C'est le jour de la transition à la présidence de la FAF. Un «coup de force» qui doit profiter à Charafeddine Amara qui deviendra, 59 ans après Mohand Maouche, le quatorzième président de l'instance suprême du football algérien. Les jeux étaient faits depuis pas mal de mois. Depuis juillet 2019 exactement où le «pouvoir» a refusé à Kheireddine Zetchi le droit à l'égard manifesté aux Champions d'Afrique emmenés par Djamel Belmadi. Et en vingt mois, Zetchi déjà mal aimé, peu soutenu et balloté de toute part, a dû faire «contre mauvaise fortune bon cœur», subissant critiques et humiliations. Ce soir, ce même «pouvoir» aura son candidat à la tête du football national. La méthode n'est pas nouvelle, encore moins discutable. Car, ce soir, au Sheraton Hôtel du Club-des-Pins (le lieu limitrophe à une résidence d'Etat ne saurait être une simple coïncidence), les membres de l'assemblée générale de la fédération de football n'ont pas à choisir car le choix est fait. Dès demain, le désormais ex-président du CR Belouizdad et non moins patron du holding public Madar dirigera pour les quatre prochaines années la plus politique des fédérations sportives à l'international, non seulement en Algérie ou dans les pays en voie du développement. Le prochain dirigeant de la FAF le sait. Comme il sait que sa mission est loin d'être une randonnée dans les jardins secrets d'un sport malade. De ses structures et de ses hommes. Charafeddine Amara a d'ailleurs pris ses devants en annonçant à ceux qui viendront voter pour la forme, ce soir, son programme. Son projet. Dans une «Lettre aux membres de l'AG/FAF», M. Amara a défini son mandat comme étant celui qui «s'inscrit dans le cadre d'une vision globale portée par un projet de rénovation audacieux». Ses trois axes fondamentaux sont : «réforme, modernisation et performance». Sur le plan de la littérature, les trois mots ont résonnance d'un pacte que le prochain président de la FAF se doit de réaliser sinon... Comme ses prédécesseurs, Charafeddine Amara veut «consolider et développer l'édifice», lui qui reconnaît les mérites de ceux qui ont œuvré pour le même projet à l'exemple de Kheireddine Zetchi auquel il a consacré un paragraphe dans sa lettre aux membres de l'AG. Pour l'avoir côtoyé durant deux ans, lui qui a fait irruption dans le cercle du football fin 2018, M. Amara doit «respect et estime à Zetchi». Un autre «hommage» que le bâtisseur du Paradou AC reçoit de la part des acteurs du sport-roi. Après, le «projet» tel qu'énoncé dans le message que devrait lire Charafeddine Amara devant l'assistance, n'a que très peu de choses différentes de ce qu'avaient suggéré Zetchi, Raouraoua et tous ceux qui sont passés, par le même «circuit», à la présidence de la fédération de football. M. Amara veut d'abord «réformer partout où la nécessité de moderniser imposera ses puissantes exigences» en s'imposant une «démarche volontariste, inclusive et consensuelle (laquelle) ne se fixera pas de limites dans sa recherche rationnelle et exigeante de la performance managériale et sportive». Comment ? Là aussi, l'ex-dirigeant du CRB pense que des «modes opératoires» veilleront à l'«exécution graduelle, rationnelle et concentrée» du projet. En se fixant un «calendrier pour son application méthodique». Belle œuvre qui passe, toutefois, par de petits réajustements. Ceux-ci font partie des priorités que M. Amara a fixées. En premier «refonder le cadre juridique de l'activité du football en Algérie». C'est-à-dire ce que Zetchi allait faire, sur injonction de la Fifa, sans que les pouvoirs publics, le MJS en particulier, l'autorisent. L'instance d'Infantino jugera de «la feuille de route» que le ministère a tracée. «Réforme, modernisation et performance» Des autres priorités M. Charafeddine Amara évoque le développement des infrastructures, grands chantiers qui requiert l'implication des pouvoirs publics. Mais pas seulement. Aux premiers (pouvoirs publics, ndlr), M. Amara promet une «concertation accrue» tout comme il ne manquera pas de faire un clin d'œil aux «partenaires économiques et les médias». Sur le terrain, le prochain président de la FAF affiche ses ambitions avec une «restructuration totale de la commission d'arbitrage», qui au chapitre «éthique» (il a aussi mis en avant la lutte contre le dopage) lui paraît une priorité absolue. Comment y parvenir, Charafeddine Amara attend de voir avec ses collaborateurs du Bureau fédéral pour mettre fin aux dérives arbitrales qui ont constitué le plus gros des débats durant les précédents mandats. Si le chantier d'une «communication moderne avec création d'une TV FAF, rénovation du site et présence active sur les réseaux sociaux» a été déjà entamé par l'ancien président, deux axes du programme prévu par Kheireddine Zetchi seront relancés par Amara. Il s'agit du «Centre d'excellence de médecine de pathologies sportives» et la «création d'un cercle national des footballeurs» qui aura un statut de «fondation d'utilité publique». Un projet qui tient tant à cœur à Ali Fergani, président de l'Amicale des anciens internationaux de football, intégré dans l'équipe de Charafeddine Amara, avoir été éjecté de la composante du dernier BF de Mohamed Raouraoua. Dernier axe dans le projet du candidat-président «une activité dynamique à l'international avec une présence forte dans les instances régionales et internationales». Difficile pour ne pas dire impossible chantier à réaliser. D'abord, du fait que les boards des instances d'importance (CAF et Fifa) ont été fraîchement renouvelés. Mais aussi parce qu'un redéploiement du football algérien à l'échelle africaine passe par une implication accrue de nos chancelleries diplomatiques ou consulaires à travers le continent. Enfin, la «collaboration» des «réseaux dormants» de nos anciens délégués au niveau de la CAF et de la Fifa, lesquels réseaux n'ont pas «fonctionné» lorsque la FAF dirigée par Zetchi avait besoin de relais pour s'incruster dans les différentes commissions spécialisées ou exécutives des instances régionales et internationales. Enfin, dans sa lettre aux congressistes de la FAF, le nouveau président appelle à la «mobilisation de tous les moyens pour l'EN». Une priorité que Charafeddine Amara a préféré mettre à la fin de son message. Ce qui ne change en rien à la donne. Amara présidera la FAF et sa grande vitrine qui est la sélection A. Celle qui «a remonté le moral à tous les Algériens»... M. B.