Neuvième finale à l'Open d'Australie et neuvième titre : Novak Djokovic, vainqueur intouchable hier de Daniil Medvedev, a remporté son pari contre la blessure abdominale qui a failli lui coûter un abandon au troisième tour et décroché son 18e titre majeur. Le n°1 mondial avait annoncé qu'il était prêt à prendre tous les risques physiques pour tenter d'aller le plus loin possible dans ce Majeur qui lui réussit si bien, car son objectif suprême est de détenir le record de titres du Grand Chelem. Il revient donc à deux longueurs de ses deux rivaux Roger Federer et Rafael Nadal qui en ont vingt chacun. Des douleurs abdominales ? A le voir s'élever dans les airs pour un smash qui lui donne l'avantage 3-0 dans le premier set, on se dit rapidement qu'il ne sera pas handicapé de ce côté-là. Résultat, 7-5, 6-2, 6-2 en moins de deux heures... «J'aurais voulu faire durer ce match pour qu'il soit plus intéressant pour vous, mais ce n'était pas le jour», s'est excusé Medvedev auprès du public. Pourtant, le Russe semblait un adversaire coriace : il restait sur une série de vingt victoires d'affilée, dont dix en 2021, n'avait plus perdu depuis un quart contre Kevin Anderson à Vienne en octobre, avait remporté le Masters 1000 de Paris et les Masters de fin de saison, et visait une 12e victoire consécutive contre un joueur du Top 10. Et il avait passé quatre heures et demie de moins, l'équivalent d'un gros match en cinq sets, que Djokovic sur le court pour atteindre la finale. «Encore s'arracher» Mais le Serbe avait prévenu : «Avec tout le respect que je dois aux autres joueurs (que Federer et Nadal, ndlr), ils ont encore beaucoup de travail à faire pour prendre la relève. Je ne vais pas rester là et les laisser faire. Je vais les obliger à s'arracher pour y parvenir», avait-il déclaré sur Eurosport. Promesse tenue et pari gagné, donc : si Dominic Thiem avait réussi à remporter son premier tournoi du Grand Chelem à l'US Open l'an dernier, en l'absence de Federer et Nadal et après la disqualification de Djokovic, les «anciens» ont repris le contrôle des Majeurs : Nadal a étendu son règne à Roland-Garros (13 titres) et Djokovic le sien à Melbourne (9). «Daniil est un des joueurs les plus difficiles à jouer que j'aie rencontrés. Ne t'inquiète pas, ce n'est qu'une question de temps avant que tu brandisses un trophée du Grand Chelem... Mais si tu voulais bien attendre encore quelques années, ça m'arrangerait», a lancé Djokovic en souriant à l'issue de la partie. A 33 ans, le Serbe battra un des records de Federer le 8 mars, quand débutera sa 311e semaine au sommet de la pyramide mondiale, le Suisse étant bloqué à 310 depuis le 24 juin 2018 et éloigné des courts. Podium De son côté, Medvedev atteindra quand même, à 25 ans, son meilleur classement aujourd'hui en délogeant de la troisième marche du podium le finaliste de l'an passé à Melbourne, Dominic Thiem. Contrairement à sa première finale majeure, en 2019 à l'US Open où il avait poussé Nadal au cinquième set d'un match d'anthologie, le Russe n'a cette fois pas eu l'occasion de vraiment y croire. Trop lent à entrer dans le match, il était rapidement mené 3-0. Il a réussi à recoller à 3-3, mais a cédé la première manche sur son jeu de service. Et n'a plus jamais été menaçant. Il avait pourtant espoir de devenir le premier Russe à s'imposer à Melbourne depuis Marat Safin en 2005. Cette année-là, Safin avait balayé au premier tour un jeune joueur de 17 ans qui jouait son tout premier Open d'Australie... Novak Djokovic. Seize ans plus tard, le Serbe a réalisé son second triplé australien après avoir enchaîné les titres 2011, 2012 et 2013. Deux autres joueurs ont gagné au moins trois fois de suite à Melbourne : Jack Crawford (1931-1933) et Roy Emerson qui en a gagné cinq de 1963 à 1967. Et ils ne sont toujours que huit joueurs en activité à avoir inscrit leur nom au palmarès d'un tournoi du Grand Chelem : Federer et Nadal (20), Djokovic (18), Murray et Wawrinka (3), Cilic, Del Potro et Thiem (1).