Les dirigeants sahraouis, en personne, s'impliquent sur le terrain des opérations militaires. Loin d'être intimidés par la récente frappe d'un drone marocain contre leurs unités opérant dans les territoires occupés, les combattants sahraouis poursuivent leurs attaques contre les cantonnements de l'armée marocaine derrière le mur de sable. Les dirigeants sahraouis en personne s'impliquent dans les opérations en même temps que la campagne politique s'élargit pour porter à l'opinion publique mondiale la cause pour l'autodétermination et l'indépendance. Il y a lieu de souligner qu'un large mouvement de sympathie et de solidarité se développe, ce qui représente autant de camouflets au palais royal qui impose le silence complet sur ses revers militaires. C'est sans doute là un élément qui explique le recours aux bombardements par le biais de drones dans un affrontement injuste et inégal. Plus le Maroc mobilise de moyens et accentue la répression, plus il se pose comme agresseur dans une démarche purement coloniale. Sa réaction par le recours aux drones est un nouveau pas franchi dans son face-à-face avec les combattants sahraouis qui ont pris les armes pour leur liberté depuis maintenant plus de quarante ans. Faut-il rappeler les attaques au phosphore des bombardiers Jaguar lancés en 1975 par le président français Giscard d'Estaing. En vain. Les B52, véritables forteresses volantes américaines qui ont déversé des millions de bombes sur le Nord Vietnam n'ont pu venir à bout de la volonté d'indépendance des Vietnamiens. Il faut croire que les conseillers de sa majesté font tout – en cachant les pertes en hommes et en matériels – pour ne pas vivre le syndrome de la guerre du Vietnam ou, plus proche de nous, l'agression de l'Irak réduit en ruine. Et d'ailleurs, Washington a donné l'ordre de retrait du dernier soldat dans ce pays. L'appel de l'Algérie à la mise en œuvre du plan d'autodétermination – au demeurant signé par le Maroc et le Front Polisario il y a trente ans — traduit un souci de paix pour la sécurité dans la région tout entière. Message bien compris au niveau de l'Afrique puisque devant les atermoiements de l'ONU, l'UA a décidé de reprendre en main le dossier pour le règlement de la dernière colonie d'Afrique. Le Conseil pour la paix et la sécurité de l'Union africaine introduit une dynamique nouvelle en matière de solution à une question qui empoisonne toute perspective de coopération et de développement économique. D'où le slogan « Faire taire les armes » du 34e Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement. C'est aussi là un désaveu clair quant à l'ouverture de consulats fictifs dans les villes du Sahara Occidental. De la poudre aux yeux qui n'a de mérite que de bercer d'illusions les serviteurs du Makhzen qui savent (toute honte bue) le prix à payer pour ce tour de passe-passe – qui ne trompe personne. Dans nombre de capitales occidentales, y compris et surtout en France, la société civile s'insurge et dénonce les agissements répressifs du Maroc à l'encontre des militants sahraouis qui s'expriment contre le fait colonial marocain à l'intérieur même des territoires soumis à un insoutenable quadrillage policier. Enlèvements, emprisonnements n'y peuvent rien. C'est le cas de la surveillance, arbitraire, imposée depuis novembre 2020 à la militante sahraouie Sultana Khaya. Cette dernière et sa sœur Waraa Khaya, ainsi que les membres de sa famille sont soumis, à Boujdour où elles résident, à une surveillance tatillonne permanente des forces de sécurité, allant jusqu'à l'agression physique. L'occupant marocain est aujourd'hui harcelé sur tous les fronts y compris à travers des actions diplomatiques. Résultat, le Conseil de sécurité de l'ONU, jusque-là sourd aux protestations sahraouies quant au statu quo qui a gelé toute évolution de cette question de décolonisation, a fini par se rendre à la réalité du problème et a programmé une réunion d'urgence pour le 21 avril prochain. Le Maroc, qui a déserté le Conseil de la paix et de la sécurité de l'Union africaine, fera-t-il de même s'agissant de l'organisation onusienne, appelée à se prononcer sur la demande d'adhésion de la République sahraouie en qualité d'Etat membre à part entière ? Le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Salem Ould Salek, a revendiqué, lundi dernier, à Alger, une adhésion pleine de la RASD aux Nations-Unies. Brahim Taouchichet