Les conditions de candidature aux élections législatives et locales fixées par le projet de révision de la loi électorale irritent les « petits » et nouveaux partis politiques qui crient à l'exclusion, en dénonçant une « inégalité » des chances. Ils estiment que cette loi reflète le rejet des revendications populaires qui exigent le changement, en favorisant les partis du pouvoir, notamment le FLN et le RND. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Parmi les conditions fixées pour participer aux élections législatives et locales, celle ayant trait à l'exigence faite aux partis politiques d'avoir obtenu au moins 4% des voix exprimées lors de la précédente consultation. En effet, une liste électorale doit avoir le parrainage des partis politiques qui ont au moins 10 élus dans la wilaya concernée, ou avoir obtenu plus de 4% lors des précédentes élections (au niveau de la wilaya pour les législatives et au niveau de la commune pour les municipales).A défaut, le parti doit chercher les signataires des citoyens (50 pour chaque siège à l'APC et 250 pour chaque siège à l'APN). Cette disposition favorise, de fait, les partis majoritaires comme le FLN et le RND et pose d'énormes contraintes aux « petits » partis qui dénoncent une disposition « discriminatoire » et appellent à sa suppression. « Comment prendre les précédentes élections pour référence alors que le pouvoir lui-même a dit qu'elles étaient truquées ? » s'interroge le président du Front de militantisme national (FMN), Abdellah Haddad. Notre interlocuteur s'étonne du fait que, d'un côté, on veut organiser des élections anticipées parce que les assemblées ne sont pas légitimes, et de l'autre, on reconduit les mêmes règles qui favorisent les mêmes partis. «Le Président lui-même reconnaît que les élections passées sont trafiquées. Comment les prendre pour référence et permettre aux partis ayant bénéficié de la fraude d'être favorisés ? » ajoute le président du FMN. Et de trancher : « Avec ces lois, on veut faire revenir le FLN et le RND contre lesquels le peuple était mobilisé. Le Hirak béni était contre ces partis, et cette loi leur offre l'occasion de se maintenir au mépris du principe de l'égalité des chances entre les prétendants .» Le président du Front de l'Algérie nouvelle (FNA), Djamel Benabdeslam, avance les mêmes arguments pour appeler au retrait de cette disposition. On ne peut pas prendre les élections précédentes pour référence, car tout le monde sait que ces élections ont été entachées de fraude et que les taux obtenus par les partis sont faux. Pour garantir une égalité entre les partis, il faut soit supprimer cette disposition, soit ne pas l'appliquer avec effet rétroactif, c'est-à-dire que l'article ne sera pas appliqué lors des prochaines élections, mais lors de celles qui vont suivre. Donc, ce sont les prochaines élections qui doivent être la référence », a-t-il expliqué. Le président du Mouvement national de l'espérance (MNE), Mohamed Hadef, dénonce, pour sa part, une entrave injuste à la libre participation aux élections. « La disposition des 4% est une entrave infondée et injuste sur les plans constitutionnel et politique à l'égard de la République et de la démocratie. Nous exigeons la suppression définitive de cet article dans son intégralité, et de revenir carrément à l'article 92 de l'ancienne loi électorale de janvier 2012 », a-t-il plaidé. Selon lui, cette disposition non seulement elle favorise les partis du pouvoir, mais elle risquerait d'aggraver le désintérêt, l'abstention et le rejet des élections par les citoyens. « Il n'existe aucun pays démocratique au monde qui milite pour l'émergence de nouvelles forces et qui dresse de tels obstacles. Ce sont des mécanismes d'élimination. Le seul maître de jeu politique doit être le peuple », a-t-il tranché. K. A.