A l'heure où nous mettions sous presse, le sélectionneur des Verts Djamel Belmadi n'avait pas encore arrêté sa liste finale, lui qui avait certes l'habitude d'annoncer les noms des joueurs convoqués à la veille de chaque stage à cause des incertitudes entourant l'état de forme des capés mais qui, cette fois, agit de la sorte sous la contrainte d'un élément nouveau. Lundi, le rassemblement de la sélection nationale doit débuter au CTN/FAF de Sidi Moussa. Avec ou sans les internationaux évoluant en Europe, du moins certains pays de l'UE ? Sinon exclusivement avec une composante d'éléments exerçant dans les Championnats du Golfe (Arabie Saoudite et Qatar) ou en Tunisie en sus de ceux du Championnat national ? Jusqu'à hier, Belmadi n'en avait aucune idée, lui qui a listé une cinquantaine de joueurs pour parer à toute éventualité ou toute mauvaise surprise. Et de bien mauvaises surprises lui sont parvenues mercredi quand la LFP a «validé» la décision des clubs français de ne pas autoriser leurs internationaux africains à répondre positivement aux convocations de leurs sélections sur le point, dès cette semaine, pour «liquider» les deux dernières étapes des qualifications à Cameroun-2022. Ceci, bien entendu, après des effets d'annonce balancés depuis le Royaume-Uni par certains managers dont Pep Guardiola (Manchester City) et David Moyes (West Ham) qui auraient interdit à Mahrez et Benrahma de rejoindre le stage des Verts prévu à compter de ce lundi. Une problématique qui n'est pas propre à l'EN algérienne car, depuis les premières «alertes», des sélectionneurs africains avaient craint pour les rendez-vous de cette fin mars en raison surtout de l'abus commis par la Fifa, grand protecteur des intérêts des grands clubs européens ou des Européens tout simplement, qui avait autorisé ces derniers à ne pas s'exécuter concernant les convocations éventuelles qui parviendraient des fédérations nationales pour la date Fifa. Djamel Belmadi affichera son dégoût face à cette injustice à l'occasion d'une intervention faite à la télévision publique, mercredi soir. «Cette décision (celle de la LFP de ne pas autoriser le départ en sélection des joueurs africains, ndlr) nous dérange. Mais nous devons nous adapter et trouver des solutions à cette situation car nous ne sommes pas les seuls à être pénalisés», lancera-t-il avouant que «la LFP a le mérite de nous avoir informé de sa décision contrairement à d'autres fédérations et ligues professionnelles en Europe qui n'ont pas jugé utile de le faire malgré le fait que des clubs avaient émis un avis défavorable à ce sujet». Dans une autre intervention, hier, Djamel Belmadi sera davantage «acide» en déclarant que la décision de la Ligue française de football est «contraignante» et «inacceptable». «C'est un vrai casse-tête qui nous met dans l'embarras. C'est une mesure qui ne nous arrange pas et que nous n'acceptons pas. Je me réserve de m'expliquer sur la question lundi lors de la conférence de presse», a confié le technicien algérien attendu hier à Alger. Aussitôt dit, le propos de Belmadi fera tache d'huile et se répandra à travers le continent. Des fédérations (Sénégal), des sélectionneurs (Halilhodzic, Maroc) et des footballeurs (Slimani entre autres) mais aussi des entraîneurs en Ligue 1 française (Genesio du Stade de Rennes) de même que l'UNFP ont dénoncé le «fait du prince». La «mobilisation» s'organise En effet, cette mesure fait l'objet d'une forte (mais tardive ?) mobilisation de la part des fédérations, sélectionneurs et même joueurs africains, les seuls à avoir été privés de sélections pendant les matchs de mars. Alors que les zones Conmebol (Amérique du Sud) et AFC (Asie) ont reporté les matchs pour les éliminatoires du Mondial du Qatar prévus durant la dernière semaine de ce mois, l'Afrique a maintenu les 5e et 6e journées des qualifications pour la CAN du Cameroun. Alors que la FSF (Fédération sénégalaise de football) a saisi son homologue française (FFF) pour dénoncer le parti-pris et reconsidérer la décision de la LFP, le sélectionneur des Lions de l'Atlas fonce sur la Fifa qu'il accuse de manipuler les textes au profit exclusif des clubs européens. Pour l'instance d'Augustin Senghor, le refus de libérer les internationaux africains, prônée par la LFP n'a aucun fondement juridiquement. «Elle (la décision de la LFP, ndlr) ne saurait