De nombreux universitaires, dont des avocats, des journalistes, des citoyens anonymes ont affirmé leur soutien à l'islamologue, spécialiste du soufisme, Djabelkhir. Ahmed Kessi - Alger (Le Soir) - Le procès intenté à l'universitaire chercheur Saïd Djabelkhir, spécialiste du soufisme, qui devait se tenir avant-hier au tribunal de Sidi-M'hamed, est reporté au 1er avril prochain. Le report est prononcé à la demande des avocats de l'accusé. La plainte retenue contre l'islamologue a été déposée par un certain Abdelkader Boubedjra, enseignant à l'Université de Bel-Abbès, qui l'a accusé de porter atteinte «aux préceptes de l'Islam et aux rites musulmans» en s'appuyant sur l'article 144bis 2 du code pénal. L'alinéa a été introduit à l'article en 2006. Dès que l'information sur ce procès fut connue, notamment sur les réseaux sociaux, de nombreux universitaires, militants et autres citoyens anonymes lui ont adressé des messages de soutien et des avocats se sont constitués pour le soutenir et le défendre. De passage sur « LSA direct » (voir vidéo sur le site du journal), le chercheur est longuement revenu sur les dits et non-dits de cette plainte déposée contre lui. Il a, par ailleurs, regretté que le débat-critique qui devait prévaloir dans le milieu universitaire ait laissé place à la pensée unilatérale et figée. D'emblée, le chercheur se penche sur l'article 144bis 2 qui, dans plusieurs de ses alinéas, concerne la diffamation sur le plan politique, religieux et même journalistique, et affirme que celui-ci n'est pas vraiment clair. «Le problème est que l'article n'est pas explicite. On parle sur quelle base, quelle norme : malékite, achârite ou soufie (qui sont les normes de base dans le discours religieux en Algérie), ou soufi, salafiste ou wahhabite ? C'est ce qui n'est pas clair dans cette loi. Je cite notamment les citations de l'Emir Abdelkader dans son livre El Mawakif qui contreviennent directement alors au contenu de cette loi », tout en précisant qu'il ne connaît le plaignant qu'à travers les réseaux sociaux. Sur la question d'une éventuelle incompréhension de ses initiatives de débat, de critique ouverts qui peuvent être assimilées à une «simple polémique», l'animateur du cercle «Pensée libre» dira : « Loin de moi l'idée de faire le buzz. Ce sont des questions qui se posent à nous spontanément et au quotidien où nous sommes en contradiction avec certains aspects de la modernité par rapport à notre patrimoine religieux (entendre lecture du Coran et des Hadiths). En tant qu'islamologue, on est appelé à donner notre avis et proposer de nouvelles lectures de ces textes qui puissent à même lever les contradictions qui existent aujourd'hui.» A. K.