L'état doit ôter l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des exportateurs. Les opérateurs économiques demeurent encore assoiffés de mesures d'encouragement pour l'exportation. Des décisions ont été prises dans ce sens, mais cela reste insuffisant. L'Etat doit ôter l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des exportateurs. Le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, estime que le gouvernement doit consolider le noyau composé de 722 exportateurs qui réalisent des opérations dans certaines filières depuis quelques années déjà. "Nous sollicitons une réactivité de la part des pouvoirs publics et nous souhaitons davantage de mesures de facilitations à l'export", indique M. Nasri. Ce qui chagrine le plus le président de l'Anexal est l'obsolescence de la réglementation des changes qui, soutient-il, a besoin d'une mise à niveau à même de l'adapter aux standards internationaux. Des entreprises sont, selon lui, en train d'acquérir des marchés à l'international mais "on ne sait pas encore faire". Les instruments liés au financement à l'étranger et la réglementation qui régit l'investissement à l'international "brident" les investisseurs, déplore-t-il. "Il faut libérer l'exportateur algérien", a déclaré M. Nasri lors de son passage hier sur les ondes de la radio Chaîne III. Le premier responsable de cette organisation avoue qu'une stratégie d'ensemble avec une coordination étroite entre tous les intervenants dans l'acte d'exporter est indispensable. L'Algérie a besoin de ce qu'il appelle "outil de pilotage du commerce extérieur". Interrogé sur l'adoption par l'APN du code des douanes, l'invité de la Chaîne III répond : "Pour la première fois depuis l'Indépendance, notre pays aura une visibilité précise sur ses échanges commerciaux." Le tarif douanier est passé de 6 000 DA à 15 940 DA sous-positions tarifaires qui représentent, affirme Ali Bey Nasri, un "outil de connaissance de nos importations et de nos exportations". Ce qui permet aux pouvoirs publics de "cibler les facilitations et les avantages qu'il veulent accorder pour un produit particulier", ajoute-t-il. Par ailleurs, l'Afrique peut servir de tremplin, relève-t-il, pour booster davantage les exportations hors hydrocarbures. Il propose, pour cela, l'ouverture des frontières avec le Niger et la création d'une zone franche à Tamanrasset qui attirera tous les pays voisins, tels que le Nigeria, le Tchad, le Burkina Faso... et créera une demande d'autant plus importante que cette partie du Sud algérien arrange le modèle d'achat de ces pays. L'Algérie a exporté pour un montant de 83 millions de dollars vers le continent africain. De ce total, près de 70 millions sont des produits issus des hydrocarbures et environ 13 millions sont hors hydrocarbures (manufacturés, agricoles et industriels...). C'est insignifiant, souligne M. Nasri, comparé à notre voisin de l'Ouest qui a exporté pour 1,2 milliard de dollars vers cette région. Son principal client est le Mali qui est notre voisin, tient-il à préciser. "Nous devons conquérir ces marchés car si nous ne le faisons pas aujourd'hui, d'autres le feront à notre place, et cela sera trop tard par la suite", avertit-il. Les champions algériens de l'export, qui ont jusque-là fait leurs preuves, peuvent constituer une référence par le biais de laquelle sera élaborée une véritable stratégie à l'export. Il suffit, suggère M. Nasri, de les approcher, de connaître leurs problèmes et d'écouter leurs doléances pour que soit configurée la politique d'exportation de demain. Celle-ci doit être efficiente et mise en œuvre par filières afin de pouvoir combler le déficit commercial, évalué à environ 17 milliards de dollars vers la fin de l'exercice 2016. Ali Bey Nasri pense que les exportations hors hydrocarbures atteindraient près de 2,3 milliards de dollars en 2016, un volume qui égalerait celui réalisé en 2014. Une chose est certaine, l'augmentation du nombre d'exportateurs de 500 à 722 a contribué à élargir la gamme des produits exportés, parmi lesquels M. Nasri cite les équipements électroménagers, les câbleries électriques et les téléphones mobiles. Le délai de rapatriement des dividendes issus des exportations, étendu de 180 à 360 jours, a été également salué par le président de l'Anexal. "C'était l'une des attentes des exportateurs", reconnaît-il. B. K.