«C'était le dernier match de Ligue des champions de Hansi Flick comme entraîneur du Bayern» : Lothar Matthäus, ex-Ballon d'or et toujours proche du Bayern, en est convaincu, le technicien munichois va claquer la porte cet été, après l'élimination européenne subie mardi face au PSG. Que Matthäus ait vu juste ou non, l'échec en quart de finale (2-3, 1-0) pourrait bien être l'étincelle qui va faire exploser le baril de poudre qu'est devenu le Bayern, surnommé de longue date le «FC Hollywood» pour ses chamailleries entre stars. Paris se ferait alors une réputation de bourreau d'entraîneurs : la défaite des champions d'Allemagne 3-0 au Parc des Princes (3-0) en 2017 avait provoqué la nuit-même le limogeage de Carlo Ancelotti. Cette fois, la sortie de route risque d'accélérer le départ de Flick. Depuis des semaines en tous cas, le conflit entre le technicien et le directeur sportif Hasan Salihamidzic est de notoriété publique. «L'un des deux doit partir», disent depuis longtemps les intimes du club. Flick est populaire. Salihamidzic est puissant. Homme-lige d'Uli Hoeness, l'ancien président toujours très influent en coulisses, celui que l'on surnomme «Brazzo» est en fait plus qu'un simple directeur sportif : il est membre du directoire du club, une position beaucoup plus solide que celle d'un entraîneur sous contrat jusqu'en 2023 et révocable du jour au lendemain. Soutenu par les fans Mardi soir, à chaud après l'élimination, Flick s'est lancé en direct dans un long monologue assez émotionnel : «J'ai un contrat au Bayern, c'est un fait», a-t-il dit sur Sky, «mais que va-t-il se passer? Quelle sera la suite ? J'y réfléchis tout le temps. Pour moi, le succès est un processus permanent. Je suis toujours dans la situation de tout évaluer, de me lancer de nouveaux défis ou de réfléchir à comment aborder les choses. Et bien sûr j'ai ma vision personnelle». Commentaire du site t-online, à l'unisson de la presse hier : «Flick s'est donné de l'air, dans des propos que l'on peut presque interpréter comme un discours d'adieu au FC Bayern.» «Il est pour le moins improbable que cet entraîneur reste», renchérit le grand quotidien de Munich Süddeutsche Zeitung, «surtout après ce résultat et après ce qu'il a dit à la télévision». Son départ serait pourtant un crève-cœur pour beaucoup de monde à Munich. Le technicien de 56 ans est, statistiquement, le meilleur entraîneur de tous les temps au Bayern. Son triplé coupe-championnat-Ligue des champions en 2020, suivi de trois autres titres (Supercoupes d'Allemagne et d'Europe, Mondial des clubs) l'a fait entrer dans l'histoire. Mardi soir, un sondage express de la chaîne Sky parmi les fans du «Rekordmeister» a démontré que 96% d'entre eux le soutiennent, contre 4% pour Salihamidzic. Le vestiaire aussi est derrière son coach. Le capitaine Manuel Neuer l'a dit. Nagelsmann déjà contacté Même l'actuel grand patron Karl-Heinz Rummenigge semble avoir une préférence : «Nous serions bien fous si nous laissions partir notre entraîneur prématurément», avait-il lancé mi-mars. Selon Matthäus, l'avenir est pourtant déjà tracé: Flick va annoncer son départ et succéder à Joachim Löw - dont il fut l'adjoint pendant plusieurs années - à la tête de la sélection nationale après l'Euro. «L'offre de la DFB (Fédération allemande) est sur la table», assure-t-il, «Flick est le premier nom tout en haut de la liste de la DFB». Qui, dès lors, lui succéderait sur le banc de Munich ? «Le Bayern a déjà pris contact avec Julian Nagelsmann (l'entraîneur de Leipzig), y compris sur des questions financières, autant que l'on sache», a révélé Matthäus, apparemment sûr de ses informations. S'il partait en juin, vingt mois seulement après sa prise de fonction, Flick, l'homme aux six trophées en six mois, laisserait le souvenir émerveillé mais douloureux d'une étoile filante dans le ciel bavarois.