La pomme de terre renoue avec la flambée des prix. Sur les étals du marché, le tubercule affiche, depuis quelques jours, une hausse de plus de 40%. Le soulèvement du vent de sable qui a affecté dernièrement la wilaya d'El-Oued, l'une des régions de production de la pomme de terre, semble être à l'origine de la perturbation du marché de ce produit. Explications. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Après quelques semaines de répit, le prix du kilogramme de la pomme de terre a augmenté d'un cran. En quelques jours, il est passé de 40 dinars à 70 dinars, voire 75 dinars. Une hausse de plus de 40% qui touche de plein fouet les consommateurs. «La pomme de terre est un produit de première nécessité et est fortement consommée par les Algériens. Nous avons été surpris par l'augmentation de son prix, et nous désapprouvons cette situation, surtout en cette période difficile sur les plans social et économique», souligne Mustapha Zebdi, président de l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement (Apoce). Il appelle, à cet effet, les organismes de régulation, notamment l'Office national interprofessionnel des légumes et des viandes (Onilev), à intervenir pour réguler le marché. «Les mécanismes de régulation doivent être déclenchés très rapidement. Il faut que les procédures soient très rapides et accélérées, et recourir au stock de pomme de terre pour rééquilibrer son prix sur le marché», recommande Mustapha Zebdi. Quelles sont réellement les raisons de cette flambée inopinée des prix de la pomme de terre ? Le président de la Chambre d'agriculture d'Aïn Defla, Hadj Djaâlali, pointe du doigt le soulèvement du vent de sable qui a affecté dernièrement la wilaya d'El-Oued, une région de production du tubercule. Il assure qu'une commission a été dépêchée la semaine dernière à Oued Souf par le ministère de l'Agriculture pour s'enquérir des causes de la rareté de ce légume sur le marché. «Selon cette commission, deux facteurs ont perturbé le marché de la pomme de terre. D'abord le vent de sable qui a empêché les fellahs de Oued Souf de récolter leur production, puis les nombreux grossistes de la région est du pays, notamment de Constantine, Mila, Annaba..., qui se sont déplacés à El-Oued pour s'approvisionner en pomme de terre, et qui y sont restés bloqués en raison du vent de sable», explique-t-il. L'épisode du vent de sable passé, les agriculteurs, poursuit-il, vont reprendre leur activité et la récolte de la pomme de terre, et les grossistes vont approvisionner le marché. Afin de parer à cette perturbation, il précise que le ministre de l'Agriculture avait ordonné les structures de son département de déstocker une quantité bien déterminée du tubercule, et de l'injecter dans le marché pour le rééquilibrer. Hadj Djaâlali rappelle, par ailleurs, que la région de Aïn Defla assure la pomme de terre d'arrière-saison qui arrive sur le marché entre le mois de décembre et celui de janvier. «Depuis maintenant quelques mois, cette production alimente les régions de Aïn Defla, Chlef, Tipasa, Blida, Relizane, Médéa, Bouira et Boumerdès. Actuellement, nous utilisons le stock», note-t-il. Le marché s'approvisionne ainsi de la production de Aïn Defla qui interagit avec celle de la région d'El-Oued, encore en pleine période de récolte. La pomme de terre «la primeur», provenant de Mostaganem et de Skikda, elle, sera prête dans un mois. «La primeur arrivera sur le marché vers le mois de Ramadhan, une période où la consommation de la pomme de terre est en baisse. À ce moment, le marché sera approvisionnés par la production déstockées des frigos et de celle provenant de la nouvelle récolte», détaille-t-il. Ry. N.