Le président de la République laisse transparaître une volonté de remanier le gouvernement. Le président Abdelmadjid Tebboune a fait part de son insatisfaction quant au rendement de son gouvernement. Au pied de l'avion présidentiel à l'aéroport de Boufarik, avant de s'envoler vers l'Allemagne pour poursuivre des soins médicaux, le chef de l'Etat a distribué quelques bonnes et mauvaises notes aux responsables à différents niveaux. S'il semble bien satisfait du travail effectué par l'Armée nationale populaire et les institutions élues, il reste mitigé quant à la gestion de l'Exécutif. S'exprimant devant le président par intérim du Conseil de la nation, du président de l'APN, de celui du Conseil constitutionnel et du Premier ministre venus le saluer avant son départ, le chef de l'Etat a estimé qu'il y a eu dans l'action gouvernementale des aspects positifs et d'autres négatifs, sans apporter de précisions. On peut dire donc que le gouvernement dans son ensemble n'a pas excellé dans la bonne gestion des affaires du pays. Il y a des ministres dont le Président est satisfait comme il l'a déjà fait savoir lors de son dernier Conseil des ministres, à l'instar de celui en charge de l'Industrie pharmaceutique, et d'autres dont il est mécontent, comme celui des Ressources en eau ou encore celui de l'Agriculture. Le président Tebboune laisse ainsi transparaître dans ses propos une volonté de remanier le gouvernement. Et le choix de les tenir publiquement au moment de son départ pour l'Allemagne sonne comme un message aux Algériens, selon lequel il compte bien injecter du sang neuf à son Exécutif. La grande question est de savoir si le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, restera ? En le nommant le 28 décembre 2019, le chef de l'Etat avait surpris plus d'un. Une année après cette nomination et sept mois après le premier remaniement ministériel, il est encore difficile de définir l'état des relations entre le chef de l'Etat et son Premier ministre. Bien que le Président ait relevé l'existence de points négatifs dans l'action du gouvernement, rien ne nous dit qu'il ciblait par ses propos le Premier ministre. Comme rien de ce qu'a affirmé, jusqu'à présent, le chef de l'Etat, ne nous laisse penser qu'il compte garder son Premier ministre. Djerad jusqu'à après les législatives Professeur d'université et ancien secrétaire général de la présidence de la République, Abdelaziz Djerad, 66 ans, n'était pas attendu à ce poste de responsabilité. Ayant entamé sa fonction avec la pandémie de coronavirus et tout ce qu'elle a induit comme mesures sanitaires, Abdelaziz Djerad n'a pas réussi à briller durant sa première année à la tête de l'Exécutif. Son départ dans le contexte actuel reste problématique, surtout que de nouvelles élections législatives sont envisagées et devraient avoir lieu durant le premier semestre de l'année en cours. Selon des observateurs avisés, la nomination d'un nouveau Premier ministre pourrait intervenir après les législatives anticipées. Une option probable, surtout lorsque l'on sait que la nouvelle Constitution promulguée prévoit la possibilité que le Premier ministre soit issu de la majorité parlementaire. En revanche, le chef de l'Etat semble bien envisager d'opérer un remaniement ministériel, qui devrait intervenir à son retour du nouveau séjour médical en Allemagne. Si l'on se fie aux remarques qu'il a faites lors de son dernier Conseil des ministres du 3 janvier en cours, plusieurs départements ministériels devraient être touchés. Parmi ces départements, celui de l'Intérieur et des Collectivités locales. Le président Tebboune a en effet critiqué la gestion du dossier des zones d'ombre dans certaines wilayas. Le chef de l'Etat semble également mécontent de la gestion du secteur des Ressources en eau. Il a d'ailleurs mis en garde contre «la poursuite du phénomène d'approvisionnement en eau par les méthodes rudimentaires, une tragédie dont des enfants ont été victimes». Le secteur des Finances a été également critiqué par le chef de l'Etat, qui a considéré le système bancaire comme «le point noir qu'il convient de revoir, par un travail d'inspection au niveau de toutes les banques, notamment en ce qui concerne la transparence dans l'octroi de crédits». Il a aussi «ordonné l'accélération de la numérisation des Douanes afin de lutter contre la surfacturation et d'absorber les fonds circulant dans le marché parallèle». Autre secteur qui pourrait être touché par un remaniement ministériel : celui de l'Agriculture. Ne cachant pas son mécontentement, le président Tebboune a ordonné «l'ouverture d'une enquête sur l'affaire d'importation de blé avarié de Lituanie, et chargé le ministre des Finances de procéder à un audit au sein de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC)». Le secteur de la Santé pourrait aussi connaître un changement à sa tête, en raison notamment du retard enregistré dans le lancement, en janvier courant, de la campagne de vaccination contre la Covid-19. Le chef de l'Etat ne semble pas également satisfait des «performances» du secteur du Numérique et des Statistiques, de celui de la Pêche et de celui de la Culture. Il faut préciser que le chef de l'Etat a limogé le ministre des Transports et le PDG d'Air Algérie pour une affaire d'importation de porcelaine. Et pour le moment, il a juste désigné le ministre des Travaux publics, Farouk Chiali, pour assurer l'intérim. Cela visiblement jusqu'à ce qu'il opère le remaniement ministériel. Après une année difficile, le chef de l'Etat va, selon toute vraisemblance, donner plus de visibilité à l'action de son Exécutif à travers de nouveaux profils plus consistants. Advertisements