A la Juventus, des jeunes pour préparer l'avenir, à l'Inter, des grognards pour conquérir le scudetto: en matière de recrutement, les choix ont largement différé cette saison entre Bianconeri et Nerazzurri, opposés ce soir dans le choc au sommet de la Serie A. McKennie, Kulusevski, Chiesa, Arthur et Morata chez le nonuple champion d'Italie en titre, 4e avant la 18e journée. Hakimi, Vidal, Kolarov, Darmian et le revenant Perisic chez son challenger milanais, 2e. Le choc entre les deux grands favoris pour le titre 2021 est aussi l'occasion d'un bilan sur le recrutement de l'été dernier, que le mercato de janvier, atone, ne devrait pas chambouler. A la Juve, le rajeunissement est lancé, puisque ces recrues principales ont moins de 25 ans, à l'exception de Morata (28 ans). A l'inverse, à l'Inter, l'expérience a été privilégiée avec des renforts âgés de plus de 30 ans, à l'exception de Hakimi (22 ans). Ces choix ont en partie été dictés par le contexte financier, l'Inter étant économiquement asphyxiée quand la Juve semble encore pouvoir s'offrir des investissements conséquents. Mais ils répondent aussi à une vraie philosophie de renouvellement, incarnée par Andrea Pirlo, lui même jeune entraîneur (41 ans) aux idées neuves. Le «Maestro» veut des joueurs polyvalents et du mouvement, ce qui n'était pas forcément la saison dernière la caractéristique première de l'équipe de Maurizio Sarri. La révélation McKennie «Nous avons l'un des effectifs les plus âgés d'Europe, c'est un élément de réflexion», avait rappelé en août le président de la Juve, Andrea Agnelli, après l'élimination en Ligue des champions contre Lyon. Plusieurs trentenaires sont ainsi partis: Miralem Pjanic, Gonzalo Higuain, Blaise Matuidi et Douglas Costa. En s'appuyant sur la jeunesse (les recrues et des membres de l'équipe des moins de 23), Pirlo en paie parfois le prix au niveau des résultats. Sa Juve manque parfois de maturité, dépendant toujours de son vétéran Cristiano Ronaldo (35 ans). L'ex-Barcelonais Arthur n'a pas encore trouvé ses marques et l'espoir suédois Dejan Kulusevski connaît des hauts et des bas. Federico Chiesa commence, lui, à peser mais les deux grandes satisfactions du mercato, à ce stade, sont Morata, efficace comme rarement aux côtés de Ronaldo, et le milieu américain McKennie (ex-Schalke 04), remarqué par ses qualités de percussion et déjà solide à 22 ans. Tous semblent en mesure de durer sous le maillot noir et blanc. Parmi les recrues de l'Inter, seul Achraf Hakimi semble pouvoir en dire autant. Le véloce international marocain, arrivé du Borussia Dortmund où le Real Madrid l'avait prêté, est devenu précieux sur le flanc droit. Peut-être «l'un des meilleurs coups de l'Inter depuis dix ans», pour l'ex-star nerazzurra, le Brésilien Ronaldo, qui s'y connaît en vitesse. La déception Vidal Les autres renforts suscitent moins d'admiration. L'international italien Matteo Darmian et le Croate Ivan Perisic, prêté au Bayern Munich la saison dernière, ne déméritent pas mais sans être des titulaires. Aleksandar Kolarov et Arturo Vidal, pour lesquels l'Inter Milan n'a certes quasiment rien déboursé en terme de transferts, sont eux franchement décevants. Le Chilien, notamment, est loin du guerrier qu'avait connu Antonio Conte à la Juventus. Sa saison reste pour le moment marquée par son exclusion en Ligue des champions contre le Real Madrid, dans un match décisif pour l'avenir européen des Intéristes. Ces joueurs, censés apporter le surcroît d'expérience qui avait manqué la saison dernière, pèsent peu pour le moment et s'ajoutent au cas Christian Eriksen, très peu utilisé depuis son arrivée en janvier 2020. L'Inter envisage de prêter le Danois mais les propositions sont rares en raison d'un salaire important. Financièrement dans le rouge (plusieurs mois de salaires n'auraient pas été versés, selon la presse), en quête de nouveaux investisseurs, l'Inter Milan va néanmoins devoir poursuivre son rêve de scudetto «avec ces joueurs», a prévenu Conte. Le titre. Objectif commun de toutes ces recrues quand elles ont signé dans ces clubs prestigieux, qu'elles portent dimanche soir la tunique bleue et noire ou les rayures noires et blanches.