Le directeur général de l'Institut national des études de stratégies globales, Abdelaziz Medjahed, a été, hier mardi, l'invité du Forum du quotidien arabophone El Wassat. Précisant qu'il s'exprime en sa qualité de citoyen et non en sa qualité officielle, il a répondu à plusieurs questions d'actualité. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - La première question est relative à la « guerre électronique » évoquée par des officiels qui serait menée contre l'Algérie. Il s'agit pour Abdelaziz Medjahed « d'une guerre psychologique à laquelle recourent certaines parties car elle n'est pas coûteuse, accessible à tous et ne connaît aucune frontière », grâce aux moyens de communication modernes. « La guerre électronique est l'une des formes de conflit pour imposer des volontés : c'est-à-dire qu'il y a une partie qui veut imposer sa volonté à une autre partie. Ce type de guerre a pris de l'importance avec le développement technologique », a-t-il expliqué en s'interrogeant : « Qui domine les réseaux sociaux dans le monde » et quels sont les objectifs des guerres électroniques ? L'orateur a accusé le Maroc de mener une guerre contre l'Algérie « en volant son patrimoine (il cite la présentation du roi Juba II comme étant marocain dans des musées à l'étranger), et en propageant des contre-vérités », en citant l'exemple de l'origine de la création de l'armée marocaine, à laquelle des Algériens tels que Mohamed Boudiaf avaient contribué. Interrogé sur les élections législatives du 12 juin prochain, Abdelaziz Medjahed a appelé les citoyens à assumer leur devoir de citoyenneté et choisir les meilleurs candidats. Il a fait observer le recul des idéologies et du rôle des partis politiques dans le monde car, a-t-il expliqué, « le citoyen a tous les moyens, avec le développement technologique, d'exprimer ses avis et opinions », et n'a plus besoin d'adhérer à un parti politique pour le faire. Ces élections législatives sont-elles de nature à apporter une solution à la crise du pays ou plutôt à aggraver la crise, surtout avec le retour du mouvement populaire et les risques d'avoir une Assemblée élue avec un faible taux de participation et donc une légitimité écornée ? À cette question, le conférencier répond en posant la question de savoir pourquoi les citoyens ne votent pas, en les appelant à assumer leur devoir de « citoyenneté ». Abordant le Hirak populaire, le conférencier a indiqué que ce mouvement est « parfait mais incomplet, car il n'a pas produit de programme ». Il a expliqué que le peuple algérien a mené un hirak en 1945 contre l'occupation française, ajoutant que ce hirak de 1954 avait donné naissance à l'OS (Organisation secrète), et l'OS avait produit un programme qui avait mené à la guerre de Libération nationale. Rappelant que les slogans du mouvement populaire du 22 février 2019 portaient au départ sur la justice, la liberté et la démocratie, l'orateur a soutenu que « le Hirak est respectable », tout en s'interrogeant : « Pourquoi ce mouvement qui a mobilisé des millions de citoyens n'a pas fait émerger des représentants ? » Pour lui, le problème se situe au niveau de la citoyenneté, en soulignant le devoir de l'élite qui a un « devoir d'éclairer et d'encadrer ». L'orateur a affirmé qu'il était contre un processus de transition, expliquant qu'une telle démarche avait été essayée dans les années 90 sans succès. À propos de la participation de l'armée algérienne dans des opérations militaires à l'étranger, l'orateur a précisé que cette participation obéit à certaines conditions constitutionnelles, à savoir que l'intervention doit se faire dans le cadre de la légalité internationale et qu'elle se fera après feu vert du Parlement. « C'est uniquement dans ce cadre que l'ANP pourra mener des opérations à l'extérieur », a-t-il souligné. K. A.