Par Saïd B. Des milliards ont été investis dans les stations de dessalement ou les réseaux d'assainissement pour assurer l'alimentation en eau potable à l'ensemble des citoyens algériens. Mais, sur le terrain, on remarque, particulièrement depuis le début de ce mois d'été que les pénuries d'eau sont devenues légion et non pas seulement dans les grandes villes telle la capitale, mais dans plusieurs wilayas et localités du pays. C'est une situation intolérable durant cette période de chaleur où l'eau devient ce liquide tant recherché. Mais, le plus sidérant ce sont ces déclarations des responsables et à leur tête le ministre des Ressources en eau, Ali Hammam qui, a affirmé, qu'un plan d'action avait été élaboré en coordination avec le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, pour assurer l'approvisionnement quotidien en eau potable durant la saison estivale 2019. Et lorsqu'un ministre de la République ne tient pas sa promesse, cela veut dire qu'il faut bien revoir la gestion de ce secteur d'une manière plus rigoureuse et surtout plus responsable. Car, sur les terrains et non pas un seul, le constat est bien alarmant. L'eau se fait de plus en plus rare dans les robinets en cette période caniculaire dans plusieurs wilayas et localités du pays d'Est en Ouest et du Nord au Sud. Les habitants de nombreuses communes passent, pour le moment, l'été sans une seule goutte d'eau. Cette situation a naturellement irrité les populations des communes des différentes wilayas pour exprimer leur colère en bloquant la route au moyen de pneus, obligeant les automobilistes à faire de longs détours pour rejoindre les chefs-lieux de wilaya. Le problème persiste et on se sent vivre les années 80 et 90 où on voyait les citoyens errer dans les rues et ruelles à la recherche de la moindre goutte d'eau, ne serait-ce que pour subvenir aux besoins les plus pressants. Et puis, aujourd'hui, avec la canicule, il est bel et bien " élémentaire "de savoir ce qu'encourent les citoyens, sans eau, sur le plan sanitaire. Le risque élevé des maladies dont le choléra est bien là. Il y a urgence. Tous les responsables quel que soit leur rang ou niveau de responsabilité sont donc interpellés pour remplir leur mission pour laquelle ils sont rémunérés.
Des exemples édifiants Pour bien illustrer ces états de fait, voici quelques exemples des pénuries d'eau qui ont persisté et qui persistent à travers différentes wilayas du pays. Pas plus tard qu'avant-hier, des citoyens du village d'Ait Boumahdi ont protesté devant le siège de l'unité de l'Algérienne des eaux (ADE) et de la daïra de Ouacifs, dont dépend administrativement la commune d'Ait Boumahdi, pour demander l'amélioration de l'alimentation en eau potable. Les protestataires ont déploré des "perturbations anarchiques" et des "coupures récurrentes" dans l'alimentation en eau potable de leur village, situation qui est principalement causée par la "vétusté du réseau d'AEP et un manque de mobilisation de la ressource puisque l'eau ne manque pas dans la région", ont-il souligné. Contacté par l'APS, le président de l'Assemblée populaire communale (APC) d'Ait Boumahdi, Zerar Saadi, a indiqué que la perturbation de l'alimentation en eau potable de cette localité est "un problème épineux qui se pose avec plus d'acuité en été". "Ait Boumahdi qui est le village du chef-lieu et le plus grand de cette localité, a connu une extension et le nombre de ses habitants a augmenté alors que le renforcement de l'alimentation en eau potable n'a pas suivi", a-t-il regretté. La semaine passée, la localité de Djebli Ahmed à Hamma Bouziane (Constantine) abritant environ 200 familles, est sortie une nouvelle fois de l'anonymat, lorsque les habitants de ce lieu perdu ont fermé pour la énième fois la RN27 à hauteur du lieudit "El Kantouli", en signe de protestation contre les perturbations persistantes dans l'alimentation en eau potable que connaît leur quartier. Les résidents, qui disent avoir été contraints d'user de moyens extrêmes, à savoir fermer la RN27 à la circulation à plusieurs reprises pour se faire entendre, déplorent que le problème crucial de l'alimentation en eau potable, qui a toujours hanté leur quotidien, principalement en été, n'ait toujours pas été résolu, en dépit des promesses des autorités locales d'un règlement définitif du problème. Un habitant témoigne en indiquant : "Voilà près d'une semaine que nous n'avons pas reçu une seule goutte d'eau. Nous sommes à bout. Chaque été c'est la même rengaine. L'alimentation en eau est rationnée dans notre quartier ou carrément suspendue durant des jours sans le moindre préavis". Soulignons que ces coupures d'eau ne concernent pas uniquement la localité de Djebli Ahmed. Des perturbations dans l'alimentation en eau, sont en effet signalées dans différents quartiers et communes de la wilaya. Des coupures dues, selon les services de la Seaco, à des travaux d'entretien