En partance pour l'Allemagne où il devra subir de nouveaux examens et une probable opération chirurgicale, Abdelmadjid Tebboune a apporté hier une appréciation qui laisse imaginer ce qu'il pense de l'action du gouvernement. Dans une courte déclaration prononcée, hier à l'aéroport militaire de Boufarik, quelques minutes seulement avant de prendre l'avion pour l'Allemagne, le chef de l'Etat a relevé du "négatif et du positif" dans l'action du gouvernement. S'adressant aux responsables venus le saluer avant son départ, Abdelmadjid Tebboune s'est adressé, en dernier, au Premier ministre, Abdelaziz Djerad, avec un sourire accompagné d'un hochement de tête, pour exprimer son mécontentement quant à l'action des membres du gouvernement. En revanche, le chef de l'Etat a été élogieux lorsqu'il a abordé d'autres corps de l'Etat, à l'image de l'ANP et des élus qui "ont fait le travail" et fait en sorte que "l'Etat reste debout". "Je suis les affaires du pays au jour le jour", a-t-il averti. C'est la deuxième fois que le chef de l'Etat juge sévèrement et publiquement l'action de son gouvernement. Dimanche 3 janvier, il avait déjà estimé que le "bilan des performances ministérielles pour 2020" était "plutôt mitigé avec du positif et du négatif".Il n'en dira pas plus. Il s'en était juste pris à certains walis qui avaient mal géré le dossier des zones d'ombre. Mais avant-hier, le chef de l'Etat a joint le geste à la parole. Dans une décision inédite, la Présidence a annoncé le limogeage de l'ancien ministre des Transports, Lazhar Hani. Le document de la présidence de la République précise même les motifs de cette mise de fin de fonction : le ministre aurait ordonné des acquisitions, au profit du service catering d'Air Algérie, en contradiction avec "les orientations" des autorités. Dans la foulée, le P-dg de la compagnie aérienne et le responsable du service catering ont été relevés de leurs fonctions. Cette nouvelle sortie du chef de l'Etat concernant l'action du gouvernement conforte l'idée de voir surgir un remaniement dans l'équipe d'Abdelaziz Djerad. Mais cela ne peut arriver dans les tout prochains jours. Cela est dû d'abord à l'absence physique du chef de l'Etat qui va rester encore plusieurs jours à l'étranger. Il a, certes, assuré que son séjour médical serait "très court". Mais un remaniement durant cette période est difficile à imaginer. À cela s'ajoute un autre agenda : le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, devra en principe se présenter devant les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN) pour faire le bilan de son action, une année après son installation au palais de la rue Docteur-Saâdane. L'autre hypothèse qui ne plaide pas forcément en faveur d'un large remaniement ministériel dans l'immédiat est l'éventualité d'organiser, dans les prochains mois, des élections législatives anticipées. Un changement de gouvernement suivra naturellement le déroulement des législatives. Il est donc peu probable qu'un tel changement ait lieu à quelques encablures du scrutin.