Le recours à une seule dose de vaccin anti-Covid-19 pour les personnes ayant fait une infection au virus SARS-CoV-2 n'a pas, pour le moment, été tranchée en Algérie. Ce processus préconisé dans certains pays occidentaux ne risque pas de suivre le même chemin dans notre pays en raison des contraintes liées aux moyens techniques permettant d'identifier toutes les personnes porteuses des anticorps de cette maladie. Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Le directeur général de l'Institut Pasteur, le Dr Fawzi Derrar, avait assuré, il y a quelques jours, que les personnes ayant été infectées par le coronavirus ne nécessitent qu'une seule dose du vaccin anti-Covid-19. Selon lui, ces personnes ont déjà acquis une immunité contre cette maladie et ne devraient être vaccinées qu'une fois et ce, six mois après l'infection. Cette donnée scientifique qui découle des recherches effectuées dans plusieurs pays occidentaux, notamment en France et au Canada, ne semble pas pour autant intéresser les autorités sanitaires algériennes. La preuve : le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de Covid-19 n'a toujours pas étudié cette question qui reste en suspens. Certes, précise le Dr Mohamed Bekkat Berkani, membre dudit comité, «c'est ce que recommandent les dernières remontées scientifiques, mais le comité n'a pas encore débattu de cette problématique pour le moment». Le principe de la vaccination, rappelle le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), est justement d'introduire des composants de l'agent causal (virus dans le cas de la Covid-19), pour susciter une réaction du système immunitaire. «L'agent introduit génère les effets de la maladie de manière atténuée chez une personne saine. Il reproduit ce qui se fait naturellement par l'infection», explique-t-il. Le Dr Lyes Merabet précise, à cet effet, que les experts ont retenu six mois après l'infection comme durée de la couverture immunitaire. «Les gens qui ont été atteints par la Covid-19 ont été en contact avec le germe de façon naturelle, et ont développé un niveau de protection immunitaire naturelle suffisant pour les protéger pendant six mois. Ils n'ont besoin donc que d'une seule dose de vaccin dans les délais. Elle sera un rappel pour renforcer la mémoire immunitaire afin de reproduire les anticorps et la réaction immunitaire», dit-il. Adopté par nombre de pays occidentaux, ce processus risque en Algérie de se heurter à des obstacles. Soulignant les capacités «limitées» de notre pays en termes de tests PCR et de tests sérologiques, le président du SNPSP s'interroge : «Comment peut-on donc identifier toutes les personnes atteintes par la Covid-19 ?» Il fait remarquer qu'un titrage anticorps s'impose à une grande partie de la population, afin de savoir si la personne maintient un taux d'anticorps suffisant pour la protéger. «C'est très difficile à réaliser puisque nous manquons de moyens et de tests. Nous manquons de tests PCR et nous sommes incapables de réaliser des tests de sérologie chez tout le monde. Nous sommes obligés d'administrer deux doses pour chaque personne», conclut-il. Ry. N.