Abdelkader Amrani a été désigné comme successeur de Nabil Neghiz à la barre technique du MC Alger qui fêtera cette année son centenaire. Un changement intervenu pour, espère la direction conduite par Almas, «provoquer le déclic» au sein d'un ensemble qui était tout acquis au coach limogé à «l'amiable». Neghiz a fait les frais de sa naïveté. Lui l'entraîneur qui s'est fait l'avocat d'un groupe de joueurs qui commençaient à peine à «bien vivre». C'est le fin mot de l'histoire entre lui et le Doyen laquelle idylle a duré une petite année, période Covid-19 incluse. Le Mouloudia n'a rien gagné sous sa coupe, parce qu'il n'y avait rien à gagner lorsque la FAF a décidé de consacrer le Chabab de Belouizdad comme champion de l'exercice écoulé et de faire du MCA son dauphin au détriment de l'ES Sétif. Puis, à la reprise en septembre, un chantier commençait à sortir des calepins de l'ex-adjoint de Christian Gourcuff. Pas beaucoup de nouveautés au sein de l'effectif sinon un purge (El-Ouertani, Mebarakou, Nekkache, Derrardja et le tout dernier Wankewai Eva alias Rooney) qui a permis à l'équipe de mieux équilibrer ses compartiments. Neghiz a ramené Hadded (JSMS), et a autorisé les arrivées de Saâdou et Addadi (JSK), Isla (CABBA) et Abdelhafid (MCO). Il a sollicité et obtenu le prêt de Bensaha (ES Tunis) et, ensuite, la libération d'El-Mouedene, qui était de retour l'été dernier en provenance du MCO et qui a rallié le mois dernier le Mouloudia d'Oujda (Maroc). C'est le bilan «arrivées-départs» de Neghiz depuis qu'il a rejoint le MC Alger, en février 2020. Sur le plan technique, les Vert et Rouge ont livré sous la coupe du natif de Jijel 14 matchs sanctionnés par 7 victoires dont deux en Ligue des Champions d'Afrique (Buffles et CS Sfaxien), 5 nuls dont 1 face aux Buffles du Bénin à Porto-Novo et, enfin, 3 défaites (CS Sfaxien, WA Tlemcen et JS Saoura). Le MCA occupe la 7e place (19 points) à 8 unités du leader sétifien, mais avec un match de retard (face à l'USMA) et est en course pour la phase des poules de la LDC. Globalement, et hormis le CRB qui n'a pas encore connu la défaite depuis le début de la saison (Ligue 1 et Ligue des champions incluse), le bilan technique de Nabil Neghiz n'est pas si mauvais comme tendent à le faire croire certains. Il est bien plus conséquent et positif que les entames de saison des Mouloudéens depuis un certain nombre d'années. Le déclic, parlons-en ! L'explication donnée par Abdelnacer Almas pour justifier la séparation avec Neghiz, à savoir provoquer le déclic, ne tient point la route. Neghiz est, d'abord, victime de sa naïveté envers des joueurs qui pouvaient déléguer leur capitaine pour interpeller la direction à propos de leur situation financière. Ensuite de son franc-parler, cette «mauvaise parole» qui blesse. Au sortir du match contre l'US Biskra, Nabil Neghiz avait tiré la sonnette d'alarme pour dénoncer l'inaction des dirigeants du club dans la régularisation des indemnités des joueurs. Mal lui en prendra, ses propos ont été interprétés comme un acte de désobéissance de la part des membres du CA/SSPAA certainement sermonnés par leur mentor de la Sonatrach. Pour cette dernière dont le siège a été attaqué par des groupuscules excités la semaine passée, le bouc émissaire est tout trouvé. C'est Nabil Neghiz qui, par ses déclarations «incendiaires», a chauffé le peuple du Mouloudia et devait donc rendre le tablier sans ménagement. Son remplaçant, Abdelkader Amrani, était déjà prêt à entrer en scène. Des émissaires d'Almas ont, en effet, discuté avec l'entraîneur tlemcenien au lendemain du match contre l'USB. L'intermède du déplacement à Béchar n'était, en définitive, qu'un leurre pour ceux qui pensaient que le rendez-vous contre la JS Saoura était celui de la dernière chance de Neghiz. La sentence était connue bien avant la défaite face aux Bécharis, malgré cette «confiance renouvelée» signifiée à Neghiz à la veille du déplacement au sud-ouest du pays. Jeudi, la page Neghiz était définitivement tournée. Le report du derby aidant, l'intronisation de l'ex-driver du CSC est devenue effective dès samedi lorsque la paire Almas-Belkhiri est allée «tâter le pouls» du groupe pour le sensibiliser à bien accueillir le nouvel entraîneur et à faire en sorte que l'équipe reprenne sa dynamique du succès. Almas fera, à l'occasion, la promesse que toutes les indemnités en souffrance seront versées aux joueurs au courant de cette semaine. Une promesse qui a déjà été balancée au lendemain des déclarations de Neghiz, sans suite. Qu'est-ce qui a changé depuis ? Rien sinon que le nouvel entraîneur qui connaît la plupart des éléments formant le groupe ne voulait pas faire son intronisation à la barre technique d'une équipe «préoccupée par d'autres soucis autres que sportifs». La direction «éclatée» d'Abdelnacer Almas ayant promis (encore une promesse !) à Amrani de tout entreprendre auprès des décideurs de la firme pétrolière pour trouver une solution rapide. Pour les négociations, l'aspect pécuniaire n'était pas prépondérant. Amrani a accepté le salaire que la direction lui a proposé d'emblée. Il a, toutefois, posé une condition, celle de signer un contrat de six mois renouvelable en cas de satisfaction des deux parties concernant le parcours accompli jusqu'à la fin de cette saison. Une «période d'essai», en somme. Car Amrani, en parfait globe-trotter, sait que la mission est ardue. Parce que le Mouloudia veut fêter son centenaire par un titre. Parce que le MCA a un public exigeant. Et enfin, parce que l'actuelle direction n'a pas le pouvoir de tout décider au sein du club doyen. En six mois, jusqu'au mois d'août, en fait, Amrani doit vaincre et convaincre. Vaincre ses appréhensions de diriger un «club à problèmes» traversé par les courants et convaincre une galerie privée de joie depuis une éternité. C'est à ce niveau que le CDD d'Abdelkader Amrani a mis du temps avant d'être signé. M. B.