L'Algérie envisage d'adopter une nouvelle stratégie nationale de prévention et de gestion des risques majeurs. Il est question de reconsidérer la notion de la gestion de ces risques et catastrophes à travers la prévention et la prévision, et de définir les responsabilités de tous les acteurs intervenants. Le cadre juridique qui représente actuellement une entrave sera, à son tour, révisé. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Exposée à un certain nombre de risques majeurs, l'Algérie a enregistré 545 milliards de dinars de pertes entre 2004 et 2019, soit une moyenne de 34 milliards de dinars par an. Des tremblements de terre, des inondations, des incendies de forêt et d'autres catastrophes liées aux changements climatiques ont, en effet, touché, ces dernières années, différentes régions du pays et fait des morts et des dégâts matériels importants. En 2020, l'Etat a déboursé 30 milliards de dinars lors des interventions dans ces catastrophes. Selon le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire Kamel Beldjoud, l'urbanisation anarchique des grandes villes, l'important nombre du vieux bâti existant et les constructions anarchiques le long des rives des oueds ont accentué la fragilité de nos villes et quartiers face à ces catastrophes. Soulignant plusieurs «faiblesses» et «lacunes» quant à la gestion des risques majeurs et des catastrophes, il estime que celles-ci sont la résultante d'un manque de coordination sectorielle et de moyens adéquats pour lutter contre les risques majeurs, mais aussi des interventions aléatoires et de l'absence de plans de mise en œuvre. «Il est nécessaire d'inclure la prévention et la prévision comme deux axes principaux dans la politique sur les risques majeurs. L'intervention pour la prise en charge des impacts de ces catastrophes et le retour à la situation normale viennent après», soutient le ministre lors de la Conférence nationale sur la stratégie de prévention et de gestion des risques majeurs, sous le thème «Vers une approche participative et incluse», tenue hier samedi, au Centre international des conférences (CIC), à Alger. Les décrets exécutifs, l'entrave juridique Côté juridique, Beldjoud déplore que seuls quatre décrets exécutifs sur 30 décrets de la loi n°04-20 du 25 décembre 2004, relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable, ont été promulgués. «Les 26 autres textes de mise en œuvre n'ont pas encore été publiés à ce jour», regrette-t-il. Un manque, poursuit-il, qui devrait être rectifié grâce à la nouvelle stratégie de prévention et de gestion des risques majeurs. Pour lui, l'adoption d'une stratégie nationale «efficace», «globale» et «pratique» s'impose. «Cette stratégie vise à reconsidérer la notion des risques d'exposition aux catastrophes dans toutes leurs dimensions, à mieux les prendre en charge, et développer l'information préventive en tenant compte des risques dans les politiques de développement nationales et locales», dira-t-il. Il insiste également sur le renforcement de la base juridique et institutionnelle et l'élaboration rapide des textes d'application des lois en vigueur, mais aussi sur la nécessité d'introduire les nouvelles technologies et la numérisation dans les différentes phases de la gestion des risques majeurs : prévision, prévention, intervention, et retour à la situation normale. De son côté, le directeur des recherches, délégué national aux risques majeurs, Afra Hamid, précise que la nouvelle vision est de gérer le risque et non pas la catastrophe, et ce, à travers la prévention et la prévision afin de «mieux préparer les institutions et les acteurs qui doivent intervenir». «Lors de la révision de la loi, de nouvelles notions instituées dans le cadre de Sendai auquel l'Algérie a souscrit seront intégrées, notamment le concept de gestion du risque et non pas la gestion de la catastrophe, la définition des responsabilités, la définition des délais à respecter, ainsi que la participation de la société civile qui devient un partenaire important et une partie prenante dans l'élaboration de la stratégie et dans son exécution», explique-t-il. Ry. N. Selon le ministère de l'intérieur La Covid-19 a occasionné 20 milliards de dinars de pertes à l'Algérie Le directeur des recherches, délégué national aux risques majeurs au ministère de l'Intérieur, Afra Hamid, a révélé, hier samedi, que la pandémie de Covid-19, considérée comme un risque majeur qui touche à la santé humaine, a causé à l'Algérie 20 milliards de dinars de pertes en 2020. Selon lui, plus de 500 000 postes d'emploi ont disparu depuis l'avènement de la crise sanitaire dans notre pays. «La prise en compte du secteur de l'informel portera ce chiffre à un million d'emplois», dira-t-il. Ry. N.