Tout ou presque indique que le marché pétrolier mondial se dirige vers une normalisation par la demande d'ici la fin de l'année. Toutefois, la condition que l'Opep+ ne se mette pas à rouvrir les vannes de façon inconsidérée s'impose. Si l'on croit certaines analyses, il est à s'attendre que lors de la réunion mensuelle prévue pour la fin de la semaine prochaine, l'Opep+ privilégie de nouveau la prudence. La tournure prise par la pandémie, avec l'accélération des campagnes de vaccination, et le retour progressif de l'activité ont commandé aux 23 membres de l'alliance Opep+ de rouvrir «timidement» les vannes depuis le début de ce finissant mois, au moment où l'Inde, le troisième plus gros importateur de pétrole, faisait face à un horrible rebondissement des contaminations. Depuis le 1er mai donc, la production du groupe Opep+ a augmenté de 350 000 barils/jour et ce, jusqu'à la fin juin, pour, ensuite, ajouter 100 000 barils/jour pour atteindre les 450 000 en juillet, afin de ne pas sortir de la ligne de conduite qu'ils se sont imposée dans la perspective de parvenir à l'équilibre du marché, d'autant que les stocks de pétrole constitués durant la période où les prix étaient au plus bas se sont mis à s'amenuiser de façon spectaculaire. Une analyse de la conjoncture que partage la banque britannique Barclays, qui s'attend à ce que «un retour du pétrole iranien pourrait conduire l'Opep+ à ralentir le rythme de l'assouplissement des réductions pour éviter que les prix du pétrole ne chutent trop», selon une analyse publiée vendredi. Mais, malgré ce retour du grand producteur qu'est l'Iran, et la résurgence des contaminations en Asie, la demande mondiale de pétrole repart et les stocks devraient retrouver leurs niveaux normaux au cours des deux à trois prochains mois. C'est ce que pronostiquent les analystes de Barclays dans leur analyse de la conjoncture relative au marché pétrolier. «La demande mondiale de pétrole se redresse avec la réouverture des principales économies dans un contexte d'approvisionnement prudent de la part de l'Opep+ et de restrictions dans le schiste américain», constate la banque britannique dont les perspectives à court terme établies par ses analystes annoncent que le marché mondial accusera un déficit d'environ 1,5 million de barils par jour (b/j) au second semestre de cette année. «Les restrictions de mobilité étendues dans la région (Asie) pourraient ralentir quelque peu la reprise de la demande, mais il semble peu probable qu'elle la bloque pendant une période prolongée, eu égard aux résultats largement positifs des programmes de vaccination dans le monde entier», expliquent les analystes de Barclays. Ainsi, les prédictions à court terme de Barclays rejoignent celles émises par presque tous les analystes de partout, à l'exemple de ceux de la banque Goldman Sachs qui déclaraient déjà au tout début de l'année qu'ils s'attendaient à un fort rebond de la demande de pétrole au cours de l'été, et prédisent un prix moyen de 65 dollars pour le baril de Brent, soit 1 dollar de moins en moyenne que ce qu'attend Barclays dans sa note publiée vendredi dernier. Un prix moyen moins «stressant» pour de nombreux pays producteurs, à l'instar de l'Algérie qui se prépare à faire entrer en vigueur une loi de finances complémentaire d'où ressortent clairement les «méfaits» des prix bas du baril de Brent sur les équilibres budgétaires et financiers. Un projet de loi de finances complémentaire établi, doit-on le rappeler, sur la base d'un prix fiscal du baril de Brent à 40 dollars et 45 dollars le baril pour le prix du marché. Il reste à savoir si l'Algérie saura tirer profit de ces perspectives à la hausse et de la demande et de la moyenne des prix. L'Algérie qui a vu le prix de son baril de Sahara Blend perdre en moyenne 1,75 dollar en avril dernier, passant d'une moyenne mensuelle de 65,76 dollars en mars à 64,01 dollars le baril en avril, alors que la production nationale de pétrole a enregistré une baisse de 3 000 barils par jour, en passant de 870 000 en mars à 867 000 en avril. Azedine Maktour