en cours sur la station de pompage 2 de Hamma Bouziane, ainsi qu'à l'insuffisance d'eau dans les réservoirs. D'autre part, à l'Est, l'eau se fait de plus en plus rare dans les robinets en cette période caniculaire dans la wilaya d'El-Tarf. En effet, les habitants de nombreuses communes de la wilaya d'El-Tarf ont passé une fête de l'Aïd sans une seule goutte d'eau. Cette situation a naturellement irrité les populations des communes de la région. Certains habitants ont exprimé leur colère en bloquant la route au moyen de pneus, obligeant les automobilistes à faire de longs détours pour rejoindre Annaba. Des délégués de cette population s'en sont plaints auprès des élus, mais n'ont pas reçu d'explications convaincantes de la part de ces derniers, regrette-t-on. Selon ces mêmes habitants, certains quartiers de la commune de Zitouna, par exemple, n'auraient pas été approvisionnés depuis une dizaine, voire une quinzaine de jours, ce qui les a placés dans une situation de détresse extrême. Des notables affirment pour leur part que la pénurie d'eau s'est installée depuis le début de la saison estivale et que les nombreuses plaintes adressées aux élus sont restées lettre morte. "Pourtant la wilaya d'El-Tarf est bien lotie en matière d'AEP, elle dispose même de trois barrages fonctionnels, l'un à Chiffa, et les deux autres à Bougous. Un quatrième ouvrage est en voie de réalisation à Boulatene, dans la commune de Bouteldja", relèvent des habitants de cette localité fustigeant les responsables des directions de l'hydraulique et de l'Algérienne des eaux. Par ailleurs, il y a une semaine également, une pénurie d'eau potable est signalée par des habitants de Thénia et Naciria, à Boumerdès. Les habitants du village de Talamali au sud de la ville de Thénia ont fermé, la route principale reliant leur village au chef-lieu. Ils réclament le règlement définitif de ce problème qui persiste depuis longtemps. " Nous souffrons de cette situation depuis des années, en particulier durant les périodes de grandes chaleurs ", se plaignent les manifestants qui dénoncent le laxisme des responsables concernés quant à la prise en charge de cette principale revendication pourtant exprimée à maintes fois. D'autre part, dans la région ouest d'Alger, à Blida ou encore en Kabylie, les perturbations dans l'alimentation en eau potable commencent sérieusement à peser sur le quotidien des habitants. A Boumerdès, les villageois ont carrément investi la rue pour manifester leur colère quant à l'absence de commodités, dont essentiellement le manque d'eau. A Tizi Ouzou, les habitants réclament une meilleure alimentation en cette denrée essentielle en pareille période de chaleur. Ce sont les villageois qui sont les plus touchés par la rareté de l'eau. Les perturbations se font plus récurrentes. Ceci sans compter le faible débit d'eau, privant ainsi les habitants des étages supérieurs des immeubles de cette ressource. Du côté ouest de la capitale et du pays, la stupéfaction est totale avec les responsables des services des eaux en particulier en ce début d'été avec la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (SEAAL) et celle d'Oran, qui ont laissé les citoyens sans ce liquide précieux durant, non pas des jours, mais des semaines. Et pourtant l'une comme l'autre société ont pondu des communiqués indiquant le début des travaux ainsi que les dates pour le retour à la normale. Seulement, c'est plutôt la " situation anormale " qu'endurent ces malheureux citoyens qui ne savent où donner de la tête. En effet, la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (SEAAL) avait annoncé dans un communiqué que l'alimentation en eau potable sera suspendue, du mercredi 26 juin à 01h30, au jeudi 27 juin à 01h30, dans la wilaya de Tipasa. Or, depuis, les communes de la wilaya de Tipaza (Koléa, Fouka, Douaouda, Chaïba, Bou Ismaïl et Khemisti), ainsi que les communes de la chaîne côtière d'Alger-Ouest, à savoir Mahelma, Zéralda,Staouéli et Aïn Benian sont privées d'eau, jusqu'à ce jour. Le rétablissement de l'alimentation en eau potable prévu selon un calendrier échelonné suivant : le 27 juin, puis le 4, le 11 ou le 14 juillet. Mais, point d'eau jusqu'à ce jour ! Du côté de la SEOR, la coupure prolongée de l'approvisionnement en eau potable en pleine canicule à Oran et ses périphéries dure depuis mardi 9 juillet en cours. Cette coupure annoncée pour " 30 heures "par les services de la SEOR, dure depuis plus de 100 heures, soit près de 05 jours. Les responsables de la SEOR ont déclaré que la coupure en question a pour cause une fuite sur la conduite du MAO et que la réparation ne durera pas plus de 30 heures. D'autres sources rapportent que la conduite réparée a encore une fois lâché. Or, il se trouve que les robinets des foyers sont toujours à sec. Une situation qui a fait réagir la population qui a exprimé son indignation face à l'indifférence des responsables.
