Le projet de loi relatif à la création des zones franches sera bientôt présenté par le ministre du Commerce. Il permettra la création de ces zones dont le but est de favoriser les échanges, notamment avec l'Afrique. L'Algérie avait pourtant longtemps tergiversé au sujet de leurs créations. La zone franche de Bellara en est le parfait exemple. L'annonce faite par le ministre du Commerce est tièdement accueillie par le président de l'Association nationale des exportateurs algériens pour lesquels l'encouragement des exportations vers les pays africains devrait plutôt passer par des zones sous douane. Nawal Imés - Alger (Le Soir) - Les textes devant permettre la création et la gestion des zones franches seront bientôt présentés au gouvernement, selon les dires du ministre du Commerce. Leurs créations «permettront d'augmenter les exportations algériennes vers l'Afrique». Une annonce qui n'a pas suscité beaucoup d'enthousiasme chez le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal). Ali Bey Naceri estime que «les zones franches sont des zones extraterritoriales, c'est-à-dire hors territoire douanier du pays. Elles ont leurs avantages et leurs inconvénients du point de vue export, mais si on examine les zones franches de certains pays, elles permettent déjà d'attirer des investissements destinés à l'exportation. Dans le meilleur des cas, c'est qu'elle soit dans un endroit portuaire pour bien exploiter la situation géostratégique du pays. On doit surtout pouvoir y travailler en étant libre de tout obstacle administratif et de toute réglementation nationale. Sommes-nous prêts à le faire ? C'est un autre débat». Le président de l'Anexal ajoute qu'«une zone d'exportation a ses critères et ses conditions, parce que normalement, il n'y a pas de réglementation douanière qui s'applique. Sommes-nous prêts à le faire ?». Le président de l'Anexal explique que son association avait déjà fait des propositions pouvant permettre d'encourager les exportations sans être bureaucratiques. «C'est pour cette raison que nous, on privilégie les zones sous douanes parce qu'elles sont plus flexibles. Leur gestion est plus souple qu'une zone franche. Elles permettent également de contourner les contraintes liées aux préférences tarifaires», dit-il, mettant le doigt sur une autre difficulté, à savoir la législation des changes. «Il ne faut pas oublier que nous avons une législation des changes très rigide. Est-ce qu'elle va prendre en charge la spécificité de la zone franche ? Il faut savoir que la réglementation des changes ne s'applique pas dans les zones franches. Sommes-nous prêts à l'accepter ? Est-on prêts à envisager une zone franche sans aucune formalité bancaire ?». Pour toutes ces raisons, Ali Bey Naceri estime qu'«une zone sous douane permet aux entreprises qui ont une capacité d'exporter de s'y installer, d'avoir un guichet unique pour le paiement.Les Africains viennent avec leur transport, achètent et repartent, mais cela nécessite la mise en place de moyens de paiement. J'avais en 2015 déjà proposé l'idée des platesformes d'exportation car cela est plus adapté aux modèles de consommation et d'achat des pays africains : ils font des mésoachats, ils n'achètent pas de gros volumes». Le projet de créer des zones franches en Algérie date de 2003, date à laquelle avait été approuvée une ordonnance présidentielle qui définissait les conditions de création des zones franches avant que cette même ordonnance ne soit abrogée en juin 2006. L'intention de créer des zones franches remonte à un peu plus loin, puisqu'en 1993 déjà, la loi de finances évoquait cette disposition et qu'un décret législatif consacré à «la promotion de l'investissement» définissait les avantages accordés aux projets réalisés dans des «zones spécifiques». La première zone franche en Algérie, prévue à Bellara, n'aura finalement pas connu l'essor escompté. N. I.