Rachad et le MAK ont été officiellement classés organisations terroristes par l'Algérie. L'annonce en a été faite hier en fin d'après-midi, à l'issue d'une réunion du Haut Conseil de sécurité (HCS). Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Cette décision paraît être l'aboutissement prévisible de tout un processus qui s'est enclenché plusieurs semaines auparavant. Les dirigeants algériens, dans toutes leurs composantes, ont focalisé, à cet effet, une bonne partie de leurs discours officiels sur une thématique récurrente et qui n'est autre que l'existence d'un danger ciblant le pays en général, et son institution militaire plus particulièrement. Des informations éparses, mais toutes liées par une ligne directrice, ont été également dévoilées au grand public dans l'objectif d'appuyer ces discours de preuves tangibles. Rachad, organisation islamiste véhiculant des thèses bien connues du FIS dissous (Front islamique du salut) sous des formes «modernisées», a fait l'objet de plusieurs enquêtes qui ont abouti à l'arrestation de certains de ses membres qui ont (selon un communiqué du tribunal de Bir-Mourad-Raïs) confirmé la nature du mouvement. La même source indiquait que ce mouvement avait pour objectif d'utiliser les manifestations populaires du vendredi à des fins sombres. Il en est de même pour le MAK (Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie). Le mouvement a fait l'objet d'une enquête qui a, elle aussi, abouti à des éléments ayant fait l'objet de communiqués officiels. Au mois d'avril dernier, le ministère de la Défense faisait état de l'arrestation de personnes «impliquées dans la planification d'attentats et d'actes criminels, lors des marches et des rassemblements populaires dans plusieurs régions du pays», et annonçait «la saisie d'armes de guerre et d'explosifs destinés à l'exécution de plans criminels». La même source évoquait également l'existence d'une «dangereuse conspiration ciblant le pays», en se basant sur les aveux de l'un des membres du groupe ciblé, à savoir le MAK, qui affirmait que cette organisation s'apprêtait «à perpétrer ces attentats pour exploiter, ensuite, les images dans leurs campagnes subversives et implorer l'intervention étrangère dans les affaires internes du pays». Il faut également rappeler que le Haut Conseil de sécurité (HCS) s'est penché à deux reprises différentes sur ces deux organisations. En avril dernier, à l'issue d'une réunion durant laquelle la situation sécuritaire prévalant dans le pays avait été passée en revue, Abdelmadjid Tebboune avait donné des instructions de mettre fin aux agissements de ces deux organisations. L'affaire a pris donc une nouvelle tournure depuis hier. La décision de les classer organisations terroristes pourrait amener à de nouveaux développements, puisque le communiqué publié hier fait état de nouvelles instructions du président de la République afin que «le traitement réservé à ces deux organisations soit conforme à leur nature terroriste». Elle pourrait également avoir des répercussions au niveau de l'étranger où se trouvent établis les principaux dirigeants de ces organisations. A. C.