Des témoignages accablants A Alger, par exemple, capitale du pays, renseignement pris en téléphonant au fameux numéro du centre d'appel de la SEAAL le 1594, la réponse est toute trouvée : " L'eau coulera dans les robinets dès que les travaux seront terminés ". Mais, la grande problématique c'est que la personne qui annonce cela ne précise aucune date entretenant délibérément le vague. " Moi, s'exclame un citoyen de Staoueli (Alger-Ouest), je demande au DG de la SEAL ou encore mieux au Ministre du secteur de tenter lui-même d'appeler ce numéro d'appel 1594 et se présenter comme simple citoyen de Staouéli et qu'il entende bien la réponse de la SEAL pour réaliser toute la défaillance quant à prendre très au sérieux et répondre " positivement " avec un sens de responsabilité aux abonnés qui méritent le respect. Depuis le début des travaux donc aussi bien du côté ouest du pays que du côté également ouest de la capitale, le retour de cette précieuse eau n'a toujours pas eu lieu, malgré cette période de canicule enregistrée ces derniers temps. Et les citoyens ne savent plus à quel saint se vouer se trouvant bel et bien abandonnés. A Oran et sa périphérie, la coupure prolongée de l'approvisionnement en eau potable en pleine canicule dure depuis mardi dernier 9 juillet en cours mettant ainsi à nu les défaillances de gestion du secteur de l'eau qui a, pourtant englouti des milliards de dinars. Les habitants d'Oran et de ses périphéries immédiates et reculées ont été livrés, malheureusement, à eux-mêmes. Ni souplesse dans la distribution, ni compensation des déficits, ni programme de citernage. A quoi a servi l'investissement de milliards de dinars, dans ce secteur ? Et le comble c'est que le sort d'une grande partie de la wilaya dépend, finalement, d'une conduite d'eau. Le numéro vert 3002, ne sert à rien puisque les standardistes ne décrochent presque jamais et sont aux abonnés absents. Un abonné témoigne que "nous sommes sans eau depuis 5 jours à Arzew". Dans certaines localités, à l'exemple d'Aïn El Turck, une coupure d'eau perdure, selon des abonnés, depuis 8 jours. "C'est trop, on souffre sans eau depuis plusieurs jours", s'insurge cet autre abonné. La gestion de la communication dans cette coupure peut aussi être qualifiée de catastrophique. Certes, la SEOR a établi un communiqué pour annoncer une coupure de 30 heures, à partir du mardi 9 juillet en cours, mais le délai a été largement dépassé et aucune information n'a été communiquée, entre-temps, d'une manière officielle par cette société pour rassurer les abonnés. Ces cas répétitifs dans plusieurs localités à travers le territoire national ne semblent vraiment pas gêner les responsables concernés. Il est donc bien temps d' " épurer " ce secteur des mauvais gestionnaires pour qu'enfin cette si importante source de vie soit assurée pour l'ensemble des citoyens et surtout que les responsables concernés tiennent vraiment leur promesse à commencer par le ministre du secteur lui-même…