Attristée, consternée, les mots me manquent pour exprimer ce que je viens de ressentir en apprenant la mort de mon collègue et ami, Abdelmadjid M'haimoud, journaliste, correspondant de Mila, qui nous a quittés à l'âge de 65 ans. Lorsqu'il a intégré l'équipe du Soir d'Algérie, je venais de prendre en charge les pages régionales. Je me réjouissais de lire ses papiers, car c'était une plume. Il exerçait son métier avec passion, dévouement et honnêteté. En reprenant en charge ces mêmes pages après une coupure de sept années, j'ai retrouvé avec plaisir les mêmes qualités du journaliste, mais un M'haimoud affaibli par la maladie. Je garde de lui le souvenir d'un homme élégant, maniant à la perfection la langue de Molière, lorsqu'il y a, quelques années, il nous a rendu visite à la rédaction pour la première et la dernière fois. Il était heureux de rencontrer l'équipe à laquelle il était resté fidèle 16 années durant. Son cœur lui a causé plein de soucis. Malgré une lourde intervention à cœur ouvert en 2017, il continue d'écrire, à l'affût de l'information. L'ingénieur forestier qu'il était aimait la nature et la défendait à travers ses différents écrits. La mort dans l'âme, il dut arrêter de correspondre avec Le Soir d'Algérie, début septembre 2020, mais son attachement au journal qu'il suivait tous les jours est resté intact. Je me souviens encore du message qu'il m'avait transmis dans ma boîte email et qui témoigne de son affection pour « son » journal, à l'occasion du trentième anniversaire du Soir d'Algérie. « Je félicite toute l'équipe de notre quotidien qui vient de fêter le 30e anniversaire de sa création et je m'en réjouis, moi qui ai passé 16 longues années de ma vie au sein de cette formidable équipe, mais je suis triste de ne plus en faire partie .» Que c'est triste aussi de perdre trois journalistes correspondants en moins d'une année : Mokhtar à Aïn Defla, Miloud à Tlemcen et Abdelmadjid à Mila. Des hommes qui se démenaient avec de menus moyens pour rapporter l'information et se faire le porte-voix des populations en quête de justice et d'équité. Ils sont partis en silence, mais leurs écrits sont restés, et nous rappellent, heureusement, qu'ils ont existé. Naïma Yachir