Installant officiellement les délégués locaux du médiateur de la République, Karim Younes définit leur rôle et leurs missions et regrette le peu d'intérêt accordé par certains secteurs aux dossiers qui leur sont transmis dans le cadre de la médiation. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Installé en février dernier, le médiateur de la République a enregistré jusqu'au 2 décembre dernier, 4 793 requêtes. «J'ai reçu personnellement 2 793 citoyens venus de différentes wilayas du pays», a affirmé le ministre d'Etat et médiateur de la République, Karim Younes, jeudi, lors de la conférence nationale du médiateur de la République sous le thème «Médiateur de la République, missions et attentes», tenue à Alger. Le bilan dressé révèle que plus de 29 requêtes concernaient le ministère de l'Intérieur, notamment les problèmes de logements sociaux. Avec 883 requêtes, la wilaya d'Alger est ainsi en tête de liste, suivie par Oran avec 102 requêtes, Sétif 76 requêtes, Skikda 75 requêtes, Chlef 72 requêtes, et Constantine avec 50 requêtes. Tous ces chiffres, précise l'intervenant, ont été recensés avant l'installation effective des délégués du médiateur de la République dans les 48 wilayas et 11 circonscriptions administratives. Aujourd'hui, poursuit-il, «nous encourageons les citoyens à déposer leurs requêtes dans leurs wilayas». Il assure, à cet effet, qu'un rapport national détaillé est en train d'être élaboré. «Ce rapport sera à la portée des responsables et des citoyens. Il sera même disponible dans la Bibliothèque nationale et dans les Archives nationales et restera dans l'histoire de l'Algérie», dit-il. Insistant sur l'autonomie de son institution, Karim Younes rappelle que le rôle du médiateur de la République est d'aider les citoyens pour mettre fin à leurs conflits avec l'administration dans le cadre de la protection de leurs droits et libertés. Seulement fait-il remarquer, certains secteurs ne daignent même pas répondre aux dossiers qui leur sont adressés. «De grands secteurs ministériels stratégiques pour la sécurité nationale ont systématiquement répondu aux requêtes en moins de dix jours, alors que d'autres secteurs ne répondent pas», déplore-t-il. Il précise toutefois que le délégué local du médiateur de la République «n'est ni wali, ni magistrat, ni représentants du citoyen qui eux sont élus, ni avocat, et il n'est pas non plus un simple fonctionnaire de la wilaya. Le délégué local du médiateur de la République a sa place. Il est désigné par le président de la République par décret et doit être respecté à cette place là», note-t-il. Toujours est-il, pour accomplir sa mission, notamment à améliorer le service public et à lutter contre la bureaucratie, «le délégué doit être impartial et sans chapelle politique», ajoute le ministre d'Etat et médiateur de la République. De son côté, le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, a souligné l'importance de ce genre de rencontre pour dresser le bilan qu'il a qualifiée d'«autocontrôle» des différents intervenants dans le domaine de la médiation de la République. Selon lui, il s'agit de concrétiser la protection des droits des citoyens et de leurs libertés et de veiller au bon fonctionnement des institutions et administrations publiques. Il a rappelé à son tour, le rôle important des délégués locaux du médiateur de la République qui vise à renforcer la confiance entre l'administration et les citoyens. «Cette noble mission ne doit pas être interprétée comme un quitus pour l'établissement d'une administration parallèle qui piétine sur les missions et prérogatives des autorités locales auxquelles revient la prise de décision. La mission de ces délégués est plutôt de faciliter la tâche des démembrements de l'Etat pour répondre aux besoins des citoyens», insiste-t-il. Ry. N.