Suscitées par la dramatique situation engendrée par la pandémie chez le troisième plus grand importateur mondial de pétrole (l'Inde), les craintes du marché n'ont pas empêché les prix de se maintenir et même de poursuivre leur remontée vers des niveaux que beaucoup voient d'ores et déjà d'un bon œil. Le retour annoncé de la demande de pétrole dans des proportions d'avant l'apparition du coronavirus est en train de se matérialiser par des niveaux de prix qui entretiennent de plus en plus l'idée d'un retour à la normale pour les pays producteurs et tous les intervenants sur le marché mondial de l'or noir. Ceci même s'il faudrait souligner que ce ne sont pas tous les pays producteurs qui verront poindre d'ici la fin de cette année les moments d'euphorie qu'induisent les prix forts du pétrole, des pays à l'instar de l'Algérie demeurent en effet encore loin du compte, les déficits structurels de l'économie étant trop importants pour qu'y remédie l'évolution à la hausse du prix du baril même s'il devait atteindre le «supercycle» promis par l'expert Christyan Malek, responsable du pétrole et du gaz de la banque JP Morgan. Ce dernier assurait, il y a quelques semaines, «nous pourrions voir le pétrole dépasser, voire plus, 100 dollars le baril» alors que Jeffrey Currie, l'autre pointure parmi les analystes officiant chez Goldman Sachs, jurait par tous les saints que le pétrole se négociera dans la fourchette de 80 dollars ou même plus cette année. Les pronostics sur un retour de la demande dans des proportions «respectables» sont en effet légion et beaucoup de ces perspectives tendent à affirmer que le niveau des prix qui pourrait être atteint en cette année 2021 a de quoi redonner des motifs de voir tout rentrer dans l'ordre, l'ordre d'avant la pandémie. Ainsi, à court terme, à l'exemple de Goldman, c'est plutôt le grand optimisme qui revient pour le pétrole. La banque américaine a déclaré, le mois dernier, qu'elle s'attendait à un fort rebond de la demande de pétrole au cours de l'été, notant que cela obligerait l'Opep à relâcher davantage ses contrôles de production et à ramener 2 millions de barils/jour supplémentaires au troisième trimestre, explique l'incontournable banque du système financier américain et international. La «régénération» de la demande que favorise le retour de la consommation par les machines économiques américaine et chinoise et la sortie progressive des confinements instaurés dans les économies d'Europe. En tous les cas, la demande mondiale de pétrole devrait rebondir d'ici la fin de l'année prochaine, la consommation devant augmenter par rapport aux niveaux actuels de 8 millions de barils par jour (bpj) d'ici la fin de 2022, selon le plus grand négociant pétrolier indépendant au monde, Groupe Vitol. La réouverture des économies et la demande asiatique devraient soutenir un fort rebond de la demande d'ici la fin de cette année et jusqu'en 2022, a déclaré Hardy. L'excédent de pétrole record de 1 milliard de barils amassé l'année dernière est déjà à plus de moitié épuisé, a déclaré le directeur du trader indépendant. Au rythme actuel des prélèvements de 2 millions de bpj, les stocks excédentaires de pétrole restants seront épuisés d'ici la fin du troisième trimestre de cette année, même avec l'augmentation prévue de la production de l'Opep + de 2 millions de bpj jusqu'en juillet, a déclaré Hardy qui voit l'Opep « continuer à être le gestionnaire du marché qui sera marqué par une demande en hausse». Quelques semaines donc et les douloureux souvenirs des longs mois d'incertitude seront balayés, et aux pays producteurs les plus «ingénieux» de se montrer plus habiles les uns que les autres pour s'accaparer des parts d'un marché en voie donc de renouer avec ses sacro-saintes règles fondamentales. Azedine Maktour