La pandémie de Covid-19 confirme depuis plusieurs semaines sa décrue en Algérie. Les derniers indicateurs réaffirment la stabilisation de la courbe des contaminations à l'échelle nationale. Cela se traduit par une diminution avérée du nombre de nouveaux cas positifs au Covid-19 par rapport à l'automne dernier, où la barre des 1000 cas par jour avait été franchie. Parallèlement, le rythme des guérisons continue de s'accélérer. Pour autant, ce constat qui laisse présager, selon certains spécialistes, une évolution positive de la situation épidémiologique, n'écarte pas l'arrivée d'une troisième vague pour d'autres. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Bien que l'on constate une amélioration de la situation sanitaire, les prévisions des spécialistes ne semblent pas toutes aller dans le même sens. Si une partie se réjouit du recul des nouveaux cas de contamination et prédit une évolution positive de la pandémie, une autre craint l'arrivée d'une troisième vague encore plus « ravageuse ». Le professeur Douagi Habib, chef de service pneumo-allergologie à l'hôpital de Beni Messous, est de ceux qui prévoient un rebond des contaminations. Pour étayer son pronostic, il s'appuie sur deux raisons qui font que, selon lui, nous ne sommes pas encore tirés d'affaire. D'après ce dernier, il faut prendre en considération le risque de propagation des variants britannique et nigérian qui sont « plus virulents et plus contagieux ». Il évoquera comme second point « l'abandon des mesures barrières par les citoyens », facteur, dit-il, qui risquerait de devenir problématique si les choses venaient à se corser. Le professeur Douagi n'a toutefois pas nié que la situation est stable pour le moment, mais appelle à la prudence. Une courbe plate ne veut pas dire que la pandémie est terminée, dans le sens où « elle peut repartir à la hausse à n'importe quel moment », fait-il savoir. Il interpelle, dans cette optique, les autorités sanitaires pour effectuer un séquençage du virus afin de distinguer les cas de Covid-19 ordinaire et ceux des Covid mutants. Parlant du nombre de guérisons qui semble s'accélérer, le chef de service de pneumo-allergologie explique que cela a été le cas depuis le début de la pandémie. Le fait est que la grande majorité des patients atteints de Covid-19 développe des formes anodines du virus et en guérit. « Il faut savoir que 15% des patients présentent des complications, tandis que 10% sont transférés en soins intensifs », a-t-il exposé. Il précisera néanmoins que 5% arrivent au stade de la réanimation dont 2% finissent par décéder. S'agissant du recul du taux de décès, le professeur Douagi considère que cela est lié à la pyramide des âges. Contrairement aux appréhensions exprimées par ce dernier, d'aucuns se montrent plus rassurants. Le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, se réjouissait récemment du recul des cas positifs au Covid-19. « La situation est toujours stable », avait-il indiqué. Mieux encore, il a soutenu que compte tenu du caractère stable des derniers chiffres, les choses s'amélioreront probablement dans les prochaines semaines. Faisant une petite analyse rétrospective du virus, le docteur Mohamed Yousfi, chef de service des maladies infectieuses à l'hôpital de Boufarik, s'est, lui aussi, montré optimiste. Il a fait observer que si l'on compare les chiffres de ces dernières semaines à ceux de la dernière vague, on confirme la tendance baissière des cas de contamination. Naturellement, le nombre de guérisons, bien qu'en léger décalage par rapport aux nouvelles contaminations, continue de suivre le rythme. Mohamed Yousfi avancera, en outre, que lorsque le nombre de guérisons dépasse ou se situe au même seuil que celui des nouvelles contaminations, on pourra effectivement affirmer que « nous sortons de l'épidémie ». Il tient, cependant, à clarifier que, contrairement à ce que laissent entendre certains experts, « nous n'avons aucune donnée scientifique qui permettrait d'affirmer que nous avons atteint l'immunité collective ». Le docteur Hafidh Lounas, médecin spécialiste relevant du CHU Mustapha-Pacha, a, pour sa part, mis en exergue l'efficacité du protocole thérapeutique utilisé en Algérie depuis plusieurs mois. Il s'agit du traitement à base de chloroquine notamment. « La chloroquine a démontré son efficacité pour les cas qui n'ont pas encore développé des formes sévères du virus », a-t-il précisé. Elle a permis, ajoute-t-il, de prévenir ces complications. « C'est pourquoi nous n'avons jamais renoncé à ce protocole», a-t-il relevé, en ajoutant que concernant cet aspect, « les directives sont les mêmes depuis le début de la pandémie ». Le docteur Lounas notera, sur un autre plan, que le nombre de patients admis en soins intensifs a beaucoup diminué. « Un soulagement pour le personnel soignant », dit-il en jugeant que c'est un signe d'une stabilisation de la situation épidémiologique. M. Z.