Le Pacte de l'alternative démocratique (PAD) a organisé, hier, au siège du MDS, à Alger, faute d'avoir été autorisé à la tenir dans une salle publique, une conférence intitulée : «Mobilisons-nous pour la liberté et le multipartisme». Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - La rencontre a vu la participation de plusieurs personnalités publiques connues, à l'instar du sociologue Nacer Djabi et de l'avocat Mostefa Bouchachi, en plus des membres du PAD, à savoir le RCD, le PT, le MDS, l'UCP, le PST, la Laddh et le collectif du «Manifeste pour une Algérie nouvelle». L'ancien coordinateur de l'instance présidentielle du FFS, Ali Laskri, écarté suite au dernier congrès extraordinaire du parti qui s'est retiré du PAD sans en faire l'annonce officielle, et certains anciens cadres qui lui sont restés fidèles, ont participé à la conférence. C'est aussi le cas de l'ancien coordinateur du PLD Mustapha Hadni qui a répondu présent à l'invitation des organisateurs, alors que le parti s'est retiré du PAD. Dans sa déclaration préliminaire, lue par Mme Fadhila Chitour-Boumendjel, cette dernière a dénoncé un climat de répression des libertés et la remise en cause du multipartisme ces derniers mois par le nouveau pouvoir politique. Evoquant des «attaques» contre le pluralisme, elle a pointé du doigt un pouvoir qui veut «empêcher le retour de la révolution populaire». Elle a dressé un constat amer de la situation politique du pays, marquée par «l'interdiction du débat public», «les violations des droits et libertés» et «l'interdiction des activités des partis de l'opposition partisans du Hirak». En même temps, elle a fait remarquer que les partisans du pouvoir qui sont les mêmes partisans du cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika ne trouvent aucune difficulté à organiser leurs activités. Mme Fadhila Chitour-Boumendjel a soutenu que «la reprise des manifestations populaires est un signe d'espoir» malgré le climat de répression qui prévaut dans le pays. Elle a appelé à l'arrêt de cette répression, à la libération immédiate de tous les détenus d'opinion et à la levée des restrictions sur la liberté d'expression, afin, a-t-elle expliqué, «de faire aboutir pacifiquement les objectifs du Hirak». Intervenant sur la question des droits de l'Homme, l'avocat Mostefa Bouchachi a dressé un tableau noir de la situation en Algérie depuis le début du mouvement populaire. Selon lui, les droits de l'Homme sont bafoués dans le pays et les appareils sécuritaire et judiciaire sont instrumentalisés par le régime politique pour réprimer les droits et libertés des citoyens. Il estime que «toutes les institutions de l'Etat (justice, services de sécurité, administration...) sont au service du régime et non de l'Etat de droit», relevant «des pratiques dangereuses» comme celles qui consistent à «arrêter les citoyens avant de leur chercher des chefs d'inculpation en fouillant dans leur téléphone et leur page sur les réseaux sociaux». Pour lui, la justice ne peut pas être indépendante dans les conditions actuelles, surtout avec une Constitution qui stipule que «la justice est indépendante mais c'est le président de la République qui est garant de cette indépendance». Mostefa Bouchachi affirme que la justice ne protège pas les libertés et les droits des citoyens, l'accusant d'être un instrument entre les mains du régime politique. «Je connais des juges amis qui m'affirment qu'ils ont honte de dire qu'ils sont des juges», a-t-il argué pour illustrer la gravité de son propos. Pour étayer davantage ses propos, l'orateur a rappelé les conditions de l'arrestation du journaliste Khaled Drareni en plein exercice de son métier, le procès en appel de Karim Tabbou à la cour d'Alger et l'incarcération de Fodil Boumala avant d'être remis en liberté 24 heures seulement après. K. A.