La 4e aura été la bonne pour Dominic Thiem : l'Autrichien, formidable d'abnégation, a remporté son premier tournoi du Grand Chelem à l'US Open au bout d'une remontée fantastique, après avoir été mené de deux sets par l'Allemand Alexander Zverev, dimanche à Flushing Meadows. A 27 ans, le 3e mondial, vainqueur 2-6, 4-6, 6-4, 6-3, 7-6 (8/6) en 4 heures et 1 minute d'un combat éreintant, parvient enfin à goûter à un sacre Majeur, lui qui avait chuté en finale à Roland Garros en 2018 et 2019, à chaque fois contre Rafael Nadal, puis au dernier Open d'Australie en février, battu par Novak Djokovic. Il est le premier nouveau vainqueur d'un Majeur depuis Marin Cilic à l'US Open 2014. Et il est le premier vainqueur hors «Big 3» depuis Stan Wawrinka à Flushing Meadows également, en 2016. Cette année, Novak Djokovic a été disqualifié pour un geste d'humeur en 8es de finale, tandis que Roger Federer (opéré d'un genou) et Rafael Nadal avaient fait l'impasse sur ce tournoi joué dans des conditions inédites, dictées par le coronavirus, et notamment à huis clos. Tombé au sol, les bras en croix après la faute directe de Zverev sur sa troisième balle de match, il s'est péniblement relevé et c'est son adversaire, également son ami hors des courts, qui est venu à sa rencontre pour l'étreindre, privilégiant le fair-play à la distanciation imposée par le protocole. «On le méritait tous les deux» «C'est le premier de tes nombreux titres du Grand Chelem, à n'en pas douter. C'était une rude bataille, j'aurais aimé qu'il rate un peu plus de coups pour pouvoir soulever le trophée, mais voilà, je fais le discours du finaliste», a commenté ensuite le 7e mondial, passé si près - plusieurs fois à deux points du match - de connaître pareille première joie. Au lieu de quoi, les larmes du jeune homme de 23 ans sont montées au micro. Il a eu toutes les peines à les réprimer en évoquant à quel point ses parents, qui le suivent tout le temps sur le circuit habituellement, lui manquaient. «On se connaît depuis 2014, on est devenus tout de suite amis et notre rivalité a commencé en 2016. C'est incroyable où tout ça nous a menés aujourd'hui. J'aurais vraiment aimé qu'il y ait deux vainqueurs ce soir, on le méritait tous les deux», lui a rendu hommage Thiem. Après sa victoire solide en demi-finales aux dépens de Daniil Medvedev, finaliste l'an passé, le cogneur autrichien apparaissait comme le favori légitime de cette finale. Sans compter qu'il menait 7 victoires à 2 et restait sur trois victoires consécutives dont la dernière en demi-finales à Melbourne (3-6, 6-4, 7-6, 7-6). Parfum historique Ce 8e succès a un parfum historique car il fait de Thiem le premier joueur en 70 ans à remporter une finale de l'US Open après avoir été mené deux sets à rien. Deux sets durant lesquels il est passé à côté de sa finale, apparaissant stressé par l'enjeu et la pression. Il avait face à lui un joueur surfant sur son exploit en demi-finale, au cours de laquelle il avait justement réussi pour la première fois de sa carrière à remonter deux sets de retard pour s'imposer aux dépens de l'Espagnol Pablo Carreño. Thiem a fini par retrouver les mêmes ressources mentales pour revenir à sa hauteur malgré un break au début du troisième set. Et le bras de fer s'est singulièrement intensifié au 5e set. Breaké à 5-3, l'Autrichien a immédiatement repris le service de Zverev et une fois de plus au 11e jeu pour mener 6-5. Mais Zverev est parvenu à débreaker à son tour pour arracher un jeu décisif, dans lequel l'Allemand a fini par craquer. Prostré sur sa chaise après coup, le regard dans le vide, il a dû se demander comment le match avait pu lui échapper. Mais conscient d'être à son tour tout proche du but, il l'a promis à son camp : «On est sur la bonne voie, un jour on soulèvera un trophée du Grand Chelem, c'est certain».
Masters 1000 de Rome Djokovic a hâte de tourner la page de l'US Open Novak Djokovic, arrivé à Rome pour disputer le Masters 1000, a confié hier sa hâte de retrouver les courts après sa disqualification spectaculaire à l'US Open pour avoir involontairement lancé une balle sur une juge de ligne. «C'est bien d'avoir un tournoi qui arrive une semaine, dix jours après ce qui s'est produit. Plus tôt je reprendrai la compétition, plus vite je surmonterai ce souvenir», a lancé le n°1 mondial lors d'une conférence de presse au Foro Italico, où a débuté, hier, le Masters 1000 de Rome. Le Serbe, qui ne débutera probablement que mercredi à Rome, car il est exempté du 1er tour comme toutes les huit premières têtes de série, est revenu sur le «choc» qu'a constitué son élimination en 8es de finale de l'US Open. «C'était totalement inattendu et involontaire», a-t-il rappelé au sujet de la balle lancée sur une juge de ligne, auprès de laquelle il s'est de nouveau excusé. «Mais quand vous frappez une balle comme je l'ai fait, vous avez une chance de toucher quelqu'un sur le court. Les règles sont claires, je l'ai accepté. Je dois avancer et passer à autre chose», a souligné Djokovic, qui a perdu à cette occasion son premier match de l'année 2020. S'il a rappelé avoir beaucoup travaillé pour «contrôler ses émotions» et éviter ce genre de coups d'éclat, il n'a pas voulu s'engager pour l'avenir : «Je ne peux pas garantir ou promettre que ça n'arrivera plus jamais dans ma vie... Je vais évidemment tout faire pour, mais tout est possible dans la vie.» «Je n'oublierai jamais. Ce sera toujours là. Mais je dois le digérer, accepter la leçon et devenir plus sage, si possible, et plus riche en termes d'expérience», a-t-il continué. Le n°1 mondial a toutefois jugé «étrange et décevant de finir comme ça» à l'US Open, où il «se senta(it) bien» au niveau du jeu et «confiant» sur ses performances. Pour autant, il ne s'attend pas à ce que cela le perturbe outre-mesure dans son jeu cette semaine et dans la façon de «taper la balle, mais bien sûr pendant le point (sourires...)».