Pratiquer le jeûne sur plusieurs jours pourrait comporter un réel risque pour les personnes souffrant de diabète. Et pourtant, en Algérie, plus de 85% des patients diabétiques jeûnent pendant le Ramadhan sans l'avis de leur médecin traitant. C'est ce qu'ont indiqué, hier lundi, des représentants du secteur de la santé, en marge du Forum diabète Ramadhan organisé par le ministère de la Santé à l'hôtel Sofitel. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Cette rencontre qui a regroupé plusieurs spécialistes entend, à la veille du mois sacré de Ramadhan, sensibiliser les diabétiques aux risques qu'ils encourent s'ils décident de jeûner sans être accompagnés ou conseillés. Le professeur Malek Rachid, chef de service de médecine interne au CHU de Sétif, explique qu'en jeûnant, un diabétique peut entraîner soit une hypoglycémie, soit une hyperglycémie, et, pire encore, un accident vasculaire. « Il est très important pour un malade d'avoir l'avis d'un professionnel et d'être suivi de façon régulière pendant la période du jeûne », appuie-t-il. Malek Rachid recommande à ce type de malade chronique de ne surtout pas abuser des aliments sucrés particulièrement prisés durant ce mois, et de s'autosurveiller fréquemment. « Il faut aussi que les diabétiques sachent que quand le taux de glycémie dans le sang dépasse les trois grammes, il faut, tout de suite, mettre fin au jeûne ». Cela est aussi valable lorsque ce taux est sous le seuil de 0.75%, souligne-t-il encore. Il insiste sur l'importance pour les diabétiques qui s'apprêtent à faire carême de maintenir un équilibre alimentaire, sans quoi, « ils risquent des complications sévères et dans certains cas, irréversibles ». Le professeur fait aussi savoir qu'un diabétique doit consulter un professionnel, au moins quatre à six semaines avant le Ramadhan. « Il pourra de ce fait suivre les recommandations du médecin et jeûner en toute sécurité », indique-t-il. Dans le même registre, le professeur Tebaïbia Amar, chef de service de médecine interne à la clinique Arezki-Kehal, El Biar, a signalé que « 85% des patients diabétiques, dont 4% qui ont développé des complications liées au diabète, jeûnent sans un avis médical ». Ce constat est inquiétant, dit-il, surtout si on compare ces chiffres à ceux des pays voisins et d'autres dits musulmans. Tebaïbia Amar relève que beaucoup d'Algériens atteints de diabète ou d'une autre maladie chronique ne veulent pas renoncer au jeûne même en sachant les risques qu'ils encourent. « Cette pratique relève du sacré, et la plupart se refusent à ne pas la faire », dit-il, en ajoutant que cela peut se révéler néfaste pour un malade. D'autant plus que la prévalence du diabète ne cesse d'augmenter de jour en jour. Les participants à cet événement ont, par ailleurs, exposé les résultats de l'étude Epidemiology of diabetes and Ramadhan réalisée en 2001. Il en ressort que 42.8% des personnes atteintes de diabète de type 1 et 78.7% de celles atteintes de diabète de type 2 jeûnaient pendant au moins 15 jours pendant le Ramadhan. Evoquant les directives pratiques de la FID-DAR, les intervenants ont indiqué qu'elles consistent à fournir aux professionnels de la santé des informations générales, ainsi que des recommandations de gestion pour optimiser les soins dispensés aux personnes atteintes de diabète qui prévoient de jeûner pendant le Ramadhan. M. Z.