Le médiateur de la République, Karim Younès, qui recevait hier dimanche à Alger, une délégation d'élus de la wilaya d'Illizi, a estimé que la bureaucratie qui gangrène les administrations est un fléau qui cultive les injustices sociales dont souffrent de manière plus prononcée les habitants des régions dites zones d'ombre. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Le président de l'Instance de médiation de la République a souligné que la volonté politique existe bel et bien, mais que « certains secteurs, hélas, continuent de faire fi des consignes pourtant claires du chef de l'Etat », a-t-il fulminé. Une attitude explique-t-il, qui favorise la propagation des pratiques bureaucratiques. « Tant qu'elles seront de mise dans nos institutions, nous ne pouvons envisager l'édification d'un Etat de droit voire d'une nouvelle Algérie », soutient-il. Pis encore, ce phénomène constitue « un facteur qui accentue les inégalités sociales en Algérie », appuie-t-il, en fustigeant l'influence abusive des administrations dans des régions plus que d'autres. Karim Younès déclare que l'Instance de médiation a été installée « pour combattre férocement la bureaucratie », qui freine « la distribution équitable des richesses nationales ». Karim Younès ne conçoit pas que des Algériens à part entière se voient marginalisés sur tous les plans, « seulement parce qu'ils vivent dans des régions reculées ». Il considère que l'accès aux droits les plus fondamentaux « doit être le même pour tous les citoyens, peu importe où ils se situent géographiquement ». Ces déclarations interviennent suite aux plaintes d'un groupe de notables d'Illizi venus à Alger pour exposer les conditions de vie qu'endurent les habitants de cette région. Le bref récit de ces derniers fait état de graves dérives qui remontent à l'élection présidentielle de 2014. Certains citoyens auraient été supprimés des listes électorales après avoir voté pour un autre candidat que Abdelaziz Bouteflika. « Depuis ce jour, le bureau de vote mobile n°5 destiné à porter les bulletins de vote des habitants de cette région n'a plus été acheminé », a relaté lors de cette rencontre, Mohamed Khiar, vice-président de l'APW d'Illizi. Réagissant à cet exposé, Karim Younès dénonce ces faits qu'il juge « honteux ». Il assurera, par ailleurs, que ses services ont réussi à « réhabiliter une partie des élus dans leur droit de s'exprimer démocratiquement ». Cela s'est fait, précise-t-il ,« après l'intervention de l'Autorité indépendante des élections (Anie) ». Le président de l'Instance de médiation a exprimé dans ce registre sa « consternation » après avoir eu connaissance « des rudes conditions qui rythment le quotidien d'une partie de nos concitoyens vivant à Illizi ». La délégation a également mis la question de l'absence de structures sanitaires dans cette région au cœur des préoccupations majeures. À cette peine, s'ajoute celle du problème récurrent de l'alimentation électrique et à l'eau potable. Des problèmes que « promet » Karim Younès de « régler en urgence », en soulevant ces questions aux ministères concernés, à l'image des départements de la santé et de l'énergie. M. Z.