Le Hashtag «Sauvez_la_ pharmacie» inonde depuis plusieurs jours les réseaux sociaux algériens. Cette campagne a été lancée par les pharmaciens au chômage. Elle a connu à l'occasion de la célébration de la Journée internationale des travailleurs un grand succès sur Twitter et Facebook. Les initiateurs de cette dernière sont des doctorants qui tentent d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur le taux de chômage dans leur secteur. Les protestataires dénoncent leur marginalisation en termes de chance de travail. Ils incitent la tutelle à trouver des solutions «justes» à leurs problèmes.«On recrute des vendeurs formés pendant 6 mois par une école privée, au lieu d'un pharmacien formé pendant 6 ans», a expliqué un jeune homme fraîchement diplômé approché par L'Expression. Notre interlocuteur ajoute qu'«on préfère faire travailler les mêmes pour avoir à les rémunérer modestement». L'anarchie qui règne dans le secteur est le gros souci soulevé dans cette campagne des pharmaciens. Les doctorants en pharmacie revendiquent pour les pharmacies d'officine de recruter les diplômés. Ils réclament l'embauche d'au moins un pharmacien dans chaque service au niveau des Chu pour leur permettre d'exercer la pharmacie clinique et la formation en continu. Le lancement mardi dernier par la direction de la formation du ministère de la Santé, d'une session qualifiante dans des écoles privées de formation paramédicale afin de qualifier des aides-soignants en aides-préparateurs en pharmacie d'officine est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. L'Association nationale des pharmaciens algériens (Anpha), n'a pas tardé à réagir, en appelant à la réorganisation de la profession. L'association s'est dite «surprise par la décision de la tutelle. «Il n'est pas possible de créer de tels statuts ou formations... Jusqu'à présent, il n'y a rien qui définit les différents statuts et sépare les responsabilités, ainsi que les qualifications scientifiques et techniques pour chaque statut et emploi», a déploré l'Anpha. «Les évolutions qu'a connurd le secteur pharmaceutique nécessitent une réforme totale de la formation pédagogique de tous les praticiens de la santé sans exception et en particulier celle du pharmacien, donc tout projet de formation doit se baser sur les qualifications et les compétences recherchées», a-t-on pu lire dans le dernier communiqué de l'Anpha. L'association a également évoqué le dossier de l'emploi et les chances des diplômés en pharmacie dans les pharmacies privées et les conditions de leur exercice. Une nécessité, en raison de «l'augmentation mal étudiée du nombre de diplômés et du besoin de 12000 officines du personnel qualifié», a souligné le même document. Les pharmaciens diplômés réclament la révision du nombre de places pédagogiques au sein des facultés de pharmacie en fonction des besoins du marché du travail. Les protestataires dénoncent aussi ce qu'ils ont qualifié de blocage des agréments d'ouverture d'officine. Les pharmaciens chômeurs souhaitent également trouver des postes dans les usines de médicaments, les laboratoires des compléments alimentaires et autres produits cosmétiques.