Après la salve de critiques encaissée suite à ses propos sur les détenus d'opinion et du mouvement populaire et sa réception par le chef de l'Etat dans le cadre de ses consultations, le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, réplique et accuse certaines parties de vouloir spolier le Hirak. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Premier chef de parti à être reçu par Abdelmadjid Tebboune, le président de Jil Jadid regrette les attaques qu'il a subies pour avoir accepté le dialogue. Invité hier au forum du quotidien Le Courrier d'Algérie, il s'est attaqué à ses détracteurs en accusant certains, sans les désigner nommément, « de se permettre de parler au nom du peuple », dénonçant « des tentatives de spolier le Hirak au profit de certaines personnes ». Enfonçant le clou, il a affirmé que « ceux qui nous accusent d'être du pouvoir sont les restes du régime de Bouteflika ». Se disant conscient que l'acceptation du dialogue avec le pouvoir « peut mécontenter une partie du Hirak », Soufiane Djilali a défendu son option tout en précisant que « accepter de dialoguer ne signifie pas accepter l'issue de ce dialogue ». M. Djilali a appelé à « réfléchir raisonnablement », demandant à ceux qui s'opposent au dialogue de proposer des alternatives. Soulignant que les partis politiques et les élites doivent proposer des solutions et non « se cacher derrière les pancartes des manifestants », il a soutenu que « continuer à marcher chaque vendredi en attendant le changement est un peu romantique ». Précisant qu'il a décelé une volonté affichée de changer les choses chez le chef de l'Etat, Soufiane Djilali s'est toutefois interrogé « si le Président a les moyens politiques d'aller au bout de son intention » et si des forces de l'inertie qui peuvent dévoyer les choses sont existantes. Il espère que les consultations de Tebboune ne seront pas une nouvelle manœuvre du pouvoir. Revenant sur ses propos sur les détenus du mouvement, l'orateur a affirmé qu'il n'avait pas condamné par avance ces détenus ni s'être attaqué à eux, rappelant que lors de sa rencontre avec Tebboune, il a donné des noms de certains prisonniers en demandant leur libération. Selon lui, « la majorité écrasante des détenus du Hirak était libérée ». La question de la libération des détenus ainsi que la levée du quadrillage sécuritaire sur Alger font l'unanimité quant à leur satisfaction avant l'entame de tout dialogue. Or, durant les deux derniers vendredis, le dispositif sécuritaire a été renforcé dans la capitale et plusieurs manifestants ont été arrêtés ce dernier vendredi. Quelle interprétation fait Soufiane Djilali de ces mesures ? Le président de Jil Jadid évoque la création de « tensions inutiles » et de « manœuvres gravissimes » contraires aux engagements du Président s'il s'avère que les personnes arrêtées l'ont été pour la simple raison qu'elles voulaient manifester, en condamnant leur emprisonnement. « S'il y a quelque part un double jeu, il faut le dénoncer », a-t-il lancé. Pour Soufiane Djilali, un vrai dialogue s'impose pour éviter que le référendum sur la Constitution et les élections législatives anticipées n'interviennent dans les mêmes conditions de tensions extrêmes de la présidentielle du 12 décembre et n'approfondissent la crise de légitimité des institutions. Plaidant pour le retrait du sigle FLN de la scène politique, l'orateur a défendu l'option d'un régime semi-présidentiel qui réduit les prérogatives du Président et renforce celles du Parlement. K. A.