Avec l'objectif de faire baisser le prix de la pomme de terre, qui connaît ces derniers mois une hausse injustifiée, et contrecarrer également les pratiques spéculatives des intermédiaires, un dispositif anti-spéculation a été mis en place par l'Entreprise publique des entrepôts frigorifiques de la méditerranée (Frigomedit). Ce système, instauré il y a une quinzaine de jours, consiste à approvisionner des détaillants à partir des entrepôts frigorifiques sans passer par d'autres intermédiaires. Le prix de la pomme de terre vendue dans le cadre de ce dispositif est fixé à 55 DA le kilogramme, dont une marge de 5 DA revient au commerçant qui vend directement aux consommateurs. C'est ce qu'a expliqué hier à l'APS, le directeur général de la Centrale trading des magasins généraux (Citrad, filiale de Frigomedit), M. Djaafar Chiboub, ajoutant qu'auparavant, les grossistes étaient les seuls à s'approvisionner auprès de ces entrepôts pour fournir, à leur tour, la marchandise aux détaillants. M. Chiboub a également précisé que cette pomme de terre est issue de la récolte de saison de l'été dernier et est triée, lavée et conditionnée dans un emballage divisionnaire d'un et de deux kg. En outre, Frigomedit dispose d'une trentaine d'entrepôts frigorifiques lesquels approvisionnent les commerçants ambulants, l'objectif étant de toucher le plus grand nombre de quartiers. Revenant sur la hausse spéculative du prix de la pomme de terre, M. Chiboub a estimé que «cette hausse n'est pas due seulement au manque de production en cette période de soudure, mais aussi à des comportements spéculatifs exercés par certains intermédiaires». Rappelons que l'Office national interprofessionnel des légumes et viandes (Onilev) a donné instruction de déstocker des quantités importantes de pomme de terre pour enrayer la hausse des prix qui a dépassé son seuil raisonnable. A titre d'indication, il est à rappeler que plus de 33 000 tonnes de pomme de terre ont été déstockées des chambres froides de Aïn Defla et plus de 35 000 tonnes de ce tubercule l'ont été également durant le mois de juillet dernier au niveau des marchés de la wilaya de Boumerdès. Mais ces opérations n'ont pas réussi à mettre un terme à la spéculation. Selon l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) la hausse des prix de la pomme de terre est à imputer à la mauvaise gestion des stocks ainsi qu'à la baisse de la production. Pour l'Ugcaa, le déstockage inopportun de la pomme de terre et sa commercialisation en dehors des circuits formels et des marchés de gros légaux sont les causes de la perturbation. L'union a alors appelé à «déterminer les responsabilités» quant à l'itinéraire commercial de ce produit. Elle a également considéré que «faire endosser aux commerçants et aux grossistes la flambée des prix de la pomme de terre est une tentative de détourner les regards des vraies raisons de cette hausse». Questionné à ce propos, le directeur général de la Centrale trading a rappelé que l'opération de déstockage se fait dans le cadre du Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac), qui intervient lors d'un manque ou d'un surplus de production sur le marché. Pour le même responsable, ce dispositif a commencé à donner des résultats. D'ailleurs, a-t-il observé, «les spéculateurs, qui ont été lésés par ce nouveau dispositif, font dans la désinformation selon laquelle la pomme de terre vendue par Frigomedit est importée. Ce qui n'est pas vrai. Nous n'avons jamais importé de la pomme de terre». Par ailleurs, le ministère de l'Agriculture a rassuré qu'il n'y avait point de pénurie de pomme de terre. En plus des quantités importantes déstockées ces derniers jours, le responsable de la communication, M. Djamel Barchiche, a fait savoir que la récolte est en train d'arriver, au fur et à mesure, de Tiaret, de Sétif et de Mostaganem. H. Y./APS