jusqu'à les montrer du doigt et, cette fois-ci, publiquement. C'était avant-hier dimanche au niveau du salon d'honneur de l'aéroport militaire de Boufarik, où il était en partance pour l'Allemagne à l'effet de subir de nouveaux examens et une probable intervention chirurgicale au niveau de son pied droit. Dans une courte allocution devant le président du Conseil de la Nation par intérim, Salah Goudjil, le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Slimane Chenine, le président du Conseil constitutionnel, Kamel Fenniche, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, le général de corps d'armée, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), Saïd Chanegriha, et le directeur du cabinet de la présidence de la République, Noureddine Baghdad-Daïdj, qui le saluaient avant son départ, Abdelmadjid Tebboune a assuré que ce retour «était programmé afin de poursuivre le protocole thérapeutique, décidé par les professeurs, et dont il ne reste pas beaucoup mais nécessaire», précisant qu'une «petite intervention chirurgicale au niveau du pied n'est pas à écarter». Ceci avant d'exprimer le souhait que la période des soins soit «très courte», assurant que «même en étant physiquement loin», il continuera «à suivre au quotidien les affaires du pays avec tous les responsables». Il se félicitera de la «mobilisation des responsables, des institutions de l'Etat, notamment l'Armée nationale populaire, digne héritière de l'armée de Libération nationale pour ses efforts dans l'assistance aux citoyens et la préservation de la sérénité au niveau national». Remerciant les «institutions élues», le chef de l'Etat s'adressera en tout dernier lieu au Premier ministre, affirmant relever «des aspects positifs et négatifs» concernant l'action du gouvernement qu'il pilote depuis début janvier 2020. Un reproche, le second et «public» que Tebboune fait à l'exécutif après celui exprimé, il est vrai, en «intra-muros», le 3 janvier écoulé à l'occasion d'un Conseil des ministres, le tout premier après son retour de sa longue période de soins et de convalescence en Allemagne. Ce jour-là, comme rapporté par un communiqué de la présidence de la République, le chef de l'Etat avait exprimé son irritation quant aux performances de certains membres du gouvernement. Une action qu'il a estimée «mitigée », puisque «oscillant entre le positif et le négatif», non sans s'en prendre, notamment au ministre de l'Intérieur et aux walis auxquels il a reproché une mauvaise gestion du dossier des zones d'ombre. Ce qui a fait penser à plus d'un quant à l'imminence d'un remaniement ministériel, voire d'un tout nouvel exécutif. Sauf que le chef de l'Etat se contentera du renvoi d'un seul ministre, celui des Transports, dont il a ordonné la fin de fonctions pour cause de «l'engagement d'une opération d'importation par la compagnie nationale Air Algérie, de fournitures liées à l'activité de catering, et ce, sans tenir compte du contexte économique national et des orientations financières visant la gestion rationnelle des devises et la priorité à accorder à la production nationale», comme l'a précisé un communiqué des services du Premier ministère. Pour les mêmes motifs, le P-dg d'Air Algérie et le responsable du catering au sein de la compagnie ont été également relevés de leurs fonctions. Une des deux options qui serait de mise au retour dans les prochains jours du chef de l'Etat de son second séjour médical en Allemagne, affirmait-on, hier lundi, dans l'entourage d'un parti proche du chef de l'Etat. Puisque, nous déclarait un cadre de ce parti, sous le sceau de l'anonymat, il était question d'une rencontre entre le président de la République et le président de ladite formation politique avant que ce rendez-vous ne soit reporté, probablement au retour du chef de l'Etat au pays. Et certainement, ajoute encore notre source, que la question du bilan d'une année du gouvernement et probablement l'opportunité de lui donner du sang neuf en le renouvelant partiellement ou totalement, devraient être débattues lors de cette entrevue. Une autre source, proche, celle-ci, du FLN, nous affirmait, toujours hier lundi, que le chef de l'Etat procéderait, à son retour d'Allemagne, à un «léger lifting» du gouvernement. Un remaniement qui, ajoute-t-on de même source, ne concernerait que les départements ministériels montrés du doigt par le chef de l'Etat lui-même, affirmant qu'aucun contact n'a été établi avec le chef de l'Etat à son retour au pays, le 28 décembre dernier. M. K.