Une conférence de haut niveau est prévue lundi à Genève pour appeler à un soutien international au peuple yéménite, coïncidant avec une visite de l'envoyé spécial de l'ONU au Yémen, Martin Griffiths, à la capitale saoudienne, Riyadh, axée sur les moyens d'instaurer un cessez-le-feu dans ce pays où les déplacés sont confrontés à un risque imminent de famine. Le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) a souligné qu'«afin de mobiliser le soutien international en faveur du peuple yéménite, Filippo Grandi, le haut commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés, participera lundi à la conférence virtuelle de haut niveau pour appeler à un soutien international robuste envers des efforts d'aide humanitaire vitaux». Le HCR recherche 271 millions de dollars pour ses opérations au Yémen en 2021. «Seulement 6% de ce montant a déjà été reçu et nous pourrions être obligés de réduire considérablement le nombre de bénéficiaires de l'aide, avec des conséquences dramatiques notamment pour les déplacés (...)», a déclaré récemment le porte-parole du HCR Boris Cheshirkov. Lundi soir, M. Griffiths est arrivé à Riyadh dans le cadre du renforcement des «efforts pour parvenir à un cessez-le-feu à l'échelle nationale, l'allègement des souffrances du peuple yéménite et la reprise du processus politique». Le porte-parole des Nations-Unies, Stéphane Dujarric, avait indiqué qu'«il est prévu que Griffiths se réunisse dans les prochains jours avec des responsables et des diplomates yéménites et saoudiens», sans donner de détails supplémentaires. La visite de Griffiths intervient à l'issue d'une série d'escalades militaires sur plusieurs fronts yéménites, en particulier dans la province de Marib (est). Dans ce contexte, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, jeudi soir, la résolution (numéro 2564), publiée en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations-Unies (qui stipule que la force armée peut être utilisée pour l'appliquer), a renouvelé le système des sanctions financières et des interdictions de voyager contre des individus et des entités menaçant la paix, la sécurité et la stabilité au Yémen, jusqu'au 28 février 2022. Le mandat du groupe d'experts chargés de contrôler l'interdiction d'exportation des armes a été prorogé jusqu'au 28 mars de la même année. Le Yémen fait l'objet de sanctions interdisant les exportations d'armes depuis 2015, conformément à la Résolution 2216 du Conseil de sécurité, qui visent le mouvement Ansarulah dits Houthis et les forces alliées au défunt Président Ali Abdallah Saleh. Elles sont renouvelées chaque année. La Résolution 2 564 condamne l'escalade continue à Marib, au Yémen. Elle appelle à cesser immédiatement les attaques, sans conditions préalables, à mettre fin à l'escalade et à cesser le feu dans toutes les régions du pays. Le document souligne la responsabilité du mouvement houthi quant au «supertanker de stockage et déchargement» de pétrole Safer, amarré en mer Rouge, au nord de la ville yéménite d'Al-Hodeïda. Le Conseil de sécurité s'est félicité de la formation du nouveau gouvernement yéménite conformément à l'Accord de Riyadh et a appelé, dans sa résolution, à la reprise urgente des pourparlers entre les différentes parties. Le Conseil a exhorté les Etats membres à «soutenir les efforts des gardes-côtes yéménites, en vue de la mise en œuvre effective des mesures imposées par la Résolution 2216, dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Yémen». Boris Cheshirkov a appelé à un couloir de sécurité pour les civils qui sont forcés de fuir leurs domiciles. «Les belligérants ne doivent épargner aucun effort pour protéger la population prise au piège dans le conflit et atténuer son impact sur les civils», a-t-il soutenu. Il ajoute que «l'insécurité continue d'entraver l'acheminement de l'aide aux civils à Marib, avec des conséquences désastreuses pour les plus vulnérables d'entre eux». Le responsable onusien a relevé que les sites existants de déplacés internes sont déjà surpeuplés, et les efforts d'aide humanitaire sont mis à rude épreuve. Plus de 800 000 déplacés yéménites ont trouvé refuge dans cette partie du pays, et ce, depuis le début du conflit en 2015 pour la plupart d'entre eux, selon les chiffres de l'agence onusienne. D'après le même responsable, le nombre croissant de déplacés yéménites est désormais confronté à une grave insécurité alimentaire. Selon les évaluations du HCR, 64% des familles déplacées n'ont aucune source de revenus. D'autres gagnent moins de 50 dollars par mois.