Le programme de restriction de distribution de l'eau potable dans la capitale, pourtant démenti par le ministre des Ressources en eau, est maintenu et consolidé, au grand dam des abonnés de la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (Seaal). Pis encore, ce plan de coupures d'eau est aléatoire et anarchique. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Les Algérois ont renoué avec les coupures d'eau récurrentes. Depuis plusieurs jours, la quasi-totalité des quartiers de la capitale connaissent une perturbation de l'alimentation en eau potable. Une situation qui a ravivé les souvenirs des temps de disette des années 1980. Les scénarios des longues veillées à attendre que l'eau coule au robinet pour remplir jerricans, bassines et autres récipients hantent à nouveau les ménages. La célèbre chanson Dja l'ma, noudh t'aâmar (l'eau coule au robinet, lève-toi pour remplir» interprétée à cette époque par l'humoriste Salah Aougrout reflète parfaitement la galère des ménages durant les années de pénurie de cette ressource. Aujourd'hui, les Algérois surpris par des coupures intempestives d'eau potable n'arrivent plus à trouver le tempo d'une gestion hasardeuse. Même les agents du centre d'appel de la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (Seaal) ne savent plus comment justifier ces restrictions sauvages. Tantôt ils avancent des travaux de maintenance des stations de dessalement, tantôt ils évoquent la baisse de la pression. Imprégnée d'une opacité qui ne fait qu'accentuer les craintes des citoyens, la gestion de la rareté de l'eau semble échapper aux différents responsables du secteur. La Seaal, qui est très au fait de la disponibilité des ressources hydriques dans notre pays, ne sait plus où donner de la tête. Ses programmes sont rarement respectés, et ses communiqués ne durent que le temps que l'encre sèche. Elle avait justement annoncé dimanche 16 mai dernier, dans un communiqué publié sur sa page Facebook, un programme de rationalisation de l'eau potable qui prévoyait la distribution de l'eau entre 12 h et 20 h. Selon elle, la baisse de la pluviométrie enregistrée durant les trois dernières années a été à l'origine du déficit des quantités d'eau superficielle stockées dans les barrages. Seulement, en moins d'une heure, la Seaal s'est rétractée et a retiré son communiqué pour publier plus tard, le maintien du programme de distribution d'eau établi le 7 avril dernier. Le lendemain, le ministre des Ressources en eau en personne dément l'annonce de la Seaal et l'accuse de ne pas avoir avisé ses partenaires, l'Algérienne des eaux (ADE) et l'Office national d'assainissement (ONA). Il affirme à son tour que le programme mis en place pour le mois de Ramadhan reste en vigueur. Un déni de la situation réelle. Pourtant, les restrictions sauvages d'alimentation en eau ont repris de plus belle. Dans la capitale, les ménages n'arrivent plus à suivre la «politique» tracée par la Seaal et sa tutelle, le ministère des Ressources en eau. Ils ne sont informés ni sur les plages horaires de distribution de l'eau potable ni sur la durée des coupures dans le temps. Pris au dépourvu, les abonnés de la Seaal ne parviennent plus à gérer leurs réserves d'eau. Conséquence de la perte de crédibilité des organismes de gestion de l'eau, certains ménages ont carrément investi dans l'installation de citernes afin de faire face à la perturbation de la distribution d'eau et à une éventuelle rareté de cette ressource. Un segment de marché qui va sans doute exploser ces jours-ci. Ry. N.