Avec les prémices d'une troisième vague qui se confirment, les structures de santé se préparent déjà à recevoir plus de patients atteints du Covid-19. L'expérience acquise après une année de lutte contre le virus fait dire aux acteurs du système de santé qu'une reconfiguration s'impose. Plus question de pénaliser les malades porteurs d'autres pathologies. L'idée de créer des structures dédiées au Covid en dehors des structures de santé existantes fait son bonhomme de chemin. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La courbe des contaminations au Covid-19 s'emballe. La propagation des nouveaux variants fait planer le risque d'une flambée au plan épidémiologique. Les structures de santé qui ont réussi tant bien que mal à faire face aux précédents pics risquent à nouveau d'être submergées. Mais ce n'est pas la seule problématique que risque de poser une troisième vague. Elle interpelle sur la capacité du système de santé à tirer les leçons des situations déjà vécues et à s'adapter. Le Pr Rachid Belhadj, directeur des activités médicales et paramédicales au sein du CHU Mustapha, estime que c'est l'heure de la révision de la stratégie pour faire face à un virus qui est appelé à rester longtemps. Il explique en effet que « nous avons acquis une certaine expérience dans la gestion. On ne peut plus se permettre de négliger les urgences chirurgicales, le cancer, les maladies métaboliques qui décompensent. On ne va pas laisser des personnes ayant besoin de soins sillonner les wilayas à la recherche d'un lit d'hôpital. C'est inacceptable de ne pas pouvoir hospitaliser une victime d'un AVC ou ne pas pouvoir prendre en charge des patients en réanimation parce que tous les lits seront occupés par les patients Covid-19 ». Pour le professeur, il n'est pas question de refaire les mêmes erreurs. Que propose-t-il ? « Il faut gérer différemment la ressource humaine et les moyens matériels. Il faut une stratégie pour pouvoir prendre en charge et le Covid-19 et les autres pathologies .» Comment ? « Il faut maintenant dédier des structures construites en préfabriqué dans chaque wilaya avec des moyens humains et matériels et la possibilité d'exploration et d'hospitalisation tout en donnant au personnel qui sera appelé à gérer ces structures les moyens financiers et matériels. Il ne faut pas rester à tourner en cercle vicieux et à revenir aux postes aménagés. Même pour la prime de Covid-19, elle ne sera ainsi versée qu'aux personnes qui sont impliquées dans la gestion des services Covid-19. Nous sommes en guerre contre le virus, il faut le faire.» Le ministère de la Santé avait, au tout début de la pandémie, opté pour la stratégie «tout Covid» qui consiste à mobiliser tous les moyens humains et matériels des structures de santé dans la lutte contre le virus. Un choix qui a vite montré ses limites. Non seulement, un nombre important de services avaient cessé toute activité, pénalisant des malades chroniques nécessitant une prise en charge en continu mais avait également suscité une opposition de l'intérieur même des structures de santé. Ils étaient nombreux les chefs de service à avoir refusé tout simplement de s'impliquer dans la lutte contre le Covid 19. Des paramédicaux ou même des médecins toutes spécialités confondues avaient également protesté au moment de leur affectation au niveau des services Covid. Des situations qui pourraient être évitées avec une stratégie qui déterminera d'emblée les structures entièrement dédiées à la prise en charge des personnes contaminées au Covid-19 et qui gardera les autres services opérationnels pour ne pas retomber dans le désert médical auquel avaient été confrontés beaucoup de malades ne pouvant plus accéder aux soins. N. I.