Une information faisant état de l'arrestation de Abdelmoumen Ould Kaddour a fait grand bruit ces dernières heures. Même si elle reste, au demeurant, non confirmée officiellement, elle a nécessairement remis sur la table le débat autour de l'extradition des personnes contre lesquelles l'Algérie a émis un mandat d'arrêt international. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Il va sans dire que cette information a été très suivie du grand public qui demeure attentif aux suites données à l'opération anti-corruption de grande envergure lancée au lendemain du 22 février 2019. La justice algérienne, débordée par des dossiers impliquant de nombreux anciens ministres, hauts responsables et cadres, a également lancé des mandats d'arrêt internationaux contre des personnalités très connues. Deux noms très symboliques émergent dans la liste établie des personnes recherchées, il s'agit de Chakib Khelil et de Abdeslam Bouchouareb. L'ancien ministre de l'Energie et des Mines ainsi que l'ex-ministre de l'Industrie sont considérés comme étant en fuite depuis juin 2019, date à laquelle les deux hommes ont été destinataires de convocations de la justice auxquelles ils n'ont pas répondu. Chakib Khelil est, cependant, le dernier à avoir réussi à passer les frontières du pays et rejoint son épouse et ses deux fils également ciblés par un mandat d'arrêt international. Son départ aurait été organisé dans la précipitation après l'arrestation et l'incarcération de Tayeb Louh, font savoir des sources généralement bien informées. L'ancien garde des Sceaux est poursuivi, entre autres, pour avoir facilité l'annulation du premier mandat d'arrêt international émis par Belkacem Zeghmati. Comme Abdeslam Bouchouareb, il se serait, dans un tout premier temps, réfugié dans un pays arabe pour échapper à tout risque d'extradition en raison du peu de volonté que ces derniers affichent dans les affaires de ce genre. D'autres pays ont a contrario fait part d'une plus grande collaboration dans ce volet. En août dernier, la Turquie a livré à l'Algérie l'ancien secrétaire particulier du défunt chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, l'adjudant-chef Gharmit Benouira. Depuis cette date, il se trouve entre les mains de la justice militaire algérienne qui le poursuit dans le cadre d'une grave affaire de fuite de documents au sujet desquels les services de sécurité n'ont pas hésité à communiquer officiellement. Guermit Bounouira est accusé d'avoir dérobé des documents sensibles du ministère de la Défense, d'avoir fait fuiter des informations confidentielles et de les avoir mises à la disposition d'agitateurs établis à l'étranger avec lesquels il était en contact. C'est dire la sensibilité de l'affaire qui se trouvait entre les mains des autorités turques qui n'ont pas hésité, cependant, à répondre favorablement à la demande d'extradition introduite par l'Algérie. Une telle situation ne s'était pas produite depuis des années dans le pays. En 2009, la justice britannique avait autorisé l'extradition de Moumen Khalifa mais un appel introduit par le concerné a retardé sa remise aux autorités algériennes jusqu'en 2013. Toutes ces affaires ont, bien sûr, fait l'objet de communications officielles dans le pays. Celle qui concerne Abdelmoumen Ould Kaddour n'a été, en revanche, ni confirmée ni infirmée pour l'heure. Dans le milieu de la justice, nul n'a été également en mesure d'établir la vérité sur le sujet. En février dernier, Abdelaziz Djerad avait annoncé que le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi-M'hamed avait ouvert une enquête sur l'affaire de la raffinerie d'Augusta, et qu'un mandat d'arrêt international avait été émis contre le principal accusé. Ce dernier n'est autre que l'ancien P-dg de Sonatrach puisqu'il se trouvait en poste en 2018, date de l'acquisition de cette raffinerie dans des conditions jugées illégales. L'annonce du Premier ministre implique qu'une information judiciaire a été ouverte par un juge du pôle pénal spécialisé dans les affaires de corruption et que ce dernier est l'auteur du mandat d'arrêt international lancé contre Abdelmoumen Ould Kaddour. Jusqu'à hier, aucune des parties habilitées à confirmer ou infirmer son arrestation aux Emirats arabes unis ne s'est exprimée sur le sujet. « Une arrestation n'implique pas forcément une extradition », confiaient, hier, des avocats sceptiques quant aux suites que pourraient donner les autorités du pays cité en cas de vérification de l'information. « Nous n'avons encore jamais assisté à des extraditions en provenance de ces pays, nous dit-on encore, ce serait une première, mais ils restent toutefois signataires de conventions internationales portant sur les extraditions .» A. C.