S'il avait été accueilli avec satisfaction, le décret fixant les conditions et modalités d'exploitation, le fonctionnement et l'organisation des activités de santé des établissements privés de santé suscite néanmoins des réserves. Les pharmaciens demandent à ce que leurs prérogatives soient mieux clarifiées pour éviter de devenir une « simple caution administrative ». L'Association nationale des pharmaciens algériens a d'ailleurs saisi le ministère de la Santé. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La promulgation du décret exécutif fixant les conditions et modalités d'exploitation, le fonctionnement et l'organisation des activités des établissements privés de santé était attendue par beaucoup d'acteurs du système de santé. Quelques-unes de ses dispositions ont interpellé, néanmoins, les pharmaciens concernés par l'article 32 qui stipule que «l'établissement hospitalier privé doit disposer d'une pharmacie hospitalière gérée par un pharmacien. L'Association nationale des pharmaciens algériens (Anpha) a d'ailleurs adressé un courrier au ministère de la Santé, dans lequel elle affirme qu'« après lecture approfondie, et suite à des ateliers de travail en interne avec nos adhérents exerçant au sein des établissements hospitaliers privés», plusieurs constats avaient été établis. En premier lieu, l'Anpha note «l'absence des conditions d'exercice du pharmacien et son statut au sein d'un établissement de santé privé ; l'absence des définitions de l'effectif pharmaceutique, des pharmaciens assistants, ainsi que le régime de travail et le type de relation entre le pharmacien et son employeur». Ce que reproche ladite association au texte, c'est «l'absence de détails concernant les modalités de fonctionnement de la pharmacie, les missions du pharmacien et ses responsabilités légales ». Et pour cause, la circulaire fixant les prérogatives du pharmacien et datant de 2005 n'est relative qu'à la gestion des produits pharmaceutiques dans les établissements de santé publics. Aucun autre texte ne détaille cette gestion au sein des pharmacies hospitalières privées. L'association s'étonne de ce manquement, d'autant que « l'article 49 soumet ces établissements au contrôle des services compétents relevant du ministère chargé de la Santé, sur la bonne gestion des produits pharmaceutiques ». Et que «l'article 37 qui énumère les missions du directeur technique de l'établissement stipule que ce dernier doit veiller à la disponibilité des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux, alors que cette mission devrait relever du pharmacien», note encore l'Anpha qui ajoute que «l'article 39 à son tour parle du changement du personnel qui nécessite une simple notification adressée à la Direction de wilaya chargée de la santé, sans aucune exigence réglementaire qui protège le pharmacien dans son exercice ! Choses qui peuvent impacter négativement l'indépendance technique du pharmacien décrétée dans les articles 119 et 120 du code de déontologie». Dans son courrier, l'association estime qu'« afin d'éviter certaines pratiques déjà rencontrées et signalées par nos confrères depuis la publication du décret relatif à la gestion des psychotropes, et pour ne pas transformer le recours aux pharmaciens dans les pharmacies hospitalières d'établissement privé de santé en simple caution administrative», il était nécessaire de «compléter ce décret afin de veiller à la bonne insertion de l'effectif pharmaceutique au sein des établissements de santé privés». Une doléance au sujet de laquelle la tutelle ne s'est pas encore prononcée. N. I.