Miloud nous a quittés à l'aube de ce vendredi 29 janvier dans la discrétion, à l'âge de 72 ans. Miloud Zenasni, journaliste, chef de bureau de Tlemcen est l'un des fidèles compagnons du journal Le Soir d'Algérie où il exerçait depuis un quart de siècle. Sa passion pour le journalisme, sa loyauté ont fait de lui un homme intègre qui faisait la fierté de la corporation. Toujours à l'écoute du petit peuple, il faisait l'écho de ses préoccupations. Sa mort subite a choqué toute l'équipe du Soir. Personne ne s'y attendait, d'autant que Miloud, malgré ses soixante-dix ans passés, continuait avec fougue d'alimenter les pages régionales. La pandémie ne l'a jamais arrêté. Il poursuivait sa mission, à l'affût de l'information, avec cette même ardeur qu'à ses débuts. De Tlemcen, sa ville natale qu'il aimait, il rapportait avec fidélité les informations souvent liées aux problèmes des petites gens des coins reculés de Tlemcen. Les dernières en date, celles des fellahs des zones d'ombre. A ce sujet, il a écrit il y a une semaine : «Les zones d'ombre, ou tout simplement des zones de l'ombre !!! Je pose la question à certains ministres. A une certaine époque quand on accompagnait les chefs de l'exécutif dans les zones rurales, on évoquait tout simplement des zones déshéritées. Ah, si le village de Tadjemout m'était conté. A quelques bornes de la wilaya de Tlemcen, c'est l'Atlantide.» Homme de culture, amoureux de littérature, et comme s'il se sentait partir, il s'était exprimé ainsi en ce mois de décembre : «Le plus beau roman qu'on a lu, c'est le nôtre, celui qu'on n'a jamais écrit, il nous accompagnera au ciel, il sera notre livre de chevet... Pour l'éternité.» Les portraits de femmes et d'hommes faisaient la joie des lecteurs du Soirmagazine, il savait raconter leur vie dans les moindres détails. Il pestait contre l'injustice sous toutes ses formes. Lorsqu'un article ne paraît pas, il s'en inquiète. Il appelle la rédaction d'Alger, la tarabuste, et il n'est rasséréné que lorsque son papier est publié. Rien ne présageait que Miloud partirait aussi vite sans un au revoir, il avait gardé sa jeunesse d'esprit et sa grande bonté. Il avait l'Algérie dans le cœur, et répétait souvent cette phrase de son professeur d'histoire, au lycée, en 1967, sur la révolution française : «N'oubliez jamais d'où vous venez, si vous renoncez à vos origines, vos diplômes ne vous servent à rien.» Je conserve toujours le souvenir d'un homme passionné quand il évoquait le journalisme. Les idées se bousculaient dans sa tête, et il fulminait contre certains journalistes qui ne faisaient pas honneur à la profession. Miloud aimait sa famille, ses enfants. Il était au petit soin avec son épouse, lorsqu'elle avait des soucis de santé. «Miloud est parti», m'a-t-elle dit, en pleurs. Inconsolables, ses fils le pleurent. Miloud a rejoint notre correspondant Karim de Aïn Defla, décédé il y a quelques mois, et sa mère à qui il a rendu un vibrant hommage, le 9 janvier : «A ma mère, partie au crépuscule d'un hiver, dont je ressens encore le frisson, sans pouvoir dire un dernier mot à ses sœurs de l'autre côté de la frontière. A mes parents, à mes grands-parents, à mes frères, qui ont quitté ce monde pour l'éternité, éternelles pensées.» Miloud n'aimait pas l'hiver, il disait que beaucoup de ses proches, il les a enterrés sous la grisaille de l'hiver. Miloud est mort à la même saison mais il a été mis sous terre par une journée ensoleillée. Atterrés par sa disparition nous le sommes. Repose en paix, mon ami. Naïma Yachir «Juste Miloud Zenasni» Il est toujours plus facile aux pleureuses professionnelles de rendre hommage aux vertus, supposées ou vraies du défunt. Elles invoquent l'inimaginable pour faire pleurer l'assistance. Juste pour le moment. Juste pour la circonstance. Pour ces raisons, je n'aime pas l'exercice funéraire. Mais il y a des moments où on ne sait comment on ressent le besoin «de dire». Sans offusquer. Sans parler de soi. Juste suggérer le «mort». Repose en paix Miloud. Nacer Belhadjoudja Belhimer présente ses condoléances au Soir d'Algérie Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, a tenu à présenter ses condoléances au collectif du Soir d'Algérie, ainsi qu'à la famille du défunt, notre collègue et ami Miloud Zenasni, journaliste et chef du bureau de Tlemcen, décédé hier vendredi. Les condoléances du SNJ C'est avec une immense douleur que nous avons appris le décès de notre confrère, adhérent et ami, Miloud Zenasni, survenu ce vendredi 29 janvier à Tlemcen. Secrétaire général de section de Tlemcen du Syndicat national des journalistes pendant des années, Miloud était également, jusqu'à ce sinistre 29 janvier, le chef de bureau de Tlemcen du quotidien national Le Soir d'Algérie. Il nous quitte subitement, brutalement, à l'âge de 72 ans des suites d'une longue maladie. Respecté et estimé de tous pour ses grandes qualités humaines, legs de son long parcours de militant politique et syndical de gauche, proche des milieux ouvriers, l'homme et le journaliste qu'il était accordait une place particulière à ces préoccupations d'ordre social et syndical, à travers ses écrits de ces trois dernières décennies qu'il avait consacrées au traitement de l'actualité quotidienne de sa ville natale Tlemcen et de ses environs. Miloud laissera un grand vide parmi les siens, parmi nous, mais demeurera dans nos cœurs et nos pensées, nous tous qui l'avons connu et côtoyé des années durant, tant au plan professionnel que syndical. En cette douloureuse occasion, le Syndicat national des journalistes tient à présenter ses plus sincères condoléances à la famille du défunt, à nos confrères du Soir d'Algérie, ainsi qu'à l'ensemble de la corporation et prie Dieu Le Tout-Puissant de l'accueillir en Son Vaste Paradis. A Dieu nous appartenons et à lui nous retournons. P/ Le Syndicat national des journalistes, le secrétaire général Kamel Amarni