Le président de la République tient, coûte que coûte, à la réussite des élections législatives anticipées qu'il a convoquées pour le 12 juin prochain, tant elles constituent la seconde étape de sa feuille de route après le référendum du 1er novembre ayant porté sur le projet d'amendement de la Constitution. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Abdelmadjid Tebboune poursuit de faire la promotion des élections législatives anticipées prévues le 12 juin prochain, une étape phare de son cher chantier d'une Algérie nouvelle. Avant-hier en soirée à l'occasion de sa traditionnelle rencontre avec les représentants de médias nationaux, le chef de l'Etat a réitéré son engagement quant à la régularité et à la transparence de ce scrutin que ne manqueront que les partis de la mouvance démocratique. Sans avoir de fixation sur le taux de participation à cette échéance électorale qu'il souhaite frôler les «40%», voire les «50%» comme c'est le cas de par le monde, il exige que celle-ci soit «intègre, transparente, et fasse ressortir celui qui mérite la confiance du peuple». Ceci, tout en invitant le peuple algérien à «prendre conscience» de son projet d'édification d'une «Algérie nouvelle dont il est (le peuple, ndlr) le socle de par ses choix». Et de rassurer quant aux appréhensions exprimées ici et là au sujet de velléités de fraude, le président de la République, affirmant que «tout le monde est sur un pied d'égalité, et que l'ère des quotas est révolue». «Nous voulons une réelle représentation de la scène politique», a-t-il encore ajouté. Aussi, le président de la République a estimé que la composante de la future Assemblée populaire nationale sera à «la mesure de la scène politique», réfutant toute volonté d'intervention de sa part à ce sujet. «Si nous voulions une Assemblée sur mesure, nous aurions misé sur un parti donné», a-t-il dit à ce sujet. Et d'évoquer deux issues au scrutin du 12 juin prochain : soit une majorité qui approuvera le programme présidentiel et, partant, un Premier ministre sera désigné, soit une majorité de l'opposition, et un chef de gouvernement sera proposé. Déchéance de la nationalité algérienne : retrait de l'avant-projet de loi Autre annonce phare du chef de l'Etat lors de cette rencontre médiatique, le retrait de l'avant-projet de loi portant déchéance de la nationalité algérienne pour tout Algérien qui commet des actes portant atteinte à la sécurité et à l'unité nationales qui avait, pour rappel, suscité une vague d'indignation et de désapprobation et fait polémique. Un texte présenté, pour rappel, le 4 mars dernier, par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, lors d'une réunion du gouvernement. Et à Tebboune d'expliquer ce retrait par «l'interprétation erronée» faite de ce texte, non sans préciser que «la double nationalité ou la pluri-nationalité n'est pas un crime et nous respectons cela, car supposée apporter un plus au pays d'origine du concerné dans un climat empreint de nationalisme». Il se voudra plus explicite en mettant le doigt sur le fait que ledit avant-projet de loi concernait uniquement «la question de l'atteinte à la sécurité de l'Etat, que nous défendrons d'une manière ou d'une autre». Le président de la République a également abordé la mémoire nationale. Pour lui, ce dossier, aussi sensible soit-il, «ne saurait faire l'objet de renonciation ni de marchandage dans le cadre des relations entre l'Algérie et la France». Renouvelant sa conviction quant à «l'intégrité» à ce sujet du Président français, Tebboune a rappelé fort à propos les déclarations d'Emmanuel Macron sur la colonisation française en Algérie, lui qui affirmait que ce qui s'est passé en Algérie durant cette période noire «était pire que l'Holocauste et que la colonisation a été «un crime contre l'humanité». Aussi, le chef de l'Etat a estimé que l'ouverture des archives était une «partie intégrante de la mémoire nationale», affirmant, dans la foulée, que les archives concernant la période ottomane, «la France doit les restituer à l'Algérie, ainsi que d'autres archives relatives à des arch et des insurrections populaires». La traque de l'argent sale se poursuivra Le président de la République a, par ailleurs, traité de la question des fonds détournés par la fameuse oligarchie qui a pris le pays en tenailles deux décennies durant. Il a soutenu que la récupération de ces fonds de l'étranger était tributaire des jugements définitifs dans les affaires intentées à l'encontre des auteurs qui, a-t-il ajouté, «devront, un jour, dévoiler les emplacements secrets de ces fonds». Et de promettre, à ce propos, de «bonnes nouvelles à annoncer durant le mois courant», faisant part de démarches entamées par les ambassadeurs d'Algérie à l'étranger pour la récupération de biens immobiliers, citant la «récupération à Paris de 44 biens immobiliers, dont des appartements et des châteaux». Pour ce qui est des fonds détournés, Tebboune a affirmé que leur récupération a touché présentement une partie «insignifiante» comparativement aux crédits bancaires accordés qui s'élèvent à près de 6 000 milliards de DA, dont uniquement 10 à 15% ont été récupérés jusqu'à l'heure actuelle. La balance de paiement équilibrée au plus tard en 2022 Aussi, le chef de l'Etat a rassuré quant à la poursuite de la traque de l'argent sale, non sans dénoncer des «tentatives de susciter des problèmes sociaux et des manifestations en utilisant l'argent sale de personnes en détention». Prévoyant un équilibre de la balance de paiement au plus tard d'ici l'année prochaine grâce, selon lui, à la politique de maîtrise des importations et de l'encouragement des exportations hors-hydrocarbures, le chef de l'Etat a écarté tout changement de la monnaie nationale au motif que cette option serait «sans résultats», et qu'«elle provoquerait de longues files de citoyens modestes et non d'hommes d'affaires venant échanger des montants à coups de milliards». Le dossier de l'automobile réglé d'ici juin Aussi, le chef de l'Etat s'est engagé à régler le dossier de véhicules d'ici le mois de juin prochain. Annonçant une «nouvelle expérience basée sur le véritable montage automobile», Tebboune a déploré que «l'expérience passée n'ait donné aucun résultat et nous ait coûté une fortune». Sahara Occidental : une question de décolonisation À l'international, le président de la République a, une fois de plus, évoqué la question sahraouie saluant, à ce propos, une «certaine impartialité dans l'appréhension de cette question». Il a, en outre, réitéré que ce dossier est «bel et bien celui de la décolonisation que toutes les parties avaient admis, et son règlement implique un retour aux décisions onusiennes pertinentes». Et d'exprimer son souhait d'une «solution satisfaisante pour les Marocains et les Sahraouis qui sont des frères». Au sujet du dossier libyen, Tebboune a réaffirmé la disponibilité de l'Algérie à apporter l'aide et l'accompagnement aux Libyens lors de la prochaine étape du règlement politique et d'édification. Il a, dans ce cadre, considéré que les «derniers développements politiques et sécuritaires en Libye sont très positifs et honorent les Libyens». Au sujet de la tentative du coup d'Etat chez l'autre voisin, du Sud celui-ci, le Niger en l'occurrence, le président de la République a déclaré que «l'Algérie, qui rejette toute ingérence dans ses affaires internes, se refuse aussi à évoquer des questions internes d'autres pays». Ce qui, toutefois, ne l'exempte pas de considérer que «tout ce qui est nuisible à un pays avec lequel l'Algérie partage des frontières l'est pour nous aussi». M. K.