Karim Younès reconnaît toute la difficulté de la mission qui est la sienne, lui qui parle de «subsistance, à des niveaux élevés de la hiérarchie, d'esprits gelés, sectaires qui tentent toujours de nuire à la volonté d'asseoir des règles de fonctionnement de la République plus conformes aux normes d'une Algérie de son temps, telle que voulue par ses citoyens». M. Kebci-Alger (Le Soir)- Le médiateur de la République fait le bilan d'une année d'exercice, le tout premier, lui dont l'institution qu'il dirige a consumé, hier mercredi, sa première bougie. Une année pleine d'enseignements qui figurent dans le rapport annuel, fin prêt, qu'il remettra prochainement au chef de l'Etat. Des enseignements que Karim Younès a énumérés, hier mercredi, à Sidi-Bel-Abbès. Présidant un regroupement régional des médiateurs de la République des wilayas de l'ouest du pays, le second après celui des wilayas du centre du pays tenu le 4 février dernier à Médéa, l'ancien président de l'Assemblée populaire nationale a énuméré bien d'enseignements. D'abord ceux positifs dont l'étroite collaboration de secteurs dont les premiers responsables ont manifesté leur «disponibilité à coopérer avec l'institution de médiation, pour la prise en charge, dans des délais raisonnables, des requêtes soumises par les citoyens». Des responsables qui, parfois, au niveau central, répondent rapidement à ces doléances et trouvent des solutions aux problèmes soulevés», ajoute Younès qui relève, dans la foulée, que «lorsqu'il y a volonté, la majorité des problèmes trouvent rapidement leur dénouement et le citoyen reprend confiance». Et la satisfaction du médiateur de la République s'arrête malheureusement là, puisqu'il regrettera «des lenteurs inacceptables dans le traitement des dossiers administratifs, qui persistent même après l'intervention de la médiation. Au point de nous laisser penser, dans certains cas, à une volonté délibérée d'entraver la démarche de rénovation du système de gouvernance, voulue par le Monsieur le Président de la République, pour répondre aux revendications légitimes de la population, exprimées pacifiquement à travers le mouvement citoyen du 22 février 2019», avouera-t-il avec dépit. Et de reconnaître la «légitimité» du mécontentement d'une partie non négligeable des Algériens», un mécontentement provenant «essentiellement des difficultés qu'elle rencontre dans la satisfaction de ses droits civiques. Le citoyen est quotidiennement confronté à des obstacles pour récupérer son propre argent, pour obtenir un document d'état civil, obtenir un rendez-vous de consultation et/ou d'explorations médicales, à l'hôpital public, etc». Autre tare que l'institution de la médiation de la République a vérifiée sur le terrain : la bureaucratie qui, selon son premier responsable, a «gangréné l'administration algérienne» et qui est, selon lui, à l'origine de «l'agressivité qui caractérise le comportement des citoyens et la source principale de la corruption qui est devenue un véritable fléau social». Un mécontentement que «certaines parties ne manquent pas d'instrumentaliser pour porter atteinte aux institutions de l'Etat», dira Karim Younès qui avouera qu'il «ne sert à rien d'occulter cette réalité puisqu'il faudra la combattre», lui qui se dira convaincu que lutter contre la bureaucratie doit être le souci de tout responsable à tous les niveaux, mais également des médias qui doivent dénoncer toute entrave à la récupération d'un droit». Une lutte qui devra être «l'œuvre de toutes les bonnes volontés, indépendamment des divergences politiques saines, lesquelles pourront s'exprimer dans le respect mutuel, l'éthique et la non-violence, conditions nécessaires pour édifier une Algérie réellement démocratique et auquel j'assure un soutien absolu». Il faut préciser que le médiateur de la République devra animer trois autres regroupements régionaux de ses représentants au niveau des wilayas : à Annaba pour ceux des wilayas de l'est du pays, Adrar pour ceux des wilayas du sud-ouest du pays et, enfin, Ouargla pour ceux des wilayas du sud-ouest du pays. M. K.