valoir de décision officielle au regard des dispositions pertinentes du règlement du statut et du transfert des joueurs de la Fifa». Mieux, la FSF indique que le timing de l'annonce par la LFP de cette mesure «discriminatoire» est en contradiction avec le dispositif de mise à disposition des joueurs convoqués par leurs fédérations. «Le club du joueur convoqué doit confirmer la mise à disposition du joueur dans les six jours qui suivent la réception de la convocation», note le communiqué de la FSF, jeudi soir. Dans cet ordre, la fédération sénégalaise fait remarquer que les convocations ont été envoyées le 5 mars mais «contre toute attente et bien après le délai de six jours requis», elle dit avoir reçu les réponses aux convocations des clubs français accompagnées d'un communiqué daté du 17 mars de la Ligue française de football professionnel. Avec un ton moins diplomatique, Vahid Halilhodzic assure que la mesure est discriminatoire vis-à-vis des footballeurs africains. «Cette circulaire autorise les clubs à empêcher de venir en sélection les joueurs... seulement les joueurs africains. Je suis assez dubitatif sur cette circulaire, pourquoi fait-on une différence entre les footballeurs africains et les footballeurs européens ?», s'interroge l'ancien driver des Verts. Le Bosnien trouvera que cette mise en quarantaine est juste «un prétexte pour empêcher le joueur de venir jouer pour son pays», accusant la Fifa de fouler au pied ses propres lois. «La Fifa a touché un article qu'elle n'aurait jamais dû toucher, sur les relations entre les clubs et les sélections nationales. Si aujourd'hui, on empêche les joueurs de venir pour ce stage, qu'en sera-t-il demain pour la CAN ? Ça ne va pas s'arrêter là...», tempête le coach Vahid. 10 joueurs de L1 absents à Sidi Moussa Des réactions qui pourraient faire bouger la chose si les fédérations nationales africaines, notamment celles qui ont des footballeurs expatriés en France et partout en Europe, s'alliaient pour dénoncer cet état de fait. Et bien sûr, si la CAF, instance suprême qui doit défendre les intérêts du football continental fasse de même auprès de la Fifa. Hier, des responsables de la FAF ont fait savoir que la fédération a pris ses devants en sollicitant l'intervention de la CAF et de la Fifa pour dénouer cette situation. Mais cela reste une réaction tant sur le terrain de la réalité, l'entraîneur national Djamel Belmadi est, d'ores et déjà, renseigné sur la question. Hier, le directeur de la communication de la FAF, Salah-Bey Abboud annoncera que plus de dix joueurs pré-convoqués pour les deux prochains rendez-vous de la CAN ne seront pas présents au stage qui commencera lundi à Sidi Moussa. Ce sont les Oukidja et Boulaya (Metz), Belkebla (Brest), Delort (Montpelier), Slimani et Benlamri (Lyon), Ferhat (Nîmes), Zerkane (Bordeaux) et Spano-Rahou (Valenciennes) lesquels s'ajouteront à Boudaoui et Atal (Nice) ainsi que Karim Aribi (Nîmes), blessés. Selon des informations concordantes, le sélectionneur des Verts a retenu Ahmed Touba (Waalwijk, Belgique) et Ramiz Zerrouki (Twente, Pays-Bas) ainsi que le revenant Oussama Derfalou (Vitesse Arnhem, Pays-Bas). M. B. La FAF a obtenu la promesse qu'ils jouent face au Botswana le 29 mars Riyad Mahrez et Benrahma indisponibles face à la Zambie Les deux internationaux algériens évoluant en Premier League anglaise, Riyad Mahrez et Saïd Benrahma, retenus par leurs clubs en raison des restrictions liées au Covid-19, seront indisponibles pour le match en déplacement jeudi à Lusaka face à la Zambie, a appris l'APS hier auprès de la Fédération algérienne de football (FAF). «Mahrez et Benrahma ne seront pas concernés par le déplacement pour la Zambie. La FAF est entrée en contact avec leurs clubs (respectivement Manchester City et West Ham) pour les autoriser à rejoindre la sélection en vue de la réception du Botswana, le 29 mars à Blida. Ils seront éventuellement disponibles pour ce dernier match des qualifications», a déclaré le responsable de la communication de la FAF, Salah-Bey Abboud. Outre ces deux joueurs, le sélectionneur national Djamel Belmadi devra également se passer, pour les deux matchs, des services des éléments évoluant en Ligue 1 française. A signaler que Ramy Bensebaïni (Borussia Mönchengladbach), suspendu pour le match de Lusaka, est concerné par la rencontre face au Botswana.