Le marché pétrolier doit s'accommoder de la morosité économique et de l'augmentation de la production provenant des hors-Opep. n Les prix du pétrole finissent l'année à des niveaux inédits depuis le mois de septembre. Les prix ont profité de l'annonce d'une avancée considérable vers un accord entre les Etats-Unis et la Chine après plusieurs mois de guerre commerciale. Le scénario qui se dessine encourage les perspectives d'une demande plus soutenue à moyen terme. En effet, la faiblesse de la demande, alimentée par le différend commercial entre les Etats-Unis et la Chine et les craintes d'une récession économique mondiale, jouera un rôle majeur dans l'évolution des prix du pétrole au premier semestre 2020. Un règlement de ce conflit pourrait entraîner une accélération de la croissance économique mondiale, et donc de la demande de pétrole brut. Mais est-ce suffisant pour envisager une courbe ascendante des prix ? La question mérite d'être posée d'autant que cette hausse de l'or noir est freinée par la perspective d'un nouvel excès de l'offre en 2020, lié notamment à la hausse de la production pétrolière aux Etats-Unis. Dans son rapport mensuel de décembre, l'Opep a prévu un léger déficit sur le marché pétrolier l'année prochaine en raison des restrictions imposées par l'Arabie Saoudite avant même que le dernier pacte d'approvisionnement avec d'autres producteurs n'entre en vigueur, suggérant un marché plus serré qu'on ne le pensait auparavant. Selon l'Opep, la demande de son brut s'élèvera en moyenne à 29,58 millions de barils par jour (b/j) l'année prochaine. Le rapport s'éloigne ainsi de sa projection initiale d'une surabondance de l'offre en 2020, car l'offre provenant de producteurs rivaux tels que les Etats-Unis a augmenté plus lentement que prévu. Ces prévisions de l'Opep qui plaide pour une stabilité des prix contraste, cependant, avec les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui, dans un rapport publié le 11 décembre, a fait état de pressions futures sur les prix du pétrole, prévoyant une forte augmentation des stocks mondiaux malgré l'accord de l'Opep et de ses alliés pour approfondir les réductions de production ainsi que le ralentissement de la production américaine. L'AIE a précisé qu'"en dépit de ces réductions supplémentaires et d'une baisse à 2,1 millions de barils par jour de nos prévisions sur la croissance de la production des pays hors Opep en 2020, les stocks mondiaux de pétrole pourraient s'accroître de 700 000 b/j au premier trimestre 2020". L'Opep et ses partenaires non membres ont convenu de réduire leurs quotas collectifs de production de pétrole de 500 000 b/j pour le premier trimestre de 2020. Sur le papier, ces baisses de production semblent conséquentes. L'Arabie Saoudite s'est même engagée à procéder à des réductions volontaires supplémentaires pour inciter les producteurs de l'Opep et de l'Opep+ à respecter les réductions qui leur avaient été demandées. Suite à cette décision de l'Opep, Goldman Sachs a relevé ses perspectives de prix du pétrole en 2020 à 63 dollars le baril pour le Brent. Il s'agit d'une augmentation de 3 dollars le baril qui reflète l'hypothèse selon laquelle l'Opep et l'Opep+ respecteront pleinement leurs nouvelles promesses. Pour sa part, la banque d'investissement JP Morgan a révisé ses prévisions de prix du Brent à 64,5 dollars le baril en 2020, contre 59 dollars plus tôt, bien qu'elle s'attende à ce que les prix glissent à 61,50 $ en 2021. Reste à savoir si les ajustements de l'offre de l'Opep et de l'Opep+ peuvent avoir un impact réel sur le marché. Combien même l'Opep et ses alliées vont réduire leur production, cela n'empêchera pas la production de croître dans le reste du monde. Les analystes estiment que la production des Etats-Unis, du Brésil et de la Norvège devrait augmenter en 2020.