Pas plus tard qu'il y a deux jours, le président de l'Association algérienne des exportateurs (Anexal) déplorait, encore une fois, la réglementation des changes qui, disait-il, constitue le «principal verrou à l'exportation». Une réglementation contraignante pour tout opérateur économique ayant l'ambition d'aider à s'affranchir des hydrocarbures et, surtout, qui vient à contre-courant du discours officiel prônant la promotion des exportations hors gaz et pétrole. Entre, d'une part, le discours qui prône la promotion des exportations hors hydrocarbures avec l'objectif quasiment imposé d'atteindre les 5 milliards de dollars en 2021, et d'autre part, la réalité à laquelle se heurtent les potentiels exportateurs algériens, il est à croire que les opérateurs candidats à l'exportation activent dans deux pays différents. Que de fois des mots extrêmement durs sont sortis de la bouche d'opérateurs économiques ou de leurs représentants pour littéralement vilipender la Banque d'Algérie qui, accuse-t-on, constitue un frein à l'exportation à travers sa législation sur les changes. Désormais, doit-on penser que le «problème» commence à être pris en compte ? Si l'on doit se fier au communiqué venu sanctionner la réunion, tenue dimanche, du Conseil de la monnaie et du crédit, publié dimanche en début de soirée par la Banque d'Algérie, il y a lieu de croire à un début d'allégement de la législation sur les changes. En effet, le Conseil a adopté un projet de règlement modifiant et complétant le règlement datant de février 2007 relatif aux règles applicables aux transactions courantes avec l'étranger et aux comptes devises. Mais pour ce début d'allégement de la législation, cela ne concerne qu'une population bien déterminée d'exportateurs. «Les amendements introduits autorisent les exportateurs à disposer de la totalité de leurs recettes d'exportation logées dans les comptes devises, pour les besoins de leur activité et dispensent de l'obligation des formalités de domiciliation bancaire les exportations de prestations des services numériques ainsi que celles portant sur les prestations de services des start-up et des professionnels non commerçants», explique la Banque d'Algérie en soulignant que ces amendements s'inscrivent dans le cadre d'une démarche globale d'actualisation du dispositif réglementaire engagée «à la lumière de la nouvelle dynamique d'impulsion des exportations hors hydrocarbures, ainsi que de la volonté de faire des start-up, un acteur destiné à jouer un grand rôle dans la relance de l'économie nationale». Et à l'institution de préciser que ces amendements visent à promouvoir les exportations, notamment celles liées à l'économie de la connaissance. Désormais, les opérateurs réalisant des exportations de prestations des services numériques ainsi que celles portant sur les prestations de services des start-up et des professionnels non commerçants sont autorisés à disposer de la totalité de leurs recettes d'exportations logées dans les comptes devises, pour les besoins de leur activité et dispensent de l'obligation des formalités de domiciliation bancaire. De l'avis de la Banque d'Algérie, ces nouvelles modifications introduites dans la règlementation des changes visent non seulement à encourager l'acte d'exportation, en permettant aux exportateurs de disposer de la totalité des recettes en devises générées par leurs activités, mais aussi capter, in fine, les intervenants dans le domaine du commerce extérieur des services numériques et en ligne, ainsi que les professionnels non commerçants, en vue de leur intégration dans une démarche d'inclusion financière. Un début de solution du problème de changes qui, pour le moment, ne concerne donc que les opérateurs dans l'économie de la connaissance qui, il faudrait le souligner, ne sont pas des masses. En attendant peut-être les opérateurs des autres «vieilles» branches et secteurs d'activité. Azedine Maktour