La recherche des voies et moyens de sortie de crise en Libye se poursuit avec la réunion, en ce début du mois de février à Genève (Suisse). En effet, les participants au dialogue inter-libyen, facilité par l'ONU, ont entamé, lundi dernier, un nouveau cycle de pourparlers qui devront déboucher sur la formation d'un exécutif devant conduire la transition en Libye jusqu'à la tenue des élections prévues en décembre. Les représentants des différentes factions avaient cinq jours pour sortir avec une liste de candidats. Ainsi, la Mission de l'ONU en Libye a dévoilé la liste des candidats au futur Conseil présidentiel intérimaire et au poste de Premier ministre. Cette liste comprend 45 noms dont trois femmes, parmi lesquels des poids lourds de la politique locale aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est, les deux grandes régions qui se disputent le pouvoir, et aussi dans le Sud. Toutefois, les résultats du vote sur le Conseil présidentiel libyen n'ont donné aucun gagnant, aucun candidat n'ayant pu obtenir le seuil requis de 75% des voix, a indiqué la Mission d'appui des Nations-Unies en Libye (Manul). Devant cette impasse qui ne dit pas son nom, Smaïl Chergui, commissaire de l'UA à la Paix et la Sécurité, n'a pas manqué de réagir, revenant ainsi aux fondamentaux de l'Union africaine quant à la résolution des conflits par les Africains. «C'est un problème africain, et nous avons une sensibilité que peut-être d'autres n'ont pas», a-t-il déclaré, rappelant le lien entre l'instabilité en Libye et la montée en puissance des groupes djihadjistes au Mali, au Niger et au Burkina ces dernières années, autre problématique épineuse pour l'Afrique. Et comme pour rebondir sur les propos du diplomate algérien, John Bolton, ancien conseiller à la Sécurité nationale des Etats-Unis, déclare que «l'anarchie en Libye est une situation terrible pour le peuple libyen, certes, mais présente aussi le risque de menace terroriste dans le monde entier, et déstabilise surtout d'autres pays de la région qui font face à des menaces et des dangers à l'intérieur de leurs propres frontières à cause de la situation en Libye». Si la voie du dialogue prônée par l'Algérie entre les belligérants libyens s'est imposée comme la démarche de sortie de crise la plus pertinente, il reste néanmoins que les ingérences extra-africaines exacerbent le conflit qui perdure depuis 2011 avec la chute de Maâmar El Kadhafi. Pour beaucoup d'observateurs, le chemin de la paix reste jonché d'obstacles, d'où toute l'importance de la poursuite des négociations. Il y va aussi de la paix dans la région. En Algérie, frontalière, la vigilance est de mise pour parer à tout risque de dérapage, sachant aussi que cette instabilité ouvre grand le champ au trafic transfrontalier des armes, voire de la drogue. Il est tout aussi intéressant, à travers les déclarations de John Bolton, de relever toute l'attention des administrations américaines quant à l'évolution de la crise libyenne qui hausse le ton aujourd'hui rompant ainsi avec une attitude de relative distance en comparaison de ses partenaires de l'Otan. Brahim Taouchichet